Tournée réussie de la ministre haïtienne de la Culture et des Communications au Québec (REPORTAGE)

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La créativité culturelle intense, qui a permis un retour en force d’Haïti sur la scène internationale au cours de l’année 2009, semble être prise très au sérieux par le gouvernement Bellerive. À un moment où Haïti jouit d’une visibilité positive rare et même exceptionnelle dans le monde en raison des prix internationaux (19) raflés, dont le prestigieux Médicis, par ses créateurs littéraires, Port-au-Prince veut institutionnaliser ses rapports culturels avec la diaspora qui, tout comme l’intérieur du pays, dispose d’un flux exponentiel d’artistes qui font rayonner fièrement l’identité haïtienne hors de l’alma mater.

C’est, en effet, dans cet esprit qu’a entamé la titulaire du portefeuille de la Culture et des Communications du gouvernement haïtien, Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue, une tournée dans la diaspora qui a débuté par la province du Québec les 10 et 11 décembre derniers. Séjour au cours duquel elle en a profité pour annoncer la nomination d’un fonctionnaire, en la personne de Rodolphe Doirin, devant assurer la liaison directe entre les agents et opérateurs culturels évoluant au Canada et le ministère de la Culture à Port-au-Prince.

Tout comme le Québec, où vivent la quasi-majorité des Haïtiens en terre canadienne, les métropoles étrangères à forte concentration de gens d’origine haïtienne auront également un représentant attitré auprès du cabinet de la ministre où une jeune femme, ex-attachée culturelle à la mairie de Miami, joue désormais un rôle pivot entre les milieux et organismes culturels de la diaspora et le gouvernement haïtien via le ministère de la Culture et des Communications, a appris l’Agence de presse «Média Mosaïque».

Agenda chargé

Lors de cette visite, mise à part la nouvelle de la nomination de plusieurs agents de liaison pour consolider ce «nouveau pont culturel», d’autres mesures arrêtées en vue de mieux desservir la diaspora, entre autres, l’installation de deux lignes téléphoniques accessibles à faible coût (area-code 305), des possibilités de partenariats, de commandites d’événements , etc.,  ont été annoncées par la ministre.  Mme Lassègue a cependant  insisté sur le fait que ces décisions ont été prises dans le but d’instaurer de manière définitive un dispositif institutionnel susceptible de faciliter la tâche à tous ceux qui auront le privilège de diriger le MCC.

Au-delà des annonces, cette tournée visait surtout et paradoxalement à échanger, à écouter les doléances de différents secteurs québécois et haïtiens autour de la problématique culturelle. Cela a débuté tôt dans la matinée du jeudi par une rencontre de travail avec les représentants de quatre organismes  œuvrant dans des domaines liés de près ou de loin à la culture : «Fondation Fabienne Colas» (cinéma), «Réseau Liberté» (journalisme), «Mémoire d’encrier» et CIDHICA (édition). Avec  les dirigeants de ces instances, Marie-Laurence Jocelyn-Laurence a évoqué la nécessité de travailler désormais main dans la main sur des projets ciblés.

L’ouvrage de La TOHU dans le quartier St-Michel où réside une frange considérable de la communauté haïtienne à Montréal et ses succès avérés dans la création de projets culturels inédits impliquant Haïti ou des ressortissants haïtiens (La Falla, Starmania version créole jouée au Québec), ont valu «l’admiration et le respect» de la ministre. Un déjeuner de travail s’imposait en ce sens dans l’agenda  de celle-ci qui se dit «très satisfaite des échanges» de sa délégation avec le nouveau patron de La TOHU, en l’occurrence, Stéphane Lavoie.

Impact médiatique de cette tournée

Ce périple de Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue n’est pas passé inaperçu au Québec. À part son entretien avec la rédaction de l’Agence de presse «Média Mosaïque», la No un du MCC s’est exprimée dans plusieurs médias communautaires dont Radio CPAM où elle a été reçue en direct pendant plus d’une heure à une émission animée par le responsable de cette station, Jean-Ernest Pierre.

Le lendemain, Mme Lassègue a fait une intervention remarquée à la radio de Radio-Canada dans «Christiane Charrette», une émission matinale de forte écoute menée par l’animatrice du même nom  au cours de laquelle la ministre devait se présenter aux auditeurs canadiens tout en esquissant les motifs de sa présence au Québec. Articulée et habile en communication, (la titulaire du MCC est journaliste de formation), Mme Lassègue a fait bonne impression auprès des autres participants à cette émission lorsqu’elle a évoqué notamment la relation d’amour entre le Québec et Haïti. Un lien profond qui cimente le compagnonnage de ces deux sociétés avec les identités multiples des gens comme Dany Laferrière, le lauréat du prix Médicis 2009 ou de Michaëlle Jean, la gouverneure générale du Canada, pour ne citer que ceux-là.

Échange avec la communauté haïtienne

Au Complexe Cristina où se tiennent les rendez-vous importants  de la communauté haïtienne,  la journaliste de 54 ans, «qui ne fait pas son âge», lui a soufflé par galanterie au microphone Farolle Durosel, a dû mettre près de trois heures d’horloge pour rencontrer les Haïtiens de Montréal, notamment la presse, les artistes et professionnels du show-business. Mme Lassègue a fait l’énoncé de toutes les nouvelles dispositions de son ministère ciblant la diaspora et énuméré les actions phares du gouvernement haïtien notamment dans le domaine culturel. La ministre a annoncé tout un train de mesures, dont la mise sur pied des «antennes culturelles» pour décentraliser les interventions de l’État, l’achat par le gouvernement des locaux du Rex Théâtre ou du Ciné Capitol, la restructuration des médias œuvrant sous la tutelle de son ministère, etc.

Vu tout le potentiel artistique dont dispose Haïti et les retombées économiques, sociales qu’une politique culturelle savamment pensée et orchestrée peut bien évidemment occasionner, quelqu’un dans la salle n’a pas hésité à dire avec conviction que Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue «détient sans s’en rendre compte le portefeuille ministériel le plus important du gouvernement d’Haïti»…  les applaudissements de la salle ont été automatiques. Tout cela pour conclure que l’exercice de communication paraissait excellent et le courant passait visiblement entre l’ex-ministre à la Condition féminine revenue à la Culture et aux Communications et son auditoire, avait constaté sur place une équipe de l’Agence de presse «Média Mosaïque».

 

Autour de la tournée au Québec de Mme Lassègue: 

MEDIAMOSAIQUE.Com-Articles reliés

PHOTOS MEDIAMOSAIQUE.Com/Cr Hubert Molaire (En haut, la ministre haïtienne de la Culture en entrevue avec la rédaction de l’Agence de presse «Média Mosaïque». En bas, Une vue de l’assistance en train d’écouter les annonces de Mme Lassègue à l’endroit de la diaspora haïtienne au Canada au Complexe Cristina)