QUÉBEC (MÉDIAMOSAÏQUE) Québec pourrait limiter le nombre d’immigrants admis chaque année à travers son Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
Le PEQ est le programme d’immigration économique qui a plongé le gouvernement Legault dans une importante controverse, l’automne dernier. En novembre, le ministre Simon Jolin-Barrette avait modifié ses critères d’admissibilité. Il limitait à une liste restreinte de domaines d’études et d’emplois les immigrants qui pouvaient l’utiliser pour obtenir leur certificat de sélection du Québec (CSQ), un document nécessaire à l’octroi par Ottawa de la résidence permanente.
Mais cette réforme a depuis été mise sur la glace. Vendredi, le ministère de l’Immigration a publié un document d’information qui lui servira de base de travail pour consulter différents groupes économiques et académiques sur la prochaine mouture du PEQ. La population sera également invitée à déposer ses recommandations en ligne.
Une importante popularité
Dans son document, Québec dévoile que la popularité du programme est en forte croissance. En 2010, lors de sa création, le gouvernement délivrait 5 % des CSQ aux demandeurs du PEQ. En 2019, ce pourcentage s’élevait à 86 %. Le PEQ sert de voie rapide pour les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires résidant déjà au Québec afin d’obtenir un CSQ.
« Puisque le nombre important de personnes sélectionnées dans le PEQ devrait se poursuivre en 2020, le ministère estime que les demandes du PEQ pourraient être suffisantes pour atteindre les objectifs annuels de sélection pour la catégorie des travailleurs qualifiés », prévient-on dans le document.
Ainsi, à moins d’augmenter ses seuils d’accueil, le ministère de l’Immigration n’aurait plus de marge de manœuvre pour octroyer d’autres CSQ à travers son deuxième programme d’immigration économique, le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ).
« Cette situation pourrait ainsi restreindre la capacité du [ministère de l’Immigration] à sélectionner des personnes immigrantes pour répondre à des besoins très ciblés de la part des entreprises », écrit-on.
« Afin de respecter la cible annuelle fixée [en matière d’immigration] et dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, il faut plus que jamais favoriser la venue de travailleurs dont le profil correspond davantage aux besoins du marché du travail, poursuit-on. […] [Québec pourrait donc] répartir la cible de sélection des travailleurs qualifiés entre le PRTQ et le PEQ et, à l’intérieur de ce dernier, prévoir un nombre maximal de demandes à recevoir […]. »
L’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre
Comme promis en campagne électorale, le gouvernement Legault a diminué en 2019 le nombre d’immigrants admis. Il a toutefois prévu une hausse du nombre d’admissions dès 2020. Québec a également déposé l’an dernier une réforme de l’immigration et a augmenté le financement des programmes d’accompagnement des nouveaux arrivants et des cours de francisation.
Mais les besoins du marché du travail sont criants. Dans son document, le ministère de l’Immigration rappelle qu’il souhaite que les immigrants économiques représentent 65 % des immigrants admis au Québec dès 2022, alors que la province est en situation de quasi-plein emploi.
L’automne dernier, le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, avait justifié sa réforme du PEQ en insistant sur sa volonté d’accueillir des immigrants économiques répondant aux besoins du marché du travail. Plusieurs avaient toutefois protesté contre sa réforme en rappelant que des étudiants et des travailleurs temporaires s’étaient établis au Québec avec la promesse d’avoir accès au PEQ. De nombreuses incongruités dans les nouvelles listes d’études ou d’emplois ciblés par le PEQ avaient aussi miné la réforme du gouvernement, avant qu’il recule.
L’immigration au Québec en bref
– Il existe trois catégories d’immigration au Québec : l’immigration économique (les travailleurs qualifiés), le regroupement familial et les réfugiés.
– En vertu d’un accord avec Ottawa, le Québec sélectionne ses immigrants économiques en leur octroyant un certificat de sélection du Québec (CSQ). Ce certificat est nécessaire pour obtenir, dans un deuxième temps, la résidence permanente d’Ottawa afin d’immigrer au Québec.
– Il existe deux principaux programmes d’immigration économique : le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) et le Programme régulier de travailleurs qualifiés (PRTQ).
– Le PEQ est une voie rapide, moyennant le respect de certains critères, afin d’obtenir un CSQ. Il est ouvert aux étudiants étrangers et aux travailleurs temporaires résidant au Québec. Une fois leur dossier complété, le délai de traitement pour obtenir un CSQ est d’environ 20 jours ouvrables.
– Le PRTQ est le programme régulier pour les travailleurs qualifiés résidant à l’étranger. Ces travailleurs doivent signaler leur intérêt d’immigrer au Québec dans un système nommé Arrima. Le ministère de l’Immigration invite ensuite ceux qui correspondent aux besoins du marché du travail à appliquer officiellement pour obtenir leur CSQ. Une fois leur dossier complété, le délai de traitement pour obtenir un CSQ est d’environ six mois.
Médiamosaïque avec La Presse