Quand la fête du « cinéma black » défie Arcade Fire au centre-ville

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MONTRÉAL – Le lancement à l’Impérial du Festival international du film black de Montréal s’est révélé un franc succès le 22 septembre dernier. Un coup de maître de la part des organisateurs qui, pour bien amorcer la 7e édition, avait choisi de programmer le film français « Case départ ».

Salle comble

En effet, malgré une avalanche simultanée de décibels provenant du groupe montréalais, Arcade Fire, qui performait devant près de 100 000 personnes dans les parages de la rue de Bleury, quasiment en face du siège du ciné Impérial, le FIFBM a réussi son pari en faisant salle comble au point où des sièges manquaient pour plusieurs convives, avait constaté sur place une équipe de l’Agence de presse Médiamosaïque..

Indice témoignant sans ambages la fraîcheur, l’audace, les progrès enregistrés dans le cadre de cet événement qui s’octroie définitivement une place enviable dans un créneau exploité depuis plus d’un quart de siècle par le festival montréalais  » Vues d’Afrique « . Une preuve de plus pour ceux qui persistent à croire qu’il y a une demande pour compléter l’offre culturelle qui serait en pleine mutation à Montréal.

Comédie et esclavage: bon ménage?

Remplie comme un œuf pour l’occasion, la salle, comme l’auraient rêvé les deux acteurs-réalisateurs Thomas Ngijol et Fabrice Éboué, présents lors de cette grande première nord-américaine de ce long métrage, était complètement sous le charme. Pendue aux lèvres de Ngijol et d’Éboué, la majorité de l’assistance (75%) n’a pas quitté la salle pour se renseigner davantage sur ce film qui n’est rien d’autre qu’une comédie exploitant une thématique aussi poignante que l’esclavage.

Ces deux Français issus de l’immigration ont eu, à la fois, le culot et le génie d’imposer le rire dans un récit qui rappelle cette bêtise humaine (l’esclavage): le temps où des humains à teint pâle (des Blancs venant d’Europe), pour assouvir leur cupidité effrénée, exploitaient physiquement leurs homologues à la peau plus foncée (des Africains déracinés de leurs terres).

Réactions à chaud

En entrevue à l’Agence de presse Médiamosaïque, quelques instants après la projection, l’acteur-réalisateur Thomas Ngijol dit « remercier de tout cœur le public québécois qui a massivement fait le déplacement pour découvrir le film Case départ qui a battu des records d’entrées en France (environ deux millions) ».

Quant à la No un du Festival international du film black de Montréal, Fabienne Colas, aux anges pour l’occasion, cette ouverture officielle constitue « une grande victoire pour toute l’équipe. Je suis hyper-contente pour l’accueil que les Montréalais ont réservé à Thomas Ngijol et Fabrice Éboué. Les vedettes sont en joie, tout le monde est content, c’est une réussite totale, totale », a réagi Fabienne Colas en entrevue à Médiamosaïque.

« Nous avons eu un public extraordinaire qui a applaudi tout le long du film. Standing ovation à la fin, les gens sont restés pour les questions-réponses même après le visionnement du film, ça c’est très rare. Franchement, c’est génial, on ne pouvait pas rêver mieux. Un coup comme ça c’est très prometteur, ça me donne du courage pour le festival parce que quand on travaille pendant douze mois pour le public, on ignore comment il va réagir. Et quand tu vois ça…tu dis wow! Parce que c’est difficile de faire le choix du film d’ouverture. Il y en a tellement de films (125), on a toujours peur de ne pas faire le bon choix, mais là-là l’objectif a été atteint », jubile Fabienne Colas.

Vers une motion à Montréal condamnant l’esclavage

Le conseiller de l’arrondissement de St-Michel, Frantz Benjamin, après avoir visionné le film Case départ, a confié à l’Agence de presse Médiamosaïque, son intention de déposer une motion afin que la Ville de Montréal reconnaisse l’esclavage comme un « crime contre l’humanité ».

Une fois enclenché à Montréal, le processus sera étendu aux autres mairies du Québec et du Canada. Car, a-t-il dit,« si en France, le Parlement a ratifié une loi reconnaissant l’esclavage comme un « crime contre l’humanité », le Canada ne l’a pas encore fait. Un pays comme le Canada doit reconnaître la monstruosité d’un tel crime à l’endroit des populations africaines. »

À noter que, parmi les personnalités connues présentes lors du coup d’envoi de cette 7e édition, citons entre autres, côté artistique, Pierre Verville, Sugar Sammy, Dorothy Rhau, Luck Mervil, Senaya, Joe Bocan. Dans le monde politique, on avait remarqué la présence de l’ex-députée fédérale du Bloc Québécois, Vivian Barbot, le conseiller municipal Frantz Benjamin, la responsable du Soutien aux élus et Relations interculturelles à la Ville de Montréal, Fadima Diallo.

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PHOTO MEDIAMOSAÏQUE/Cr Hubert Molaire (En haut, une vue de l’Impérial remplie à pleine capacité lors du lancement de la 7e édition du Festival du Film Black. En bas, sur le podium, les acteurs-réalisateurs Thomas Ngijol et Fabrice Éboué en compagnie de Émile Castonguay, directeur de la programmation du FIFBM, et dans l’assistance Fabienne Colas la présidente du FIFBM)