Le Sahara : ce que j’en sais, et je souhaite!

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) –  Qu’en est-il du passé, du présent et de l’avenir du Sahara? Cet article soumis à la Rédaction de l’Agence de presse Médiamosaïque par l’entrepreneur montréalais, Hakam Hmiddouch, fournit tout un éclairage à nos lecteurs désireux de se faire une idée de cette région du continent africain.

Tout en révélant ce qu’il en sait, en tant qu’enfant de la génération profondément affectée par la question, Hmiddouch en profite également pour formuler ses souhaits à propos de cet endroit considéré par plus d’un comme le plus vaste désert chaud du monde.

Par Hakam HMIDDOUCH

Le Sahara : ce que j’en sais, et je souhaite!

Né au Maroc à la fin de l’année 1969, c’est-à-dire cinq ans avant l’organisation de la Marche Verte initiée par feu Sa Majesté le roi Hassan II; roi du Maroc; les répercussions de la question du Sahara font partie intégrante de mon identité.. L’histoire fait suite à l’arrêt rendu par la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ), stipulant que le Sahara n’est pas une terre Nulus, comme son ancien colonisateur l’Espagne et une petite partie de Sahraouis le prétendaient, affirmant que le peuples Sahraouis entretenait des relations étroites aussi bien administratives que religieuses par le truchement de la Baïa (Allégeance) aux Sultans du Maroc en tant que chefs suprême des croyants (Amir El Mouminines) et ce sans interruption alors même que le territoire était occupé et colonisé par l’Espagne depuis 1912.

1912, c’est cette même année que la France avait placé sous son protectorat le Maroc central, laissant libre la partie Nord et Sud à l’Espagne (des traités ont été établis et signés entre les deux colonisateurs à cette époque) qui les a investi en y installant des bases militaires, sans la moindre infrastructure viable profitant aux populations; d’où un exode massif de nombreuses familles Sahraouis vers les villes intérieures du Maroc où elles ont trouvé refuge et s’épanouissent désormais sans difficulté au sein de la communauté marocaine. Malheureusement, ces mêmes familles se retrouvèrent coupées des leurs, restés en territoire occupé par les Espagnols, nécessitant l’obtention d’un visa délivré par l’occupant Espagnol, alors même que le Maroc avait couvert son indépendance du colonialiste Français en 1956, soit après 44 ans d’occupation.

C’est d’ailleurs la réticence de l’Espagne à rétrocéder au Maroc le Sahara occupé qui a déclenché le processus de la consultation de la CIJ, suite aux faux argumentaires révélés par les Sahraouis pro-espagnols, disant qu’il s’agissait d’un territoire Nulus.

Le Maroc s’est fait fort de l’arrêt de la CIJ pour enclencher une marche pacifique, en novembre 1975, de quelques 350 000 personnes, dont une bonne partie de Sahraouis de l’intérieur, sur l’agglomération de Laayoune, siège de la base militaire espagnole. Ses occupants se sont enfuis, laissant libre accès aux marcheurs, sans réticence ni opposition, permettant l’implantation du drapeau marocain, en territoire occupé. Sur son édifice même, l’enthousiasme et la joie se sont emparés des résidents par les retrouvailles des leurs, où festins et danses se sont organisés à l’occasion, laissant présager des jours meilleurs pour les habitants de cette région du pays.

Malheureusement, peu de temps après, les pro-espagnols, avec la connivence de lobbys influents des pays limitrophes, voyant leurs intérêts personnels (en tant que contrebandiers, marchands d’individus, de drogue et d’armes) menacés, procèdent à la formation de milices armées semant la terreur parmi les populations en forçant les gens à se rebeller et à se soulever contre les arrivants qu’ils qualifiaient d’envahisseurs et de colons, prétextant qu’ils sont un peuple distinct qui aspire à sa souveraineté. Toute personne qui n’adhérait pas à leur thèse était torturée, malmenée, ou exécutée sommairement.

L’armée marocaine, au vu de l’utilisation des armes à l’encontre des populations civiles, n’avait pas de choix de que répliquer pour protéger ces populations restées fidèles à leur marocanité; là, c’est la guerre ouverte.

L’Algérie de Boumediene, qui à l’époque ne voulait en aucun cas discuter de ses frontières avec le Maroc, a sauté sur l’occasion pour organiser la rébellion en leur conseillant de former un Front, qu’ils ont dénommé le Polisario; en mettant à sa tête des réfugiés politiques marocains poursuivis par les autorités marocaines et qui étaient entretenus, soutenus et hébergés par la Lybie du Colonel Kadhafi, dont l’ambition était de dominer l’Afrique.

L’Algérie a alors ouvert le camp de Tindouf sur son territoire pour faciliter le repli des combattants du Polisario, agissant sous la forme de guérillas pour imposer leur opinion politique, et pour accueillir des sahraouis kidnappés et forcés à la déportation, tout en recrutant des mercenaires africains pour légitimer sa position et montrer au Monde qu’elle agit humainement pour protéger les fuyards de la guerre.
Le Polisario, organisé et appuyé par l’armée algérienne utilisait l’armement lourd livré par le Colonel Kadhafi contre l’armée marocaine qui n’a ménagé aucun effort pour repousser les assauts et les neutraliser. Il s’en est suivi des morts, des blessés, et des prisonniers de part et d’autre causant des dommages collatéraux incommensurables.

L’ampleur du problème a été porté devant les instances onusiennes d’où une résolution du Conseil de Sécurité exigeant un cessez-le-feu immédiat et l’instauration d’une mission de maintien de la Paix au Sahara occidental; la MINURSO, dont la mission était de veiller à l’apaisement des tensions, de procéder à l’organisation d’un référendum d’autodétermination après un recensement des populations ayant droit de voter et de surveiller le cessez-le-feu (RES. 690 du 29 avril 1991).

La Mauritanie ayant des frontières avec l’Algérie et le Maroc, s’est trouvée en tenaille entre les deux pays, et a préféré déclarer solennellement et par écrit, sa neutralité absolue vis-à-vis du conflit, et qu’elle n’aspirait à aucune prétention de quelque nature que ce soit. Néanmoins, l’ONU a préféré la considérer comme pays observateur dans le processus onusien.

La tenue du référendum a buté sur la composition des listes des ayants droit au vote dont le Polisario a gonflé le nombre en introduisant toute une flopée de mercenaires venus des pays africains moyennant finances et promesse tentantes : c’est d’ailleurs la commission des chefs des tribus sahraouis (Chioukhs) désignés à qui incombait de reconnaitre les prétendants et de retracer leurs origines et c’est cette commission qui a découvert le pot-aux-roses. Ceci a irrité le Polisario et ses souteneurs en criants au loup et reprochant la pratique aux marocains. L’ONU étant saisie, elle renouvelle le mandat de la MINURSO et désigne cette fois-ci un représentant spécial pour trouver des solutions au problème et éventuellement chercher d’autres pistes au règlement du conflit, et ce, en commun accord avec les belligérants.

Le mandat de la MINURSO a été renouvelé chaque année, 23 fois, jusqu’à nos jours, sans pour autant trouver une solution définitive. Plusieurs réunions formelles et informelles se sont tenues sous l’égide des représentants spéciaux successivement désignés mais qui, à chaque fois, n’ont abouti à aucun résultat satisfaisant et ce en présence de l’Algérie et de la Mauritanie.

C’est en l’an 2005, juste après l’intronisation de Sa Majesté le roi Mohamed VI qu’une réflexion approfondie du problème à vue le jour par la proposition d’un projet de statut d’autonomie avancée pour les provinces du Sud, qui a été présentée à l’ONU et à l’ensemble de ses membres, pour commentaires et remarques. À l’unanimité, sauf pour l’Algérie et le Polisario, tous ont affirmé que la proposition est satisfaisante, sérieuse, conforme et crédible à la résolution du problème qui n’a que trop duré. Le Polisario et l’Algérie tenaient le même discours, comme chaque fois, tenant mordicus à leur référendum d’autodétermination; rejetant d’un revers de main la proposition marocaine.

J’ai commencé par ma date de naissance exprès pour révéler que ce problème du Sahara a affecté toute une génération d’individus comme moi, directement et indirectement, et tout au long des années passées, affectant notre enfance, notre jeunesse, nos études et nos esprits, sans qu’une lumière d’espoir n’apparaisse à l’horizon pour entériner ce problème.

De par les deux rives, les enfants nés durant cette période sont devenus adultes, sans doute mariés et pères ou mères d’enfants qui, si la tendance se maintient, subiront le même sort que leurs parents, et garderont les séquelles des dommages collatéraux, des angoisses, et du stress laissé par le conflit.

Je me sens donc en droit de me poser les questions suivantes :
– Les enfants nés de parents résidents à Tindouf, sahraouis ou non, sont-ils algériens ou marocains? Ou ni l’un ni l’autre? Doivent-ils batailler plus tard pour avoir une nationalité?
– Quel droit doit-on appliquer : le droit du sang, le droit du sol ou un autre?
– Comment sont élevés ces enfants dans ce camp, sans la moindre structure viable, leur procurant un épanouissement et un développement humain?
– Combien sont-ils? Même le HCR n’a pu les recenser, faute de consensus.
– De quel Droit doit-on parler pour eux : Droit de l’enfant et de la Femme ou Droit de l’Homme ?
– Quelle éducation peuvent-ils avoir et pour quel avenir? Parait-il, dès leur début d’adolescence, on les envois à Cuba pour être scolarisés et internés jusqu’à leur retour. Dans ces conditions, quel genre d’individus seront-ils? Seront-ils porteurs des valeurs de leurs parents ou subiront ils un choc civilisationnel?
– Il est certes inéluctable à ce qu’ils soient des prétendants à l’immigration clandestine, ou un terreau fertile pour le jihadisme et le terrorisme de tout bord.

Toutes ces questions me taraudent sans que je puisse y répondre adéquatement et pertinemment. À l’opposé, quand je consulte ce qui s’est réalisé du côté marocain, en construction de villes entières, avec toutes les infrastructures urbaines composées d’immeubles à logements, d’écoles, de centres de formations techniques, d’espaces de loisirs, de jeux et de sports, dont les résidents jouissent pleinement, se rendant à leurs occupations avec enthousiasme et en toute sécurité, avec des conditions de vie meilleures que dans certaines villes du Centre du Maroc; je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans l’esprit de ces messieurs qui dirigent le Polisario.

Pourquoi diable ne veulent-ils pas faire profiter leurs administrés de cette manne d’intérêts qui s’offre à eux, surtout que le Maroc leur propose un statut d’autonomie avancée où ils peuvent s’épanouir et se développer à leur guise, en toute quiétude, avec la garantie de l’ONU!

Je ne peux admettre que les gens du Polisario ne soient conscients : leurs revendications quant à la tenue d’un référendum s’avère de plus en plus complexe et difficile à mettre en place, sans compter que la création d’un État souverain nécessite des bases, des organes et des ressources, dans le contexte politico-économique actuel du Monde, dont les pays les mieux lotis connaissent des soubresauts difficilement franchissables.

En tant que citoyen canadien d’origine marocaine, j’implore, au nom de l’humanité et du bon sens, les dirigeants du Polisario à prendre leur destinée en main en laissant leur orgueil de côté et libérer leur protecteur, l’Algérie, d’un problème qui l’a plus embarrassé qu’autre chose, et accepter ce qui leur est offert par le Maroc, sous l’égide de l’ONU car ils ne seraient que gagnants, sauvant ainsi toute une génération de parents déchirés par la séparation de leurs enfants, la jeune génération montante, et finalement toute la communauté sahraoui.

Par ce geste, dont la portée serait mondialement reconnue, ils permettraient la consolidation de l’Union des pays du Maghreb, où ils peuvent s’intégrer, s’émanciper et se développer aisément en faisant oublier à tous le syndrome du colonialisme d’antan.

La nomination récente de ma compatriote canadienne, Madame Kim Bolduc, à la tête de la MINURSO est un atout considérable pour verser dans l’application du projet marocain, sachant qu’elle possède les compétences et une large expérience dans la gestion humanitaire de ce genre de problème, vu les multiples missions qu’elle a mené à travers le monde, et depuis plusieurs années.

Pour terminer avec l’espoir que mon souhait soit réalisé, je cite : un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès.

À bons entendeurs, salut!

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