Saintelmy demande des comptes à Hélène Parent de Radio-Canada (LETTRE OUVERTE)

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Suite à l’entrevue accordée par Hélène Parent à l’Agence de presse Médiamosaïque, dont les angles abordés ont fait l’objet de trois dépêches diffusées récemment sur notre site Web, le Lavallois Wilson Saintelmy, a jugé opportun de s’adresser directement, via le même canal, à la responsable de la direction «Diversité à l’antenne» de la SRC. La rédaction publie in extenso, dans les lignes qui suivent, la lettre de M.Saintelmy à l’attention de Mme Parent.

 

Lettre ouverte à Madame Hélène Parent, directrice de «Diversité à l’antenne» à la SRC

Question de vous mettre en contexte,  l’auteur de cette communication a fait partie du comité ad hoc mis sur pied en 2009 sous l’égide du CRARR ,  suite au désastreux «Bye Bye» de 2008. Les objectifs de ce comité furent alors d’ouvrir un dialogue constructif  avec la SRC  en vue de prévenir les dérapages qui ont fait du «Bye Bye» 2008 un hymne à la médiocrité en matière de variétés télévisuelles. Il n’est nullement de mon propos que de revenir ici sur cet épisode fort malheureux, condamné aussi bien par le CRTC que par le CNNR . D’autant plus que, selon vos dires, Madame Parent,   la SRC, sous le leadership de Sylvain Lafrance, s’est démocratisée; Tout comme elle est devenue, toujours selon vous,  plus hospitalière aux accents colorés.  Telle est ma compréhension de la citation qui suit, extraite de votre entrevue à Média Mosaïque et diffusée par cette dernière le vendredi 26 février 2010.

«Maintenant, on s’est démocratisé depuis l’arrivée de Sylvain Lafrance qui a fait  de Radio Canada un outil de diffusion et de cultures et c’est un discours qu’il répète souvent devant ses troupes», a noté la directrice de «Diversité à l’antenne».

Puis-je vous demander, Madame Parent, quel genre d’outil que fut Radio Canada avant l’arrivée de M. Lafrance? Toujours dans la même entrevue, vous avez déclaré et je cite :

«Je dois vous dire qu’au cours des quinze (15) dernières années, il y a des accents qui sont rentrés à Radio Canada. À « Espace Musique », par exemple, il y a beaucoup d’accents de nos animateurs et les gens adorent ça. Ça colore le quotidien et ça va colorer l’antenne chez nous».

Puis-je vous demander les statistiques à l’appui de cette dernière affirmation, Madame Parent?
Alors que nous y sommes, permettez-moi de soumettre à votre attention un questionnaire demeuré jusqu’ici sans réponse, soumis depuis Mars 2009 aussi bien à Monsieur Sylvain Lafrance qu’au PDG de la SRC,  M. Hubert T. Lacroix? Le fait de ne donner suite aux questionnements des communautés ethnoculturelles fait-il également partie de la nouvelle stratégie et des nouvelles réalisations de la SRC en matière de diversité culturelle? Qu’en est-il, Madame Parent, des recommandations du  rapport sur la diversité culturelle rédigé en 2005 sous l’égide de Daniel Gourd, le prédécesseur de M. Lafrance? Que fut-il advenu de Daniel Gourd, peu de temps après avoir remis son rapport? Ces dernières questions posées,  voici, Madame Parent, le contenu du questionnaire adressé en 2009 à vos patrons avant leur virage pro-diversité culturelle. Une occasion en or  tant pour vous que pour la SRC de prouver vos dires mais aussi votre bonne foi.

Voici le questionnaire demeuré sans réponse adressé à la Haute Direction de la SRC en 2009

1) Quelle est la place de la diversité culturelle et de l’équité d’emploi dans les priorités stratégiques et objectifs opérationnels de la SRC?  Quel pourcentage de son budget annuel la SRC consacre-t-elle à la promotion de la diversité culturelle?

2) Quelles sont les mesures et actions  concrètes prises, envisagées et/ou anticipées par la SRC pour s’arrimer sur la dynamique socioculturelle de la société montréalaise et québécoise d’aujourd’hui? Comment ces mesures et actions se traduisent-elles sur le plan de la gouvernance stratégique et opérationnelle de la SRC?

3)  En quoi l’évolution de la culture ainsi que celle des processus, pratiques, procédures et politiques de la SRC miroitent-elles les enjeux de la diversité culturelle et de l’équité d’emploi tels qu’ils se posent dans notre société?

4) Quels sont les mécanismes mis en place par la SRC pour s’assurer que ses partenaires contractuels soient liés par ses propres stratégies institutionnelles (le cas échéant) relatives à l’expression de la diversité culturelle?  Quel est le bilan concret de telles stratégies et ce, aussi bien sur le plan de la création artistique et de la production que sur celui de la programmation, des opérations,  de la visibilité et de la représentativité ?  Comment un tel bilan se traduit-il en termes de pourcentage quant à la composition (a) du conseil d’administration? (b) De la haute direction? (c) Du personnel d’encadrement? (d) Du personnel technique et de soutien? (e) De la présence à l’écran? (f) de l’équipe journalistique?

5) Quel est le poids relatif des employés de la SRC issus de minorités visibles par rapport aux catégories suivantes: Employés permanents (%) ? Contractuels (%)? pigistes et temporaires (%)?  Population du Québec (%)? Population montréalaise (%)? Population canadienne (%)?

6) Comment se compare le bilan général du Service français de la SRC en matière de représentativité ethnoculturelle, d’abord,  par rapport à son pendant anglais? Ensuite, par rapport à l’industrie (excluant les services anglais)? Enfin, par rapport à la relève et à la jeunesse, issues des minorités ethnoculturelle (en termes de pourcentage)?

7)  À la lumière du bilan ci-dessus, comment le service français de la SRC évalue-t-il son apport à l’intégration des jeunes issus des minorités ethnoculturelles? À quoi la SRC attribue-t-elle sa performance telle que reflétée ci-dessus?

8) Quels sont les leviers et freins réels et éventuels identifiés par le service français de la SRC pour expliquer sa performance en matière de diversité culturelle? Quel bilan le service français de la SRC fait-il de son leadership en matière de diversité culturelle et d’équité d’emploi?

9) Quel est le plan de match du service français de la SRC dans le futur en matière de diversité culturelle et d’équité d’emploi? Comment se décline un tel plan de match à court, moyen et longs termes ainsi que par rapport aux priorités stratégiques et institutionnelles de la SRC?

10) À la lumière de son bilan et du point de vue de sa haute direction, jusqu’à quel point le service français de la SRC et la SRC elle-même se conforment-ils à leurs obligations statutaires et au cadre normatif canadien en matière d’équité d’emploi et de multiracialité?

11) La SRC s’objecterait-t-elle à ce que la Vérificatrice Générale du Canada intègre le cadre juridique canadien en matière d’équité d’emploi,  de multiracialité et de multiculturalisme dans son audit? Accepterait-elle que le CRTC en fasse également une condition du renouvellement de sa licence? 

L’enthousiasme qui transpire de votre  récente entrevue avec Média Mosaïque m’incline à croire que, contrairement à vos collègues, vous donnerez suite  au questionnaire ci-dessus. Il en va de votre crédibilité, de celle de votre vice Président M. Lafrance mais également de toute la haute direction de la SRC. Question d’imputabilité et de transparence informationnelle. J’ai fait le pari que vous prouverez vos déclarations à Média Mosaïque en donnant suite à la liste de questions soumises à votre attention ici.  

Tel que expliqué et réitéré à vos collègues lors d’une rencontre sans lendemain improvisée par la SRC en 2009 avec les membres du comité dont je fis alors partie,  les communautés ethnoculturelles rêvent d’une SRC à l’image du Métro Berri UQAM et non à celle de la SRC des années 1960. La vitalité de celle-ci  dépend d’un tel virage. L’auteur de la présente communication est convaincu que cela est possible sous réserve d’un  leadership visionnaire et d’une volonté politique à l’aune du défi à relever. D’autres radiodiffuseurs y sont parvenus. 
Au-delà du déclaratif, le factum doit suivre. Le silence de la SRC sur le questionnaire ci-dessus est indicatif de son bilan en matière de diversité culturelle et de multiracialité.  J’espère et je souhaite de m’être trompé.

En attendant de vos nouvelles et en vous remerciant d’avance pour votre coopération, je vous prie d’agréer, Madame Parent, l’expression de mes plus hautes et plus sincères considérations.

 

 

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Wilson Saintelmy
Expert en Gouvernance

PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com (En haut, la directrice de la «Diversité à l’antenne», Hélène Parent, en ses bureaux à Radio-Canada. En bas, le Lavallois d’origine haïtienne Wilson Saintelmy)