Les jeunes, inquiets de l’avenir du monde, Bernard Landry plutôt optimiste (FID 2010)

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – L’ex-premier ministre, devenu aujourd’hui professeur ou mieux pédagogue, semble adorer ce genre d’exercices. Parler à la jeunesse l’intéresse énormément et à l’Espace tunisien de la Famille dans le quartier Côte-des-Neiges,  où il s’adressait à un auditoire international  de jeunes, l’a été encore plus pour lui, avait constaté sur place un journaliste de l’Agence de presse Médiamosaïque.

À preuve, l’actuel professeur de l’UQÀM et de Polytechnique, âgé aujourd’hui de 73 ans, a accepté d’être le conférencier alors que le jour-même ses enfants et petits-enfants l’attendaient avec impatience à la maison pour célébrer son anniversaire de naissance. Et, pour démonter qu’il est un adepte de l’interpénétration culturelle, Landry a révélé qu’il allait «manger du couscous en famille» alors que celle-ci ignorait qu’il avait paradoxalement répondu à une invitation maghrébine. Un aveu qui lui a valu des applaudissements de l’assistance.

Vers un monde de plus en plus pacifié?

Bernard Landry a tenté de rassurer les jeunes en soutenant que la planète ne va pas revivre les atrocités, les guerres épouvantables  des années 1930. Évoquant le terrorisme qui donne de la trouille aux Occidentaux et qui leur a fait dépenser des milliards de dollars en sécurité, M.Landry croit que ce fléau, qui a ébranlé la confiance des gens et changé la face du monde d’aujourd’hui, ne devrait pas faire capituler la planète devant une poignée de terroristes.

Selon l’ex-No 1 du Parti québécois (PQ), le genre humain a cheminé pas mal et la civilisation a adouci les mœurs, la technologie a fait trop progrès pour nous éviter les monstruosités des années 30. «Au lieu de lancer un bombardier sur un pays ou sur une ville, les dirigeants actuels pensent maintenant à envoyer mille diplomates», a-t-il soutenu.

Bémols des jeunes

Répondant aux inquiétudes  de certains jeunes qui ont remis en question son optimisme non sans bornes, loin de renoncer à sa thèse, l’ex-premier ministre a insisté en se servant de quelques anecdotes bien senties. Il révèle que son père, qui est décédé à l’âge de 50 ans, aurait pu survivre si, dans le temps, les cardiologues étaient équipés comme ils le sont aujourd’hui. Il a cité également le cas également du PDG du fleuron québécois de l’aéronautique, Bombardier, qui a subi un quadruple pontage coronarien il y a vingt ans déjà et qui continue d’offrir ses précieux services à la compagnie. Cela n’aurait pas été possible dans les années 30, a-t-il comparé.

Mais le réveil actuel des nationalismes n’est pas sain et pourrait même occasionner des guerres, lui fait remarquer un autre jeune, plutôt méfiant et dubitatif. Le retraité politicien a rectifié en soutenant que tout n’est pas à rejeter dans ce bouillonnement identitaire qui a le vent en poupe actuellement un peu partout. Rejetant toute prétention de supériorité d’une quelconque nation par rapport à une autre, Bernard Landry décèle cependant une vertu de cette quête identitaire, parce que, a-t-il soutenu, cela évite la pensée unique et favorise une diversité de vues dans l’inventivité humaine. Il dénonce, au passage, le nationalisme ethnique qui ne doit, selon lui, définir la frontière d’une nation. À ce titre, Landry se définit : «je ne suis pas un nationaliste, je suis un patriote». Il évoque en ce sens le cas de Maka Kotto qui est, comme lui, un indépendantiste québécois, alors que Kotto est pourtant né au Cameroun et grandi en France avant de devenir Québécois.

Souverainiste convaincu, Bernard Landry n’a pas raté l’occasion de le réaffirmer en réagissant à une question qui rappelait que le Canada n’alloue même pas la moitié du minimum exigé par l’ONU aux pays riches (0,7% de leur PIB) en termes d’aide au développement aux nations moins nanties du monde. L’ex-député de Verchères a évoqué le cas d’Haïti envers qui les Québécois font toujours preuve d’une extrême générosité depuis des décennies. «Je paye mes taxes à une autre nation (le Canada) qui les dépense mal et à sa guise, voilà pourquoi il nous faut l’indépendance du Québec», a martelé l’ex-premier ministre.

«Un échange fructueux»

En entrevue à l’Agence de presse Médiamosaïque quelques instants après son exposé, M.Landry n’a pas caché sa satisfaction : «j’ai trouvé cela très fructueux par ce qu’il y avait avant tout un dialogue. J’espère qu’ils ont appris beaucoup de moi et j’en ai appris d’eux c’est un partage d’opinion. J’ai bien aimé ces quelques heures passées en leur compagnie.»

Questionné sur son optimisme béat, il s’explique : «ce que j’ai dit à la jeunesse d’aujourd’hui, c’est que les horreurs qui se sont passées depuis 1930 ne sont pas à jamais conjurées, mais c’est beaucoup moins dangereux. Est-ce que l’Allemagne pourra attaquer la France comme ça aujourd’hui, le Japon, qui a des problèmes avec Toyota, pensez-vous qu’il va attaquer Pearl Arbor (USA)?»

Satisfecit des organisateurs

Satisfait de la tenue de ce sommet qui se déroule sous le leadership de son pays d’origine, le consul de la Tunisie à Montréal, Imed Sassi, a félicité l’ex-premier ministre du Québec pour son éloquence et sa disponibilité pour les jeunes. M. Sassi a même remis une plaque au nom de la République de la Tunisie à l’intéressé. Il a rappelé que Montréal a été choisie pour la tenue du Forum international de discussion (FID 2010) «parce qu’il s’agit de l’une des plus grandes villes multiculturelles à travers le monde».

«Les Tunisiens de Montréal ont eu l’idée d’organiser ce forum en accueillant ici des jeunes provenant de 25 pays pour parler du futur et du rôle de la jeunesse. C’est un marathon de 3 semaines proposé par la Tunisie dans le cadre de la proclamation de l’année 2010 comme «année  internationale de la jeunesse» par l’ONU suite à une proposition du président Ben Ali», s’est félicité le diplomate.

Se référant au thème choisi pour le déroulement de ces assises, «jeunesse d’aujourd’hui, décideurs de demain», Imed Sassi a toutefois laissé entendre que «le plus difficile va être l’adoption de la fameuse charte que les jeunes veulent proposer à l’ONU. Il s’agit d’une page, pas deux,  avec des thématiques traitées préalablement  par les jeunes qui puisse rejoindre l’assentiment de tous lors de la conférence internationale de la jeunesse programmée par l’ONU».

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PHOTOS MEDIAMOSAIQUE (En haut et en bas, l’ex-premier ministre du Québec, lors de sa conférence à l’Espace tunisien de la famille au Forum international de discussion FID 2010, le dimanche 14 mars 2010 à Montréal)