Un Québécois derrière le design du nouveau Jeep Wrangler

1223

MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE Avec QMI) – Pour une première fois en 10 ans, le Jeep Wrangler a été présenté sous une nouvelle génération. Et il y a un Québécois qui a eu un grand rôle à jouer là-dedans

Né à New York, Ralph Gilles n’avait qu’un an quand ses parents se sont installés à Montréal. C’est là qu’il a grandi, et c’est surtout là qu’il est tombé en amour avec l’automobile. «Il y avait une grande culture automobile associée à Montréal, des Civic montées aux gros Muscle Cars», se rappelle-t-il.

Mais au-delà des voitures de tous les jours, c’est la Formule 1 qui a donné la piqure du design à Gilles. «Quand la F1 arrivait en ville, les gens de Toronto et de New York débarquaient avec des voitures spectaculaires», se souvient-il, les étoiles dans les yeux.

Impressionné par la beauté de bagnoles comme la Lamborghini Countach ou la Porsche 911, le jeune garçon qu’était Ralph Gilles s’est alors mis à se questionner. Pourquoi certaines voitures étaient-elles aussi belles alors que la majorité d’entre elles passaient tout simplement inaperçues?

«Dans les années 80, les voitures étaient relativement laides, mis à part les exotiques», se souvient Gilles. «Je pensais à ça et je dessinais à la maison tout le temps, je feuilletais sans cesse les magazines automobiles», poursuit-il, alors convaincu qu’il y avait moyen de faire mieux avec les voitures ordinaires.

À 17 ans, Ralph Gilles a quitté Montréal pour poursuivre ses études aux États-Unis. C’est là-bas que les meilleures écoles de design se trouvaient, et Ralph avait la ferme intention de transformer sa passion en profession.

Avec le recul, c’était définitivement la bonne chose à faire. Parce qu’aujourd’hui, Ralph Gilles est l’un des plus grands noms de l’industrie automobile. Et depuis 2015, c’est le grand patron du design chez Fiat Chrysler Automobiles.

Un véhicule plus grand que nature

Des défis, Ralph Gilles en a relevés des tonnes depuis son arrivée chez Chrysler en 1992. Et superviser le développement du nouveau Wrangler fait partie des plus difficiles.

«C’était un projet très intimidant», résume sans détour Gilles, soulignant à quel point le Wrangler a une aura spectaculaire chez Jeep. «C’est plus gros que nous-mêmes.» On ne saurait dire mieux.

Héritier direct du Willys, un véhicule militaire construit pour l’armée américaine au début des années 40, le Wrangler conserve encore aujourd’hui un style très similaire à celui de son ancêtre. Et, parole de Ralph Gilles, ce n’est pas sur le point de changer.

«On avait un Willys qu’on a coupé en deux et qu’on a mis sur le mur du studio pour nous rappeler où tout a commencé», explique le grand patron. Pour lui, le respect de l’héritage du Wrangler était une priorité. «On a fait quelques expériences avec l’aide d’étudiants en design, mais c’était inutilement radical», confie-t-il.

Résultat, le Wrangler 2018 dessiné par Ralph Gilles et son équipe demeure excessivement similaire à l’ancien, surtout vu de l’extérieur. Après tout, pourquoi changer une formule gagnante?

Malgré tout, Ralph Gilles assure que tout a été mis en œuvre pour améliorer le Wrangler à tous les aspects. «Tout ce que le Jeep faisait, il le fait maintenant mieux», promet-il. Selon lui, c’est dans les détails que le nouveau Wrangler saura séduire son auditoire.

Maintenant que le véhicule est dévoilé, Ralph Gilles peut finalement respirer un peu. Mais déjà, le petit gars de Montréal doit superviser d’autres projets en vue des prochains lancements. Dans l’industrie automobile, on n’arrête tout simplement jamais.

Ralph Gilles a quitté Montréal depuis longtemps, mais n’allez pas croire qu’il a oublié d’où il vient. Il est fier de ses origines, et il ne manque pas une occasion d’en parler. D’ailleurs, ne soyez surtout pas surpris si vous le croisez sur Crescent, l’été prochain, durant la fin de semaine du Grand Prix.