Décès de Patrick St-Éloi: Haïti pleure avec la Guadeloupe

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Les Haïtiens revendiquent également l’héritage de Patrick St-Éloi. Les témoignages recueillis par l’Agence de presse Médiamosaïque dans la communauté haïtienne prouvent que l’ouvrage de ce crooner antillais avait fortement impressionné les ressortissants de la «Perle des Antilles».

Une voix charismatique, un messager…

Pour Harrys Latortue  (alias BJ), qui vit actuellement en Floride et qui estime avoir personnellement contribué à exposer cet artiste au public en Haïti au cours des années 1990, « des chansons comme West Indies, Fabiola, Ki jan ké fè, Stella, l’ont rendu populaire auprès de toute une génération d’Haïtiens ».

« Surtout avec Rekonsilye que Patrick a interprétée avec Vivian Rangon, il a fait office d’entremetteur ou de messager auprès de bon nombre de couples manifestant le désir de relancer leur vie conjugale ou affective. Il y avait une forte demande pour cette chanson, idem pour le clip », s’est rappelé M. Latortue, dont la carrière d’animateur au sein de plusieurs médias d’importance demeure très respectée en Haïti.

Le tombeur de la gent féminine

À l’instar d’Harrys Latortue, qui voit en St-Éloi le pionnier, « mais mille fois plus articulé et mieux inspiré » que les fers de lance de la tendance actuelle, «trop monotone» du Zouk, en l’occurrence le Zouk Love, un autre fin connaisseur haïtien de la musique antillaise, Élie Pierre, évoque cet aspect qui l’a toujours distingué de ses collègues du groupe mythique Kassav.

« Si, à coté de lui, Jean-Philippe Marthelly, Jacob Desvarieux, Jocelyne Berroard et  Jean-Claude Naimro, s’occupaient souvent de chauffer les fans avec des zouks bien balancés, Patrick avait, lui,  la mission d’adoucir les cœurs, de balancer le Zouk love pour calmer les salles souvent surchauffés au passage de Kassav », a retenu Élie Pierre qui vit aujourd’hui en banlieue de Montréal (Blainville) avec sa famille.

Élie Pierre, ex-animateur à radio Galaxie, note que « Ki jan ké fè, Si se wi  Ballade créole, sont parmi d’autres, des chansons qui ont aidé ce Guadeloupéen à prendre place dans le cœur des fans haïtiens.  Et à chaque tournée de Kassav en Haiti, Patrick mesurait sa popularité surtout parmi la gent féminine qui envahissait les scènes pour reprendre avec lui les refrains de ses chansons. »

« Patrick est un modeste qui allait toujours vers les autres, un chanteur généreux qui s’est toujours servi de sa voix comme un instrument. En 2002, quand il a annoncé son départ de Kassav, Patrick était persuadé qu’il allait pouvoir revenir en Haïti comme  artiste solo pour offrir des concerts mais le crooner n’a jamais pu réaliser ce rêve », a témoigné M. Pierre, copropriétaire également en Haïti d’une agence de marketing «Communication Plus».

Retour sur une  «conversation mémorable avec Patrick»

Adler Aristilde, qui présentait le hit-parade antillais le plus populaire en Haïti à la fin des années 90, «Galaxie Top 15», dévoile, de son côté, un aspect de la personnalité du regretté disparu qui demeurait jusque-là méconnu pour plus d’un: sa folle admiration pour les gens et la culture d’Haïti.

Évoquant « une  conversation riche et agréable » qu’il avait eue avec Patrick St-Éloi (printemps 1999) à Paris, Aristilde confie que l’homme lui révélait «son attachement à Haïti, son admiration pour Tabou Combo, et sa collaboration avec plusieurs musiciens haïtiens, notamment les frères Pasquet et les virtuoses de Zèklè

Côté humain, M.Aristilde, qui travaille actuellement pour la fonction publique fédérale canadienne à Ottawa, sa nouvelle ville de résidence, rapporte que sa conversation avec celui qu’il surnomme également «le maître du Zouk-Love » se déroulait « sur un ton souriant et charmeur, et des gestes sympathiques de la main gauche, un peu comme lorsqu’il chante sur scène. Il était généreux de son temps, volubile et enjoué ».

Influences sur le konpa et reproches

« Le style de Patrick St-Éloi était tellement apprécié qu’il a inspiré bon nombre de chanteurs en Haïti, dont Stanley Toussaint (Lakòl), Ederse Stanis (Pipo, actuel lead-vocal de Nu Look) », a, de son côté, analysé Bernier Sylvain (alias BS), qui vient de lancer une nouvelle station «Radio PBS» sur le Web. Harrys Latortue juge plutôt que St-Éloi n’est que le père spirituel tout craché des chanteurs Marc Richard (Legend) et Armstrong Jeune (New York All Stars).

M.Sylvain, qui élit domicile à Terrebonne (banlieue de Montréal) et qui anime parallèlement une émission quotidienne de konpa  à la radio montréalaise CPAM, évite toutefois de hisser St-Éloi au rang d’Éric Virgal, l’artiste antillais qui détient, selon lui,  la plus grande cote d’amour en Haïti. À noter que, BS a été, jusqu’à tout récemment, un des chefs d’antenne les plus écoutés de Port-au-Prince en matière de konpa.

« St-Éloi n’avait pas d’emprise directe sur les Haïtiens. On le voyait comme étant un morceau du puzzle Kassav. Ce n’était pas un Éric Virgal qui savait que les Haïtiens l’aimaient, qui avait plein de contacts dans l’île et qui exploitait également le marché konpa », a nuancé Bernier Sylvain qui reproche également à Patrick St-Éloi  de n’« avoir pas fait preuve de transparence envers ses fans pour le mystère qu’il a entretenu autour de sa maladie (cancer). »

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Visionnez le clip Ki jan ké fè avec  l’inoubliable Patrick!

http://www.youtube.com/watch?v=24FL7V-OMmw 

PHOTO MEDIAMOSAIQUE.COM/Cr Google (Le talentueux chanteur antillais, Patrick St-Éloi, en train de charmer son public lors d’un concert)