Leslie Manigat craignait de voir le peuple «retourner à son vomi»

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Fidèle à lui-même, l’ex-président Leslie Manigat, défait par René Préval lors de la présidentielle de 2006, ne regrette pas d’avoir utilisé cette expression par le biais de laquelle il résumait sa déception de voir les Haïtiens accepter le retour de Lavalas au pouvoir avec la complicité de la communauté internationale.

Préval, «un chef d’État défaillant», selon Manigat 

Évoquant l’incapacité de l’équipe au pouvoir à inspirer confiance dans la population plus d’un mois et demi après le séisme du 12 janvier, le politicien retraité, qui a passé le maillet à sa femme Mirlande à la barre du RDNP, a estimé que ce drame a permis au peuple de découvrir «la défaillance du chef de l’État».

«J’ai dû attendre décemment et vainement les premières quarante-huit heures pour le premier message attendu de la tête du pouvoir, mais devant la défaillance du chef de l’État ȧ ne vouloir rien dire sauf deux incongruités rapportées par ses proches j’ai dû, le premier, je crois, (…) prendre publiquement la parole par la voie de l’Internet, pour recommander les premières mesures d’urgence», a illustré Manigat.

L’élection de Préval: une «forfaiture», une «supercherie»

Dans cette rare sortie publique de Leslie Manigat reçue par courriel à l’Agence de presse Médiaosaïque, l’historien-politologue ne peut s’empêcher de revenir sur ce qu’il appelle la «forfaiture» ou la «supercherie» des autorités électorales de 2006 qui ont, à son avis, inventé tous les scénarios possibles «pour éviter un deuxième tour légalement inévitable».

Qualifiant sa décision de se retirer de la vie politique active, après l’annonce officielle du verdict dudit scrutin,  de «coup de colère sur coup de tête», Manigat se console quatre ans après en soutenant que son choix «était la réaction d’un lutteur excédé devant jusqu’où la  perversité humaine peut aller ouvertement et cyniquement et dérisoirement…»

Préval: un choix non éclairé

S’il évite de se montrer visiblement amer vis-à-vis du peuple et le rendre responsable du choix de Préval dont plus d’un dénonce aujourd’hui l’incompétence, l’ex-président, qui se voue depuis quelque temps à sa «passion intellectuelle», persiste à croire que «c’en était trop. Je ne me voyais plus pouvoir faire de la politique dans cette boue. On m’a reproché de l’avoir dit. Mais le spectacle de voir aller ȧ la soupe et de voir les chiens revenir ȧ leur vomi, selon le mot de l’Evangile, a été plus fort.»

Rappelons que Leslie Manigat s’était référé à un passage biblique en utilisant l’expression « le chien retourne à son vomi » pour dénoncer le retour de M.Préval à la première magistrature de l’État. Ladite expression a été interprétée littéralement par des médias locaux qui estimaient que l’ex-No 1 du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) avait délibérément assimilé le peuple à des chiens.

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