P.R.Casimir : «C’est mieux d’arrêter le programme maintenant»

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QUESTION: Pierre-Richard Casimir*, vous aviez été aux côtés de la ministre de l’Immigration pour annoncer la fin du programme spécial pour Haïti alors que cette décision met en colère bon nombre de gens, comment vous comprenez cela?

PIERRE-RICHARD CASIMIR: Le gouvernement du Québec avait fait preuve d’ouverture en annonçant qu’il était prêt à accueillir 3 000 personnes dans le cadre de ce programme. Nous avons toujours travaillé avec le Québec et quand ils nous ont appelés pour nous dire qu’ils ont atteint leur quota. Nous disons Ok, ils ont réussi à atteindre leurs objectifs, c’est pourquoi nous étions présents pour les remercier de ce geste de solidarité.

 

QUESTION: Il y a des gens qui affirment qu’on vous a utilisés, vous et le député Emmanuel Dubourg, pour calmer les gens qui n’étaient pas encore prêts et qui pourraient mal accueillir une telle décision, qu’est-ce que vous en pensez?

PIERRE-RICHARD CASIMIR: Ce n’est pas comme ça que je le vois. Au départ, il faut identifier les objectifs. Les objectifs c’était quoi? C’était d’accepter 3 000 personnes qui soient capables de s’intégrer à la société québécoise. Dès l’instant qu’ils nous ont dit qu’ils étaient en mesure de trouver ces 3 000 personnes-là, nous n’avions qu’à exprimer notre satisfaction par rapport à ce programme-là.

 

QUESTION: Vous, quand vous aviez entendu qu’il restait une semaine pour que les gens déposent leurs dossiers, est-ce que vous aviez pris des dispositions au niveau du Consulat pour apporter l’aide qu’il faut à la communauté?

PIERRE-RICHARD CASIMIR: On avait accompagné les gens et il y avait de l’aide à la Maison d’Haïti. Quand nous avions eu l’information que 82% des demandes déposées ont été agréées par le Québec, cela veut dire que les dossiers présentés ont été bien préparés. À mon avis, il vaut mieux arrêter le programme aujourd’hui au lieu de continuer à recevoir des dossiers et faire croire à gens qu’ils allaient pouvoir rentrer au Québec, alors que dès l’annonce de ce programme il était clair qu’on n’allait pas recevoir au-delà de 3 000 personnes.

Et, aussi, ils ont dit qu’ils veulent respecter le point de vue du premier-ministre Bellerive qui avait dit qu’il ne faut pas vider Haïti de ses ressources. S’il est vrai qu’il faut donner satisfaction aux gens qui veulent faire venir leurs proches à Montréal, il est tout aussi bien qu’Haïti puisse bénéficier des ressources de ses fils, on ne peut pas vider le pays.

 

QUESTION: Qu’est-ce que vous diriez aux gens qui estiment qu’il s’agit d’une mauvaise décision?

PIERRE-RICHARD CASIMIR: Moi, je pense que c’est mieux d’arrêter le programme maintenant parce que si l’on continuer d’accepter, on risque d’avoir beaucoup plus de gens qualifiés que de gens pour lesquels on a la capacité d’accueillir. Naturellement, je suis d’accord avec certaines personnes qui pensent qu’on pourrait donner un délai beaucoup plus long de trois à quatre semaines. Mais chaque pays à sa souveraineté en  matière d’immigration, nous en tant que gouvernement haïtien, nous devons respecter la politique tracée par le Québec et le Canada en ce sens.

 

QUESTION: Est-ce que vous, en tant que consul,  avez pris le pouls dans la communauté haïtienne?

PIERRE-RICHARD CASIMIR: Moi j’ai entendu des proches de gens, parmi le millier qui ont déjà reçu leur certificat de sélection, et l’on sait qu’il y a aucun d’entre eux qui à avoir quitté Haïti. J’ai entendu beaucoup de complaintes à ce niveau-là, je pense qu’au niveau du fédéral, on doit pouvoir aller plus vite, c’est aussi mon souhait, pour que ces gens-là puissent obtenir satisfaction le plus vite possible.

 

QUESTION: Vous dites que vous n’étiez pas là pour mieux faire avaler la pilule à votre communauté?

PIERRE-RICHARD CASIMIR:  Pas du tout. Nous n’y étions pas pour faire avaler aucune pilule. J’ai été là pour exprimer ma satisfaction au nom des 3 000 bénéficiaires de ce programme-là, mes remerciements auprès du gouvernement du Québec pour cette preuve d’ouverture. Je comprends la colère de ceux qui étaient en retard, mais il faut aussi comprendre que le fait que l’on avait fixé le nombre voulait dire qu’on allait pas pouvoir accueillir tout le monde. On avait dit 3 000 et on a atteint le chiffre de 3000, je vois qu’on respecte ce qui a été dit, c’est comme ça que je le vois.

 

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PHOTO: Pierre-Richard Casimir*, avocat de profession, est le consul de la République d’Haïti à Montréal