Moise Mougnan: «un désaveu de Jean Charest à Yolande James»

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QUESTION: En tant que membre de la communauté africaine, Moïse Mougnan, vous avez un commentaire par rapport à la suspension subite du programme de parrainage humanitaire spécial mis en place par le Québec pour Haïti?

MOÏSE MOUGNAN: Tout à fait, je pense que c’est une insulte à la communauté haïtienne parce que tout le monde savait que ce programme allait prendre fin le 31 décembre. J’étais surpris de voir la ministre annoncer tout bonnement cela comme ça. 

Je pense que c’est désaveu du gouvernement à son ministère, à la ministre elle-même, à sa propre personne. Il revient à elle d’en tirer les conséquences. Par solidarité gouvernementale, quand vous annoncez un programme, vous devez le respecter jusqu’au bout. Si on ne livre pas la marchandise, soit la ministre a un problème de compétence, soit son propre chef remet ses compétences en cause et cela affecte désormais sa crédibilité.

 

QUESTION: Mme James affirme pourtant qu’elle respecte sa promesse, à savoir, sa décision d’accueillir 3 000 personnes?

MOÏSE MOUGNAN: Ça c’est de la politique! C’est de la politique! Le chiffre même est insultant! Comment d’ailleurs parler de 3 000 personnes quand il y a une catastrophe d’une telle ampleur, quand plus d’un million et demi de gens dorment sous des tentes et vu les liens historiques et d’amitié entre le Québec et Haïti, vu l’apport des Haïtiens au Québec, vu ce que les Haïtiens ont fait pour le  Québec, c’est une insulte. Dites à Yolande James d’aller s’informer, d’aller se renseigner sur l’histoire récente du Québec,  les Haïtiens ont participé à la Révolution Tranquille…

En plus de ça, elle demande des sommes astronomiques et le pire elle a lancé à la télévision un ultimatum de moins d’une semaine aux gens pour qu’ils déposent leurs dossiers alors qu’elle sait que tous les bâtiments sont tombés, le nombre de gens qui sont morts, ça c’est de l’irrespect.
Franchement, se comporter ça, on l’a fait parce que les Haïtiens sont des Noirs. Il ne faut pas aller par quatre chemins parce que dans bien d’autres cas, on a déjà vu le gouvernement accueillir des gens venant de diverses parties du monde.

Je dois tout de même préciser qu’il ne faut pas confondre le gouvernement du Québec avec la population québécoise. La population a généreusement fait sa part, on a pris note de ça. On parle là de la politique du gouvernement et du ministère en question, c’est deux choses différentes.

Bref, il faut aussi voir ça comme un désaveu de Jean Charest à Yolande James. C’est un désaveu  pur et simple.

 

QUESTION: La ministre parle de la capacité d’accueil du Québec qu’il faut respecter

MOÏSE MOUGNAN: Écoutez, même si on devait accueillir 10 000. Combien d’immigrants que le Québec accueille-t-il par année? Pourquoi c’est par rapport à Haïti qu’on dit qu’on ne peut pas accueillir…D’abord le pays est proche, il y a une forte communauté, les gens ont de la famille, il y a l’histoire, il y a les liens d’amitié. Quand on vous parle de la capacité d’accueil, c’est tout simplement de la fourberie…

 

QUESTION: Y a-t-il une leçon à tirer au bout du compte?

MOÏSE MOUGNAN: Je pense que la communauté doit se mobiliser. Non pas pour organiser des réunions, mais pour s’organiser en véritables lobbies parce que nous sommes chez nous au Québec, nous contribuons à la richesse de cette collectivité, où est le retour sur investissement?

 

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*PHOTO: Moïse Mougnan est éditeur et propriétaire de la maison d’édition Les Éditions Grenier à Montréal.