«Conduites culturelles en emploi»: les immigrants absents

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Cette séance de trois journées, qui se donne à Immigration-Québec, au nord de Montréal, cherche pourtant à conscientiser les Néo-québécois sur l’importance de comprendre les enjeux culturels dans le milieu du travail québécois afin, non seulement de les intégrer, mais aussi de les maintenir en emploi.

 

 

 

Des mises en situation pratiques permettent aux personnes immigrantes de se faire déjà une idée des réalités du marché du travail en développant des habiletés et des connaissances pertinentes. Le Québec étant une société pragmatique, le nouvel arrivant se trouve, par ces exercices, imprégné des façons de faire de sa nouvelle société, en ce qui concerne la relation à autrui et la manière efficace et claire de communiquer avec ses collègues.

Dans cette session sur les conduites culturelles en emploi, le formateur aborde différents aspects reliés à la perception de la culture québécoise : « rapport à l’autorité, mode de gestion des conflits, importance de l’individu par rapport au groupe, importance accordée aux règles et aux manières de s’y conformer, distance physique entre les individus, rapport au temps, manière de communiquer, gestion à la québécoise caractérisée par l’autonomie, la participation, l’égalité et le consensus ». Bref, cette session cerne les principales dimensions de la culture québécoise.

Pourtant,  si l’on se fie aux chiffres divulgués par le ministère de l’Immigration et des communautés culturelles pour l’année 2007, ils ne sont que 1000 immigrants à juger pertinent d’assister à ces cours alors que la Belle Province a accueilli 45 221 nouveaux arrivants au cours de la même année. Un fiasco total…

Pourquoi une telle formation suscite-elle très peu d’intérêts?

A-t-on programmé ces séances de formation à des heures qui conviendraient à un maximum de nouveaux arrivants? Certains d’entre eux, qui travaillent souvent dans des centres d’appels avant de trouver un emploi dans leur domaine, ont d’autres chats à fouetter. Pourquoi ne pas envisager un partenariat avec les représentants du bureau des associations ethnoculturelles qui sont en contact permanent avec les membres de leurs communautés respectives?  

Ces associations ethnoculturelles, citons à titre d’exemple, le cas de « l’Amicale des Ivoiriens du Canada » ou tant d’autres dans bon nombre de communautés, sont proches de ces groupes de population et constituent aussi une force de mobilisation efficace. Elles pourraient sensibiliser davantage les membres de leurs communautés à ces réalités.

Certaines personnes immigrantes ne jugent pas pertinent d’assister à ces sessions pour plusieurs raisons (conseils malavisés de l’entourage, confusion de vitesse et précipitation), d’autres n’assistent pas à ces sessions pour des raisons liées à la survie.

C’est ce que Moustapha Sene, immigrant d’origine sénégalaise arrivé au Québec en septembre 2008, a d’ailleurs confié à l’Agence de presse «Média Mosaïque». À son avis, « si la personne se retrouve dans l’impossibilité de satisfaire certains besoins les plus fondamentaux (logement, nourriture, vêtements etc.) elle n’a pas le temps de suivre un encadrement, elle cherche plutôt du travail et n’importe lequel afin de recouvrer sa dignité humaine ».

M. Sene suggère « d’en faire certaines le samedi ou le dimanche pour permettre à tous d’y participer? Cela peut être une perspective à revoir », car poursuit-il, « ceci me paraît essentiel, parce que ce sont surtout ces sessions d’information qui permettent aux nouveaux immigrants de connaître les opportunités qu’offrent les régions.»

«Car au-delà de l’emploi, il y a l’environnement qui offre d’autres possibilités (temps de transport raccourci, davantage de possibilités d’obtenir une place pour les enfants dans les garderies, espace vital plus élargi). En plus de cela, il faut aussi mettre en exergue les possibilités de projets que les immigrants peuvent ficeler avec leurs pays d’origine et susceptibles d’être soutenus par la région d’accueil, tous ces facteurs pourront participer à mieux les attirer vers les régions », conclut l’immigrant d’origine sénégalaise, Moustapha Sene. {jcomments on}