MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Accueilli debout par l’assistance comme une rockstar, sans télésouffleur, Philippe Couillard a passé, aux yeux de tous ceux qui suivaient de près le déroulement de ce sommet, avec succès son grand oral au Forum de la relève d’affaires, l’événement high-tech branché de la semaine écoulée qui a réuni dans un hôtel de la métropole quelque 700 délégués provenant d’un peu partout au Québec, avait constaté sur place l’Agence de presse Médiamosaïque.
Mené d’une main de maître par Monsef Derraji, le PDG du RJCCQ, ce dialogue a été l’occasion de passer en revue des thématiques qui s’imposent à l’agenda de tout rassemblement du genre appelé à brosser un portrait 2018 (up to date) de l’économie québécoise. Fort de l’embellie économique et sociale qui prévaut actuellement dans la Province, Philippe Couillard, chiffres et contextes à l’appui en cette fin de mandat, a clairement été à la hauteur des attentes.
Qu’il s’agisse de la #Cryptomonnaie, du #Blockchain, de l’#IntelligenceArtificielle, de la #Cybersécurité, de l’#éducation, des #NouvellesTechnologies, de l’#ImpactSocial des nouvelles technologies, du #Défi de la #MainD’oeuvre, et de son corollaire, l’#immigration, bref tout y était pour un menu copieux. Du pain béni pour les organisateurs: l’expérience et l’autorité, liées à la stature d’homme d’État de Couillard, ont grandement contribué à la solennité de l’échange.
Changement de discours sur l’immigration
S’appuyant sur son ton habituel, enrobé du franc-parler qui est le sien, Philippe Couillard a, d’entrée de jeu, fait son mea culpa en amorçant la thématique de l’immigration. Le premier ministre du Québec avoue avoir commis une erreur en présentant aux Québécois l’immigration uniquement sous l’angle de l’«ouverture et de l’inclusion». Aborder ainsi le dossier, «divisait les gens et ça pouvait causer des réactions négatives que j’avais pas anticipées vraiment», a-t-il décelé.
Pourtant, a nuancé le chef du Parti libéral du Québec, quand on présente l’immigration comme une piste d’enrichissement collectif, quand «on (en) parle comme un enjeu économique, on rallie tout le monde». Il s’explique: «j’ai rencontré des gens à travers le Québec qui avaient des perceptions différentes sur l’immigration, sur la diversité, mais je n’ai rencontré personne qui ait mis en doute le fait qu’on a besoin des travailleurs, qu’ils viennent de partout!»
Qualifiant de «toxique» le discours «qu’on a eu depuis quelques années au niveau de l’immigration», Couillard s’est rendu compte que cela a «nui au Québec». Sans indexer les adversaires politiques qui seraient coutumiers de ce discours toxique, le premier ministre affirme toutefois en avoir fait état «lors d’un événement tragique (les attentats) à Québec» où il avait, a-t-il rappelé, insisté sur la nécessité de «choisir les mots qu’on utilise» pour ne pas causer plus de torts à la société.
Les régions dans le positionnement de Couillard
Un pôle de premier plan est accordé aux régions dans la vision de l’immigration de Philippe Couillard. Il s’est justifié d’avoir parlé sans langue de bois aux Québécois, en leur prédisant, depuis quelque temps, que «leur plus grand défi économique demeure la démographie et la main d’œuvre». Résultat: «on le voit (présentement) dans toutes les régions du Québec». Pour faire face à cette pénurie: «on veut des travailleurs maintenant», c’est la chanson que l’on fredonne à l’unisson, «et j’entends çela dans toutes les régions du Québec», pour répéter le médecin-politicien.
Conscient de l’urgence de drainer l’immigration hors de Montréal, le PM du Québec dit privilégier l’insertion des nouveaux arrivants en région «par groupes» d’immigrants plutôt que «par compte-gouttes», parce que, a-t-il fait remarquer, «les gens ont besoin d’un ancrage social». À son avis, «le mieux c’est d’essayer d’avoir une masse critique de gens pour éviter cette tentation compréhensible de retourner dans la communauté ethnique dont on fait partie».
Parlant justement du rapport à établir entre le développement économique des régions et l’innovation technologique, le premier ministre a clairement défini l’angle mis de l’avant par son équipe. Se référant à l’élan économique qui a transformé Shawinigan, Philippe Couillard affirme qu’il n’est pas séduit à l’idée d’épauler des initiatives qui viseraient à rebooster les régions via l’érection de buildings hébergeant des start-ups ou incubateurs d’entreprises.
«Si on vient me voir pour un bâtiment pour incubateurs, (je suis) pas intéressé, par contre, si on vient me voir pour un programme qui mise sur l’énergie des gens, sur une mobilisation des communautés, pour qu’ils restent chez eux, là on est intéressés», a-t-il soutenu en évoquant son faible pour «l’entreprenariat social» et «l’entreprenariat culturel» qui, à son avis, contrairement à «une application sur un téléphone portable», sont plus susceptibles de «valoriser une société», et «permettre à des jeunes de rester chez eux et d’y bâtir une valeur ajoutée».
Pour une immigration 100% francophone ou non?
Privilégier un bassin d’immigration francophone, c’est important de maintenir le fait français en Amérique du Nord, Philippe Couillard n’en disconvient pas. Toutefois, le premier-ministre se dit également ouvert au multilinguisme, voire au plurilinguisme. «Une langue ça s’apprend, ce n’est pas un obstacle énorme», a relativisé le chef de gouvernement citant le cas de son ministre des Finances Carlos Leitaö, arrivé, a-t-il dit, du Portugal à l’âge de 19 ans et ne parlait pas un mot de français.
Le No 1 du PLQ évoque de belles expériences en région de francisation en entreprises qui valent, selon lui, un pesant d’or. Pour Couillard, sans balayer la francisation supervisée par les commissions scolaires, «le meilleure outil d’intégration et de francisation, c’est le travail». Il en a d’ailleurs profité pour saluer l’excellent travail, dit-il, de sa ministre de l’Économie, Dominique Anglade, qui a étiqueté très clairement les trois grands points d’ancrage de la stratégie économique gouvernementale, à savoir l’innovation, l’entreprenariat et ’exportation.
Seuil de l’immigration: à la hausse ou à la baisse?
Réduire le seuil de l’immigration, tel que le prônent certaines familles politiques, n’est pas sa tasse de thé. Ça prend, au contraire, «un système d’immigration qui garde au minimum le nombre d’immigrants qu’on a pour le moment, un système de sélection qui va permettre de les augmenter au cours des prochaines années en tenant compte des besoins des régions et des entreprises», prévient le chef du gouvernement.
Philippe Couillard s’étonne, dans la même veine, de constater que tout un débat se fasse autour du seuil minimal ou maximal d’immigrants à accueillir sur notre sol alors que, parallèlement, on demeure peu loquace, dit-il, sur notre capacité à leur donner du goût d’y rester. Mais il faut aussi, insiste le premier ministre, «tenir compte de ce qui favorise la rétention des immigrants au Québec parce que quand ils viennent il faut qu’ils restent».
S’il admet, enfin, que la solution durable à ce défi passe d’abord par la rétention des travailleurs québécois eux-mêmes, le PM ajoute du même souffle qu’il devient obligatoire d’offrir une meilleure formation aux jeunes Québécois. Il importe de «favoriser les métiers techniques pour ceux qui veulent les choisir et pousser les autres jeunes le plus loin possible à atteindre leurs rêves, mais, a-t-il conclu, on ne peut pas passer à côté de l’immigration».
Monsef Derraji, le Pdg du RJCCQ en train d’interroger le Premier ministre Philippe Couillard
Ci-dessus, une vue de l’assistance lors du 3e FERA à Montréal
AUTOUR du Programme « ENTREPRENDRE en RÉGION »
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