Wyclef Jean: «Les USA ont le président Obama, Haïti a Wyclef Jean»

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L’ex-No un de Fugees, Wyclef Jean, a prédit jeudi à Port-au-Prince la victoire de sa plateforme politique «Viv Ansan-m (Vivre ensemble)» dans le cadre de l’élection présidentielle du 28 novembre prochain en affirmant que «les USA ont le président Obama et Haïti a Wyclef Jean».

 

Avertissement à l’establishment et à ses rivaux

Devant plusieurs milliers de sympathisants venus le supporter, alors qu’il venait de déposer officiellement ses pièces, la star du hip hop a lancé une mise en garde à peine voilée au Conseil électoral provisoire (CEP) contre tout éventuel rejet de sa candidature en raison de sa présumée nationalité américaine.

Accompagné de sa femme et de sa fille, M.Jean a de nouveau déclaré n’avoir jamais eu la nationalité américaine et tenait à rappeler qu’il avait, à la face du monde, brandi sa carte électorale et rempli ses «devoirs de citoyen haïtien» en votant lors de la présidentielle de 2006 pour le candidat (actuel président sortant) René Préval.

Rejetant les critiques formulées par ses détracteurs, il affirme avoir remis son «passeport haïtien» aux autorités électorales et se défend d’être un «candidat de la diaspora» pour avoir vécu pendant près d’une trentaine d’années aux USA après son départ d’Haïti à l’âge de neuf ans. D’où son français approximatif et son créole rouillé.

 

Intervention remarquée sur CNN

À Larry King, sur la chaîne d’information en continu CNN, à laquelle il a accordé sa première entrevue quelques instants après l’enregistrement de son dossier de candidature, le chanteur, devenu politicien, a poussé l’animateur du show à dire en créole «sak pasé» (comment ça va? En français) et précisé que le séisme avait anticipé son désir de briguer la présidence d’Haïti.

«J’ai toujours eu en tête l’idée de servir mon pays», a dit le candidat Wyclef Jeannel Jean. Mais depuis la catastrophe, «je sens que je suis réclamé par la population, pour lui offrir un nouveau visage, une nouvelle voix», a ajouté l’artiste dont les propos sont rapportés par l’Agence de presse Média Mosaïque».

Évoquant, toujours sur CNN, les raisons motivant sa décision de se présenter et son sentiment d’appartenance envers son pays d’origine, M. Jean a précisé que sa femme est une native de la ville de Jérémie (Grand’Anse-Haïti) et que lui, sa femme, sa fille et sa mère, disposent déjà suffisamment d’argent pour vivre aisément.

 

«Face-à-face» avec le peuple

Un peu plus tôt, en présence de ses partisans, en majorité des jeunes, Wyclef Jean déclare avoir toujours estimé nécessaire de se draper du bicolore haïtien, partout sur les grands podiums internationaux, pour faire passer un message, à savoir que «les Haïtiens restent et demeurent le premier des peuples noirs dans toute l’histoire» de l’humanité.

«Face-à-face», tel est le slogan de la campagne électorale de la megastar dont la fortune a débuté avec  «The score (l’album le plus vendu de l’histoire du hip-hop avec 15 millions d’exemplaires écoulés), et qui a mené, depuis une dizaine d’années, une carrière solo avec succès. Selon lui, plus de 200 ans après l’indépendance, le pays droit enfin pouvoir se nourrir, éradiquer l’analphabétisme, avoir droit à la sécurité, encadrer sa jeunesse, offrir des emplois à ses cadres et travailleurs. 

 

L’«effet Wyclef» au pays et dans la classe politique

N’ayant pas vu venir la carte Wyclef, le parti au pouvoir «INITE (Unité)», se trouve, pour l’heure, dans  l’inconfort ou la tourmente la plus totale. En dépit de la désignation officielle de l’ex-PM Jacques Édouard Alexis (JEA) par René Préval, des ténors au sein de la même formation politique montent publiquement aux barricades pour dénoncer un tel choix du président sortant.

Selon ces derniers, face à un Wyclef Jean (dans la trentaine) qui risque de drainer les couches les plus démunies et les jeunes en particulier, le camp au pouvoir risque de mordre la poussière en présentant la candidature de JEA (dans la soixantaine), une figure, rappelons-le, qui a été désapprouvée en 2008 lors des «émeutes de la faim» par des manifestants en furie et par une motion de censure du Sénat de la République.

À noter que, moins d’une dizaine de prétendants ont déjà fait officiellement acte de candidature dans cette course présidentielle. Quelques heures avant, au cours de la même journée, Wyclef Jean a été précédé d’un autre chanteur populaire haïtien, Michel Martelly alias «Sweet Micky» et du maire de Delmas (une banlieue de la région métropolitaine de Port-au-Prince), Wilson Jeudi.

Accusé d’être à la solde du pouvoir et de violer la Constitution du pays, le Conseil électoral Provisioire, qui doit organiser la présidentielle, les législatives, municipales et locales, a fixé la date du 7 août pour le dépôt des candidatures. Différents partis et plateformes électorales de l’opposition jurent de ne pas participer à ce scrutin sous la houlette de ce CEP, dirigé par Gaillot Dorsainvil, dont ils réclament le départ.  

  

 

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PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com Cr Reuters (La star du hip hop Wyclef Jean prend un bain de foule avant d’haranguer ses nombreux supporters dans les parages des locaux du Conseil électorale provisoire CEP)