Opération de séduction Legault dans la diversité

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MONTRÉAL(MÉDIAMOSAÏQUE) – Premier test dans un « bastion diversité » ou « nouveau tournant » pour François Legault dans la campagne? Pour dédramatiser ses choix qui font sourciller certains et qui énervent au plus haut point les libéraux en matière d’immigration, François Legault a choisi lundi un échantillon et une destination: la communauté haïtienne et le Nord de la métropole pour effectuer sa première immersion dans la diversité. Un exercice qui semble lui avoir permis de marquer des points. VIDÉO Cliquez ici

Casser l’image imposée par les libéraux

La stratégie caquiste n’est, en effet, pas anodine. Accueilli par sa candidate, Julie Séide, qui a impressionné l’assistance par son aplomb, Legault a été présenté par celle-ci comme «le premier chef qui se déplace pour battre campagne dans le comté de Bourassa-Sauvé». Hasard de casting, doigté politique : ce rassemblement, réalisé à ce moment de la campagne, offre en filigrane la possibilité de défaire l’image d’une «CAQ non-inclusive», nourrie et alimentée par les libéraux. Une occasion en or pour se vanter d’être «la seule formation politique québécoise à avoir recruté le plus grand nombre de candidats d’origine haïtienne (5 au total) dans le cadre du scrutin du 1er octobre».

Loin d’apparaître guindé dans une salle où son message aurait pu être mal reçu,  au contraire, comme un poisson dans l’eau, l’homme, qui est accusé par le premier ministre Philippe Couillard  de «souffler sur les braises de l’intolérance», dans des punchlines bien senties en créole, rappelant, avec succès, un certain Denis Coderre, avait l’air de répondre aux attentes de la foule partisane qui l’attendait à Costa del Mare, avait constaté sur place l’Agence de presse Médiamosaïque.

Couillard: « nou pa égaré », dixit Séide

Il faut dire que, la candidate caquiste, Julie Séide, la cheville ouvrière de cette activité tenue dans son fief, bien avant de faire place nette à son chef sur la tribune, via une série de piques, dont certaines très prisées en créole: « Onè, respè… nou pa égaré… (Honneur, respect, nous ne sommes pas des idiots), avait mis la table en sommant Philippe Couillard, sous un tonnerre d’applaudissements, «de ne plus prendre les immigrants pour ses acquis».

Dans une tirade qui a mis à nu les failles du défi de l’intégration au Québec, un portrait qu’elle associe au bilan des années libérales, Mme Séide, dont le père est lui-même chauffeur de taxi, a fulminé: «Le gouvernement essaie de nous faire croire que le système d’immigration est un succès, mais saviez-vous que sur le terrain, et étant moi-même fille d’immigrants, je vous assure que la situation est différente! Nous avons des médecins issus de la diversité, dont des Haïtiens, qui travaillent dans des manufactures… Nous avons des enseignants hautement qualifiés, issus de la diversité, qui doivent retourner à l’école pour réapprendre leur propre métier… nous pouvons faire mieux», a-t-elle lancé, sous les vivats de l’assistance.

Levant le voile sur la thérapie que la CAQ entend administrer au système, Julie Séide, une jeune professionnelle travaillant chez Pharmascience, a énuméré plusieurs mesures indispensables à adopter,  dont «la reconnaissance des acquis», «l’équivalence des diplômes». Elle soutient que «les immigrants méritent d’être accueillis avec dignité», annonce que «la Coalition Avenir Québec mettra plus de ressources et plus d’opportunités pour les immigrants» et dénonce, dans la même veine, le fait que l’on assimile, selon elle, «les immigrants (à) de la main d’œuvre étrangère à bon marché».

Une intégration avec de meilleurs résultats?

Legault, qui ne pouvait être mieux servi, a enchaîné en insistant habilement, non pas sur le «nombre», mais surtout sur la «qualité» et sur le «genre» de ses candidats d’origine haïtienne. Contemplant son «team de rêve» ou son «équipe du changement», le chef de la Coalition Avenir Québec a, sous le même ton, déploré le fait que,  «le gouvernement libéral, malgré les beaux discours, ait laissé tomber beaucoup de nouveaux arrivants. Beaucoup d’entre eux, 26%, ont dû quitter le Québec. Nous, on veut une immigration réussie à la CAQ», a-t-elle contrattaqué.

Maniant à la quasi-perfection les locutions créoles qu’on lui a apprises, François Legault  s’en est d’ailleurs servi pour contextualiser son fameux slogan «en prendre moins, mais en prendre soin». Il a fait usage de ce fameux dicton antillais qui semble illustrer sa vision de l’immigration dont il veut absolument réviser le seuil à la baisse: «pito ou mizé nan rout, men ou pote bòn-n nouvel (mieux vaut y aller par compte-gouttes, petit à petit, mais donnez de bons résultats), a-t-il lui-même traduit!

Une fois relevé le test médiatisé de ce rassemblement avec la diversité, c’est un François Legault, visiblement ragaillardi, qui a explicité son plan controversé en matière d’immigration en conférence de presse avec les journalistes. «Actuellement, on accueille 50 000 et on en perd 13 000, moi je propose qu’on prenne 40 000 nouveaux arrivants qui réussissent et qu’on les garde, qu’on s’assure qu’ils apprennent le français, qu’ils trouvent un emploi, qu’ils se font un plaisir de rester au Québec tout en épousant les valeurs de la société», a fermement réitéré Legault.

Des lois pour embaucher la diversité

Pour démontrer sa volonté de combattre le chômage endémique qui ronge les immigrants et qui contraint ceux-ci à s’accommoder avec des emplois précaires malgré leurs qualifications, le chef de la CAQ a même promis d’aller plus loin en faisant adopter, s’il le faut, des lois à l’Assemblée nationale pour forcer le secteur public à embaucher davantage de travailleurs issus de la diversité. Et au secteur privé des affaires, in fine, d’emboiter le pas!

Legault a terminé son intervention en rappelant que sa formation politique «veut que ça fonctionne mieux en santé, en éducation. La CAQ veut que l’économie enrichisse tous les Québécois, on peut faire mieux en économie, parce qu’on veut mettre plus d’argent dans le portefeuille des Québécois, mais si vous voulez que ça change, il faut changer le gouvernement», a-t-il insisté.

«Maturité de la communauté haïtienne»

En entrevue exclusive à l’Agence de presse Médiamosaïque, les quatre candidates d’origine haïtienne de la CAQ, en l’occurrence, Christine Mitton (Laval-des-Rapides), Julie Séide (Bourassa-Sauvé), Nadine Girault (Bertrand), Janny Gaspard (Viau), ont, d’une seule voix, salué ce qu’elles appellent «la maturité de la communauté haïtienne» qui a présenté, à leurs avis, des aspirants de taille et intergénérationnels dans le cadre de ce scrutin sous le chapeau des partis politiques de différentes allégeances. Un plus, selon elles, le fait pour les Haïtiens de pouvoir miser sur plusieurs tableaux dans cet exercice démocratique, à l’instar des autres communautés, pour ne pas les citer, solidement ancrées dans la société québécoise.

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Le chef de la CAQ François Legault répondant aux questions des journalistes

Janny Gaspard (Viau), Julie Séide (Bourassa-Sauvé), Nadine Girault (Bertrand), Christine Mitton (Laval-des-Rapides non visible sur la photo) – Cr. Photo Edner Cajusma.

DÉCOUVERTE :

QUÉBEC – CAMPAGNE ÉLECTORALE 2018 

 

AUTOUR du 6e Gala du Vivre-Ensemble:

**VIVRE-ENSEMBLE: ACTIVITÉS 16 MAI 

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