Pour un maire noir à Montréal-Nord (ROGER PETIT-FRÈRE)

Ce Regroupement, qui reçoit le soutien de plusieurs têtes pensantes de la communauté haïtienne de partout à travers la ville de Montréal et du Québec en général, a initié cette réflexion sur la démission du maire de Montréal-Nord, M. Gilles Deguire, et de sa succession en présence de plus de 90 personnes.

À noter, faut le préciser, la présence de plusieurs personnes d’origine africaine qui ont suggéré que cette première assemblée publique tenue sur cette affaire s’aligne officiellement sur la recherche d’un maire noir au lieu d’un maire haïtien.

En tant que directeur du Centre Jean-Paul-Lemay, membre du conseil d’administration de la Table de quartier Montréal-Nord en santé et cofondateur du Regroupement des intervenants et intervenantes d’origine haïtienne de Montréal-Nord, j’ai aussi pris part à cette rencontre au cours de laquelle au moins quatre candidatures potentielles sont déjà identifiées parmi des personnes qui ont fait leur preuve dans la société québécoise, des gens capables de travailler avec toute la population peu importe l’origine et dans le meilleur intérêt de l’arrondissement de Montréal-Nord en général.

Pourquoi un maire noir ou haïtien ?

Pour supporter sa demande, le  »Regroupement élargi des intervenants et intervenantes d’origine haïtienne de Montréal-Nord » s’appuie sur les recommandations du coroner Robert Perreault suite à l’enquête publique et indépendante sur l’intervention policière qui a conduit au décès par des balles policières du jeune Fredy Villanueva le 9 août 2008. Au cours de ce malheureux événement, deux autres jeunes ont été gravement blessés. Il s’agit de Jeffrey Sagor-Métellus dont le père est d’origine haïtienne et de Denis Méas dont les parents sont d’origine asiatique.

Suite à cela, l’ancien ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration, Denis Coderre, alors qu’il était député fédéral de Bourassa, avait déclaré : « On ne regarde pas les événements avec des lunettes roses. On travaille tous pour prouver que Montréal-Nord est un endroit où il fait bon vivre. »

À sa sortie, Denis Coderre, maire de Montréal, a aussi commenté le rapport du coroner. « On a du travail à faire en termes de développement social, de mixité sociale, afin que de moins en moins de gens se sentent comme des citoyens de seconde zone », a-t-il déclaré.

Nombreux observateurs doutent que le rapport du coroner sur l’intervention policière du 9 août 2008 changera quelque chose dans la vie des gens à Montréal-Nord. Stéphane Berthomet, spécialiste en affaires policières, a souligné le fait que les recommandations du coroner n’étaient pas de nature contraignante. « Au final, on donne énormément d’importance à un rapport qui ne mènera nulle part », a-t-il regretté.

Le Regroupement élargi des Haïtiens qui réclame le leadership de la mairie de Montréal-Nord croit qu’avec le vide laissé par la démission du maire de Montréal-Nord, le Chef de l’Équipe Coderre pour Montréal a une occasion sans précédent de faire mentir et taire les sceptiques, de renforcer ses liens avec la communauté haïtienne et d’aider cette communauté bien ancrée à Montréal-Nord à avoir un premier maire dans la région de Montréal.

Ce sera alors un vrai pas dans la bonne direction vers un renouveau de la société montréalaise, un pas géant pour aplanir les tensions raciales et sociales dans cet arrondissement pauvre et multi-ethnique.