Médias ethniques: l’heure à la convergence et la concentration au Québec

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Par Bouazza Mache

MONTRÉAL – Si l’on en croit le Guide des médias 2013, publié par Infopresse en collaboration avec le Conseil des Directeurs Médias du Québec Inc., et qui compile des données de différentes ressources, les dépenses publicitaires au Québec en 2011 se sont élevées à plus de 2630 millions de dollars. De ce montant, au moins 2,5%, (soit environ de 65 millions de dollars) proviennent des différents paliers gouvernementaux. Combien de dollars sont-ils alloués aux agences, aux publications, bref aux médias de la diversité? Une grande question qui mérite bien un long arrêt.


Imbu de la situation, le gouvernement doit agir…

Rappelons que, dans un avis présenté à la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles par le Conseil des Relations Interculturelles en 2009, les auteurs avaient énuméré un ensemble d’études qui analysent et documentent le traitement alarmant et stéréotypé des informations relatives aux groupes ethniques, leur sous-représentation dans les métiers des médias et la décroissance de nombre des médias qui les visent. Hélas, de 2009 à 2012, la situation ne s’est guère améliorée.

La même étude approuvée par le Gouvernement du Québec stipulait qu’en termes de revenus des médias ethniques, “Ils [médias ethniques] ne pourront pas bénéficier d’une partie du budget de placement média du gouvernement. Celui-ci, par l’entremise de ses ministères, organismes et sociétés, s’est donné comme objectif de dédier 4 % de ce budget aux médias communautaires.”

La solution? En deux phases et avec les deux parties concernées comme une partie de tango, en favorisant les groupes ethniques sur toute la chaine de valeur, à savoir, la production du contenu, sa présentation et sa diffusion, les métiers des médias, ainsi que l’industrie publicitaire.

Pour le gouvernement, il est temps, comme pour la loi sur l’égalité d’accès à l’emploi, et à l’instar de la Stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones (SAEA) qui, depuis sa création en 1996, a favorisé l’émergence de plus de 100 000 marchés d’une valeur totale de 3,3 milliards de dollars attribués à des fournisseurs autochtones, de mettre en place est une vraie stratégie pour développer les médias ethniques et encourager l’entrepreneuriat dans ce domaine.

La balle également dans le camp des médias ethniques

À la lumière de ces données, il n’est pas l’ombre d’un doute que l’heure est à la convergence et à la concentration au niveau des acteurs et professionnels des médias de la diversité, soucieux de récupérer une part légitime de ces montants. Le succès d’une telle démarche passe d’abord par une reconnaissance officielle du travail de ces médias. La réussite requiert ensuite, comme elle l’est aussi pour le paysage médiatique québécois dans son ensemble, un souci de l’excellence et une quête permanente d’un contenu de qualité.

Une telle stratégie, en plus de l’apport économique qu’elle pourrait apporter, aura comme impact de réduire les fractures sociales et combattre les stéréotypes. Ce défi ne peut être relevé que par les groupes ethniques eux-mêmes.

 

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PHOTOTHÈQUE MEDIAMOSAIQUE (Des représentants de médias ethniques de Montréal prenant la parole lors de la troisième Assise des Lys de la diversité portant sur la radio à la Salle Raymond-David de Radio-Canada)