Immigrants: destination Ontario après le scrutin?

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Les nouveaux arrivants ayant choisi le Québec, continueront-ils d’affluer vers l’Ontario après le scrutin du 1er octobre? C’est la question que se pose la sociologue et chercheure associée à l’Institut d’Études Féministes et du Genre (Université d’Ottawa), LY-Tall Aoua Bocar dans ce nouveau texte qu’il a soumis à notre Rédaction.

Par LY-Tall Aoua Bocar

Le Québec forme déjà des immigrant-e-s pour l’Ontario! Sera-t-il pire au lendemain du 1er octobre 2018 ?

La campagne électorale bat son plein au Québec pour l’élection d’un Premier Ministre le 1er octobre. Plus que par le passé, la question de l’immigration est au cœur des débats. Car, cette année, l’un des candidats, notamment le chef de la Coalition pour l’Avenir du Québec (CAQ), Monsieur François LeGault martèle depuis des mois qu’il fixera des conditions particulières aux immigrant-e-s. Ceux-ci devront subir un test de français et de valeurs au bout de trois (3) années et, en cas d’échec, être expulsé-e-s, dit-il. Même s’il semble mettre de l’eau dans son vin, il avait persisté et signé  lors du premier débat des chefs, le 13 septembre. Selon certains analystes, c’était pour gagner le vote d’électeur-e-s hostiles aux  immigrant-e-s. Pire, il avait enfoncé le clou en affirmant que l’immigration est une menace pour l’identité québécoise. Ce qui est curieux, c’est qu’autant certains politiciens pointent du doigt les immigrant-e-s qui ne parlent pas français, autant, ils gardent un silence absolu sur ceux et celles qui arrivent au Québec maîtrisant parfaitement la langue de Molière. Ce qui est le cas Africain-e-s tant du Nord que de l’Ouest de l’Afrique, ainsi que des Haïtien-e-s. Ceux-ci choisissent la Belle Province pour vivre et travailler en français. Mais, ils/elles butent sur une multitude d’obstacles, surtout en matière d’accès à l’emploi, principal facteur d’intégration en Amérique du Nord. Ce faisant, après des années de galère et excédé-e-s de subir des discriminations, une majorité d’entre eux quitte le Québec pour l’Ontario. Certain-e-s décrochent des postes avant même de s’y rendre. Ce, par le biais de l’application par le Web aux emplois offerts par le Fédéral et/ou par les entreprises ontariennes. Ainsi, des centaines de milliers d’immigrant-e-s se retrouvent au Sud. C’est donc comme si le Québec formait des immigrant-e-s au profit de l’Ontario. Car, l’insertion d’un-e- immigrant-e- est un long processus qui nécessite la capacité d’identifier les repères, la constitution d’un tissu social, la compréhension du mode de fonctionnement de la société d’accueil, la possibilité de s’y adapter climatiquement et humainement. Une fois ces habiletés acquises, l’immigrant-e- peut vivre dans n’importe quelle province du Canada, en particulier l’Ontario où il suffit à certains de traverser le pont (Gatineau/Ottawa) pour s’y retrouver. Ainsi, au fil des décennies, le Québec a perdu des milliers d’immigrant-e-s au profit de l’Ontario dont beaucoup de francophones qui avaient choisi le Québec pour vivre et travailler en français et aussi pour y élever leurs enfants. Mieux, de part leur maîtrise du français, ces immigrant-e-s renforcent l’identité québécoise dont cette langue est le socle. La perte importante d’immigrant-e-s pour lesquel-les la Province consent beaucoup de ressources fait certainement partie des causes de la pénurie de main d’œuvre que vit aujourd’hui le Québec et qui menace sa croissance économique.

Face aux tentatives de diviser la société à des fins électoralistes et à la nécessité de stopper l’hémorragie migratoire, la question de l’immigration aurait dû être l’un des projets de société à développer lors de la campagne électorale. Cela aurait permis d’expliquer largement aux Québécois l’apport économique, social, culturel et démographique des immigrant-e-s à leur société, leur démontrer qu’ils/elles constituent une richesse et non une menace, rendre justice aux immigrant-e-s francophones, rassurer les non-francophones et contribuer à tisser plus d’entente et d’harmonie au sein de la société québécoise en vue de son développement durable.

 

QUÉBEC – CAMPAGNE ÉLECTORALE 2018 

DÉCOUVERTE :

AUTOUR du 6e Gala du Vivre-Ensemble:

**VIVRE-ENSEMBLE: ACTIVITÉS 16 MAI 

**DOSSIER SPÉCIAL : Vivre-Ensemble (Cliquez en-dessous)