Vers une « ville pilote » administrée par la diaspora haïtienne du Québec

1420

MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – L’idée d’un projet visant la prise en charge d’une communauté de moins de 20 000 habitants en Haïti a été adoptée par les participants à l’issue de la deuxième assemblée de la « Conférence populaire des Haïtiens de Montréal » le 7 mai dernier dans la métropole québécoise, a constaté l’Agence de presse Médiamosaïque.

« La contrepartie haïtienne de la reconstruction »

Cette contribution doit être perçue comme « la contrepartie haïtienne de la reconstruction », a fait savoir le promoteur principal de ce projet, Jean-Ernest Pierre, qui estime déjà qu’une telle initiative « va coûter beaucoup d’argent ».

« Les communautés de la diaspora haïtienne doivent se préparer à injecter de fortes sommes dans un tel projet, car cela va être l’occasion pour les Haïtiens de faire la démonstration qu’ils peuvent eux-mêmes investir dans leur pays sans quémander l’aide des ONG ou de la communauté internationale », a fait valoir le No 1 de CPAM.

Cela va se passer où?

Le président de la « Conférence populaire des Haïtiens de Montréal » a toutefois refusé de lever le voile sur le site qui va accueillir ce projet. Il s’est borné à dire que  » le lieu n’est pas encore connu, non pas parce qu’on ne veut pas l’identifier, mais parce qu’on veut laisser à tout le monde l’opportunité de se prononcer sur ce premier projet pilote ».

« On sait toutefois qu’il s’agit d’un lieu de moins de 20 000 habitants, situé naturellement dans un milieu retiré, pas dans un centre urbain. Tout y sera de façon à ce que les gens puissent y vivre décemment: eau, électricité, routes, aménagement territorial, etc. C’est ce qu’on connaît pour l’instant, le reste est à venir », a-t-il avancé sans fournir davantage de précisions.

L’apport de « toute la diaspora »

Pour matérialiser ce projet, les initiateurs envisagent de rallier, disent-ils, toutes les forces de la diaspora haïtienne vivant au Québec, au Canada, aux USA et même de l’Europe.   » On veut impliquer tout le monde dans ce projet « , a martelé le promoteur principal.

Si un autre membre de l’organisation, Ismael Rebert, a déploré l’absence d’une foule imposante au buffet Cristina pour l’occasion, le Pdg de la radio haïtienne de Montréal s’est, en revanche, félicité d’avoir réuni, a-t-il dit, ‘ »un public de qualité, très attentif  » qui a vite compris la portée d’une telle initiative.

« Jamais trop tard pour les peuples »

Résumant au micro de l’Agence de presse Médiamosaïque l’essentiel de son intervention, le professeur Donald Cuccioletta, un des conférenciers lors de cette activité, affirme avoir plaidé « pour une démocratie qui nécessite une deuxième révolution haïtienne. Cette fois, a-t-il insisté, le peuple et les citoyens transnationaux (les membres de la diaspora) doivent être parties prenantes ».

« C’est les peuples qui créent les nations, qui créent les institutions pour se gouverner. Il n’est jamais trop tard pour les peuples », a-t-il soutenu en comparant la situation d’Haïti à celle de l’Italie qui a su se relever alors qu’au début du siècle dernier, a-t-il rappelé, ce pays n’avait rien à offrir à des millions d’Italiens qui ont dû s’exiler pour fuir la misère.

Cuccioletta, qui est connu au Québec pour ses idées de gauche, prédit que « la tâche va être immense et difficile pour les Haïtiens qui auront à affronter et la communauté internationale qui n’a pas nécessairement les mêmes intérêts que le peuple haïtien et les innombrables ONG qui ont leurs propres agendas ».

Une gouvernance économique à déterminer

Si Haïti veut se lancer  dans la voie de la modernité, l’expert en gouvernance, Wilson Saintelmy, pense, de son côté, que ce pays de la Caraïbe doit définitivement s’engager à remplir des pré-conditions à même de définir clairement un programme de développement  économique qui vaille la peine et qui apporte des résultats.

Les recherches de Saintelmy lui ont permis de camper différents paradigmes de gouvernance économique expérimentés un peu partout à travers la planète depuis les années 60. Il a cité, entre autres, « le modèle communiste qui a disparu en 1990, celui de l’Amérique latine  préconisé par le Chili, l’Argentine et surtout par le Brésil, le modèle est-asiatique et le modèle africain ».

Selon lui, Haïti calque un peu le modèle africain qui a piteusement échoué. S’il estime que le modèle latino-américain est un « semi-succès », donc incapable de rivaliser celui des pays du Nord, il voit dans le cas Est-asiatique un  » succès spectaculaire » dont Haïti pourrait largement s’inspirer au lieu de persister à s’engager dans la voie tracée par Washington rejetée par les Asiatiques.

À noter que, à part Donald Cuccioletta et Wilson Saintelmy, deux autres conférenciers ont également pris part à ce nouveau rassemblement de la « Conférence populaire de Montréal », en l’occurrence, le géologue haïtien Claude Preptit qui avait prédit l’imminence du tremblement de terre du 12 janvier 2010 et le Dr Jean Fils-Aimé, auteur de plusieurs publications.

MEDIAMOSAIQUE.Com Articles reliés:

PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com-  (Quelques organisateurs et panélistes de la Conférence populaire des Haïtiens de Montréal lors de la 2e édition le 7 mai 2011 au Buffet Cristina. De gauche à droite, Ismael Rebert, Jean-Ernest Pierre, Donald Cucioletta, Wilson Saintelmy)