Le «Zouk», la fille aînée du «Konpa direk»?

3692

MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – «Le Zouk n’est pas une musique en soi», mais plutôt «une variété musicale née du Konpa direk, qui est, de son côté, la résultante d’un savoureux mélange de rythmes légués aux Haïtiens suite au brassage culturel ou au frottement de ces derniers avec les différentes populations ayant vécu sur l’île, dont les Indiens, les Africains, les Français», a défini le musicologue, fin connaisseur des courants ayant marqué la musique haïtienne de ses origines à nos jours, Mario de Volcy.

À l’origine de plusieurs dérivés musicaux

C’est le rythme musical, inventé il y a plus d’un demi-siècle par l’Haïtien Nemours Jean-Baptiste, en l’occurrence, «le konpa, qui est une musique à part entière ou un genre musical typique», a statué le spécialiste qui balaye d’un revers de main tout doute à ce sujet en affirmant que « le konpa direk est la racine de tous ces dérivés musicaux, dont le Zouk, la Kizomba, le Merengue de la République Dominicaine, et plusieurs autres.»

Démystifiant les origines du Zouk, l’archiviste a d’abord mis l’accent sur «le nombre». Il recadre les révisionnistes en rappelant qu’il n’y a qu’«un seul orchestre Zouk au monde, à savoir le groupe Kassav’». Le batteur de Bossa Combo a, ensuite, expliqué que le style revendiqué par Jacob Desvarieux et consorts n’est qu’«un mouvement conçu à partir d’une musique ou d’une souche qui est le Konpa direk».

Chacun joue son konpa direk!

Pour illustrer ses dires, de Volcy a insisté sur l’appropriation locale du Konpa direk, au fil des décennies, par les artistes et groupes haïtiens eux-mêmes. S’il a mis l’index sur le génotype musical peu diversifié ou encore la stérilité apparente du Zouk, le spécialiste s’est appesanti, en revanche, sur le vaste répertoire, les multiples déclinaisons du konpa, un rythme qui, dès son invention, a-t-il insisté, a été doublé d’une danse personnalisée.

«Chacun joue son konpa direk. Qu’il s’agisse de Koupé Kloué, de Tropicana, de Septentrional, de Klass, de Tabou Combo, d’Harmonik, de 5 lan, de J Beats ou autres, ils suivent tous les influences de leur moment et perpétuent l’héritage!», a comparé Mario de Volcy qui, pour souligner la richesse évolutive du konpa, a juré que «si Nemours vivait aujourd’hui, il jouerait probablement à l’instar d’Harmonik ou comme Klass le fait présentement».

Le konpa n’est pas cérébral, mais un feeling

Pour avoir été les premiers à l’inventer dans les Caraïbes et en Amérique, les Haïtiens demeurent les dépositaires de cette musique et de cette danse qui, avant 1955, n’existaient nulle part au monde, a renchéri de Volcy qui a aussi signalé que le konpa, qui fait courir les foules en Haïti, dans la diaspora, dans les Antilles françaises, voire en Afrique, n’est pas une «une musique cérébrale», mais plutôt «essentiellement festive».

Le musicologue a, dans la même veine, refusé d’associer un instrument en particulier à la signalétique identitaire du konpa. À en croire Mario de Volcy, «le konpa direk est un swing au même titre que le jazz. Personne ne peut dire que la batterie, la guitare, sont des instruments typiques du jazz… c’est un feeling!».

Bon à savoir autour du konpa!

Quant au profil-type de l’inventeur du Konpa direk, M. de Volcy, qui intervenait au micro de l’animateur Guy Wéwé dans le cadre des activités soulignant les 63 ans de ce rythme musical et le centième anniversaire de naissance de son créateur, a par ailleurs révélé que Nemours «demeure le plus grand show-man de toute l’histoire du Konpa». Il confie que ce dernier n’avait jamais aimé performer dans le noir contrairement aux salles obscures dont raffolent aujourd’hui orchestres, musiciens et danseurs de konpa.

Saluant l’apport des musiciens du groupe «Les ambassadeurs» et de Gérard Dupervil, qui excellaient, a-t-il rappelé, dans les chansons tendres, traditionnellement appelées pots-pourris ou boléros, le fin connaisseur a aussi révélé que «Dupervil a été d’ailleurs le premier artiste à instituer le genre musical qui consiste à enchaîner chansons après chansons, sans arrêt, sur scène et pendant plusieurs heures».

Tout en soulignant le mérite des groupes et artistes ayant contribué à pérenniser le konpa direk d’hier à aujourd’hui, le fondateur et Pdg de «Triomph Muzik» de New York a également rendu un hommage appuyé au groupe Tabou Combo, qui fête en 2018 ses 50 années d’existence,  «l’orchestre, selon lui, qui a le plus fait connaître le konpa direk sur la scène internationale». Un coup de chapeau, de sa part, également à l’inoubliable  Skah-Shah No 1 qui a été, a-t-il rappelé, l’un des groupes phares et populaires de la musique dansante haïtienne. Cliquez ici sur l’entrevue en Vidéo!

ZOOM KONPA/ZOUK:

QUÉBEC – CAMPAGNE ÉLECTORALE 2018 

DÉCOUVERTE :

AUTOUR du 6e Gala du Vivre-Ensemble:

**VIVRE-ENSEMBLE: ACTIVITÉS 16 MAI 

**DOSSIER SPÉCIAL : Vivre-Ensemble (Cliquez en-dessous)