MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – L’anniversaire de naissance vendredi dernier du premier chef d’État noir de l’humanité, Jean-Jacques Dessalines (né le 20 septembre 1758), a réveillé le nationalisme du co-animateur d’une émission politique très écoutée en Haïti.
Un leadership «grandeur nature»
Détesté par ses rivaux et bourreaux, cet ancien esclave, devenu empereur jusqu’à sa mort le 17 octobre 1806, a commis le péché d’avoir arraché l’indépendance d’Haïti et infligé du coup une défaite sans appel à la puissante armée de Napoléon Bonaparte au début du 19e siècle (1804).
Peu connu en Occident, et même en Haïti où sa bravoure légendaire a affranchi les siens du joug de la servitude imposé par la France esclavagiste de Bonaparte, Dessalines, plutôt, son leadership, mérite, à en croire M. Valet, d’être enseigné «afin que les jeunes, qui ont une vue déformée, biaisée de l’histoire, sachent envers qui ils doivent avoir un minimum de redevance».
«Ce qui est bizarre: on fait passer Napoléon Bonaparte pour un grand homme de l’histoire, pourtant il n’y a pas eu pire criminel que Bonaparte. C’est un Blanc, on l’adore, mais Dessalines, c’est une bête, un sauvage», a dénoncé l’analyste politique lors de cette émission de la radio privée « Vision 2000 » captée à Montréal à l’Agence de presse Médiamosaïque.
Pourquoi le réhabiliter?
Parce qu’«on l’a assassiné physiquement, politiquement, on a vilipendé son caractère, certains ont même voulu l’extirper de votre mémoire de peuple», a défendu Daly Valet qui multiplie les conférences à travers le pays dans le but de réhabiliter la mémoire de l’empereur.
Évoquant une récente conversation « off the record » qu’il a eue avec un diplomate occidental, M.Valet se dit choqué, en tant qu’Haïtien, d’entendre ce dernier lui demander : «M. Valet, pouvez m’expliquer que 200 ans après votre indépendance, ce peuple, qui se vante d’avoir mis à genoux la grande armée de Bonaparte ici en Haïti, continue à mendier tout aux étrangers?»
«Génération Nouvelle Haïti»
Se réclamant d’une «mouvance citoyenne» qu’il a lui-même baptisée «La Nouvelle Haïti», il a déclaré, et nous le citons: «nous inscrivons dans notre dispositif doctrinal et programmatique la construction mémorielle prônant un retour aux sources, dans la modernité et le progrès, bien sûr, à nos valeurs ancestrales. Et cette construction mémorielle va se faire sur les ruines, encore fumantes, de toutes les destructions, de la démolition de la mémoire de nos ancêtres au cours du dernier quart de siècle passé».
Rappelant que Dessalines avait lui-même dit avoir commencé le travail et qu’il restait aux générations futures de l’accomplir en élevant le Noir au rang de peuple fier, M.Valet a regretté le fait que les Haïtiens d’aujourd’hui, 255 ans après la naissance de Dessalines, soient incapables de suivre l’itinéraire visionnaire tracé par leurs ancêtres.
Entre fatalité et optimisme
M. Valet, (qui vient de lancer le « Centre de recherche Nouvelle Haïti » et qui gère parallèlement le journal « Le Matin » et la nouvelle station « Radio Trans Inter ») déplore le fait que les enfants de la classe moyenne aisée ne fréquentent plus les milieux scolaires réputés prestigieux du pays au profit de la République Dominicaine (où l’on y compte, selon lui, plus de 15 000 étudiants haïtiens), des USA, du Canada et de la France.
Optimiste, mais réaliste, Daly Valet craint le pire en prévenant qu’Haïti risque de produire de plus en plus de gens moins imbus de leur histoire. Car, a-t-il dit, difficile de rêver quand ces centres de formation (qui constituaient la seule passerelle où se côtoyaient enfants riches et ceux de la classe moyenne), sont délaissées au profit des écoles étrangères dont les curricula n’ont rien à voir le passé glorieux d’Haïti.
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