Dilemme d’immigrants en affaires: desservir le Québec ou la communauté d’origine?

1319

Coincés entre le défi, à la fois attrayant mais risqué, de rejoindre une clientèle dont les us et coutumes diffèrent des leurs et la facilité de s’adresser à la communauté d’origine, bon nombre d’immigrants, désireux de se lancer en affaires au Québec, doivent affronter ce dilemme. 

En effet, dans la pratique, la tendance à desservir la communauté à laquelle l’immigrant entrepreneur appartient  prend ordinairement le pas sur l’autre option étant donné qu’il dispose tout naturellement de paramètres objectifs et subjectifs pour mieux appâter sa clientèle cible.

 

Peu outillés pour cibler le Québec?

Comme l’a fait remarquer justement le directeur général du SAJE, Michel Fortin, en entrevue à l’Agence de presse «Média Mosaïque», «si les immigrants entrepreneurs peuvent être très habiles et sont très sécurisés dans leurs communautés, cependant, lorsqu’ils débordent de la communauté d’origine, ils font face à ce moment-là d’un véritable défi».

«On parle de la connaissance des marchés locaux et de leur croissance. Ces entrepreneurs ont particulièrement deux principaux défis à relever : l’intégration comme individus dans la société d’accueil et leur intégration comme entrepreneurs dans un environnement d’affaires où les normes diffèrent de celles du pays d’origine», a-t-il poursuivi.

 

 

Un défi tout de même surmontable

Cette  leçon, qui fait peur à bien des immigrants, semble avoir été bien apprise par la jeune entrepreneure d’origine taïwanaise Chia-Yi Tung. La présidente d’Orchimédia confie, en effet, que «pour faire affaire avec les Québécois, il faut les connaître, comprendre comment ils font les choses, leurs processus de décisions, on ne peut pas travailler avec eux en conservant nos habitudes apprises chez nous, dans nos pays d’origine, il faut le faire à leur manière.»

Au micro de «Média Mosaïque», elle raconte que «les débuts d’Orchimédia ont été très difficiles, j’ai dû m’informer énormément et j’ai appris bien des choses pour m’inculquer la culture d’affaires du Québec en général. Comment les gens font les affaires ici, quels sont les réseaux importants ? J’ai dû travailler très fort pour franchir la barrière de la langue».

 

La volonté fournit une carapace

Évoquant le défi supplémentaire auquel elle a dû faire face en tant que Taïwanaise, Mme Tung, qui finit pourtant par s’exprimer dans un savoureux français, estime que «cette langue (le français) est la plus difficile à apprendre au monde pour les gens de ma communauté d’origine».

Elle récolte cependant les fruits de cet effort qui demeure titanesque pour d’autres. Car, a-t-elle, elle-même, évalué, «après quelques années d’apprentissage et de veille d’information, maintenant je suis en mesure de mieux naviguer dans ce marché et traiter avec les autres entreprises québécoises».

«Orchimédia c’est vraiment une entreprise de services avec une niche spécialisée haut de gamme offert à toutes les entreprises québécoises et canadiennes. Dès le départ, c’était très clair dans ma tête il n’était pas question de desservir uniquement ma communauté taïwanaise ou asiatique», a témoigné Chia-Yi Tung à MEDIAMOSAIQUE.Com.

 

 

MEDIAMOSAIQUE.Com Articles reliés

 

PHOTOS MEDIAMOSAIQUE.Com (En haut, quelques visages de nouveaux arrivants. Au milieu, le directeur général du SAJE, Michel Fortin, tandis qu’en bas, la présidente d’Orchimédia, Chia-Yi Tung)