La Ville de Montréal doit se doter d’un « Commissaire à la diversité » (COLLOQUE)

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MONTRÉAL – Un « commissaire à la diversité », telle est l’une des recommandations faites au parti du maire au pouvoir, Union Montréal, par l’ex-présidente du Conseil des relations interculturelles, Patricia Rimok, lors d’une table-ronde sur la diversité traitant du thème « Intégration socioprofessionnelle des nouveaux Montréalais- Volets emploi et entreprenariat ». Un colloque auquel un journaliste de l’Agence de presse Médiamosaïque avait été invité le 25 septembre dernier au Collège Bréboeuf.

Le leadership de Montréal sollicité

« La Ville de Montréal doit être proactive, elle doit faire preuve de leadership et ne doit pas attendre que les directives viennent de Québec, parce qu’elle doit savoir qu’elle accueille la quasi-totalité, environ 87%, de l’immigration qui débarque dans la Province », a justifié Mme Rimok qui pense que la création d’une telle structure pilotée par un « commissaire à la diversité », muni de pouvoirs adéquats, pourrait grandement aider à faire avancer les dossiers.

Selon Patricia Rimok, l’administration municipale doit revoir sa dotation parce que, a-t-elle insisté, « ça fait trop longtemps que les progrès sont peu satisfaisants en matière de diversité alors qu’on parle de la mairie d’une ville aussi cosmopolite que Montréal. Il faut un arrimage des discours et les politiques menées par chacune des branches de l’administration doivent avoir minimalement de la cohérence en termes de diversité », a plaidé l’ex-No 1 du CRI.

Union Montréal en mode « écoute »

Lors de ce colloque, qui avait réuni plus d’une douzaine de panélistes issus des communautés culturelles en présence d’environ une centaine de personnes, le parti de Gérald Tremblay, qui admet que la diversité n’est pas « un simple dossier comme les autres» mais plutôt un « enjeu de société », s’est donné la peine de se mettre en mode écoute afin de recueillir des témoignages et des propositions de la part d’un certain nombre d’acteurs ou de leaders.

Plusieurs autres panélistes ont réussi, pendant les 15 minutes qui leur étaient allouées, à capter l’attention de l’assistance. Par exemple, la présidente d’Espace femmes arabes, Khadija Darid, a questionné l’absence de Québécois dits « de souche » dans la salle, à part deux ou trois. Les immigrants s’entendent bien entre eux, ce qu’ils veulent c’est de se faire entendre et de communier avec les Québécois dans des espaces communs, a-t-elle fait valoir en substance.

Le président de l’Association des jeunes professionnels chinois (YCPA), Ponora Ang, a, quant à lui, évoqué le cas des Chinois d’origine qui débarquent avec de gros capitaux, mais qui ne font que transiter, dans leur grande majorité, par le Québec pour se diriger vers d’autres cieux. M. Ang suggère aux responsables de la ville de Montréal d’inventer des stratégies pour éviter la fuite de ces Asiatiques fortunés vers des villes comme Vancouver, Toronto ou vers les USA.  

Éviter « deux, trois et quatre solitudes »?

Frank Katata, le président de l’Organisation des professionnels congolais du Canada (OPCC), qui parodiait les « deux solitudes » illustrant la froideur entre Francophones et Anglophones dans la société canadienne, quant à lui, craint l’émergence d’une nouvelle forme de solitude qui isolerait les Québécois de leurs concitoyens issus de l’immigration.

Dans la même veine, le blogueur au journal Métro et chroniqueur à Radio Canada International, Hassan Serraji, dénonce au passage le discours anti-immigration qui fait la une des grands médias qui, malheureusement, semblent ignorer que le message qui passe en filigrane va influencer les gens ordinaires dans la population qui refuseront de louer un appartement à un immigrant ou un employeur qui va hésiter d’embaucher ce dernier en raison de l’overdose médiatique quotidienne de stéréotypes. Il prévient contre un nouveau cloisonnement de notre société entre Francos/Anglos/Autochtones/Immigrants.

M.Serraji a aussi mis en garde contre ce qu’il appelle « une gestion hasardeuse de l’immigration par le ministère de l’Immigration des Communautés culturelles ». À son avis, l’emploi n’est pas vraiment la condition sine qua non à l’intégration, parce que, a-t-il soutenu, « il y a plein d’immigrants qui ont de très bons salaires, des maisons cossues avec piscine creusée, qui ne regardent que de la télévision par satellite, qui se foutent de ce qui se passe ici ».

Un Parc de l’immigration?

Par ailleurs, le président de la commission des Communautés d’origines diverses d’Union Montréal, Lam Chan Tho, qui avait adressé le mot de bienvenue aux participants à ce colloque, a, lors de la période de questions, également fait une proposition. Me Tho a souhaité que Montréal érige un « Parc de l’immigration ». Vu le poids de l’immigration dans cette métropole, Tho estime que « ce n’est pas normal que cette présence ne soit pas visible dans un lieu commun. »

Ce serait une façon intelligente de contrer l’une des tares du multiculturalisme qui ne fusionne pas assez les communautés. Un parc de l’immigration serait l’endroit où celles-ci viendront fêter leurs joies et leurs peines au lieu de se cloîtrer dans leurs quartiers respectifs, a, en substance martelé Lam Chan Tho qui, s’appuyant sur des thèses émises par des chercheurs, a soutenu que, l’on vit désormais à l’ère où les pays ne pourront plus se définir sur la base de l’ethnicité.

 

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PHOTOS MEDIAMOSAQUE.Com/Cr Hubert Molaire (Les conférenciers intervenant lors du premier panel du colloque sur la diversité d’Union Montréal le 25 septembre dernier. En bas, une vue partielle de l’assistance au Collège Bréboeuf)