Incapable de prouver les revenus exigés par Québec pour pouvoir parrainer des membres de sa famille, victimes du séisme en Haïti, un étudiant de l’UQÀM, qui souhaite garder l’anonymat, sollicite la compréhension et la générosité de n’importe quel Québécois ou Canadien, désireux de lui venir en aide à titre de co-garant.
En effet, dans une lettre qu’il a fait parvenir à la rédaction de l’Agence de presse «Média Mosaïque», le concerné salue la compassion inédite du peuple québécois envers Haïti tout en critiquant paradoxalement l’aspect, dit-il «exclusif et même discriminatoire» du programme post-séisme conçu récemment par le gouvernement du Québec. Ci-dessous ladite lettre que nous publions in extenso.
Appel à l’aide! Y a-t-il quelqu’un qui m’entend?
Je suis un jeune montréalais d’origine haïtienne dont la famille fait malheureusement partie de ces victimes du séisme ayant frappé Haïti le 12 janvier dernier. Je suis aussi doublement victime du fait que les mesures d’immigration exceptionnelles annoncées par la ministre Yolande James m’excluent automatiquement en raison de mon statut actuel.
Franchement, c’est exclusif et même discrimantoire! Car ma famille a urgemment besoin d’être secourue, il faut que je fasse quelque chose. Un co-garant ou un cosignataire, peut-il me venir en aide ? Heureusement que les nouvelles dispositions prévues dans le cadre du programme en question le permettent!
En effet, mes 3 sœurs ainées et ma cadette vivent dans des conditions épouvantables, vraiment inimaginables. Attelées sous des tentes de fortune, à la merci des bandits, terrorisées par la crainte de se faire violer, tenaillées par la faim à cause de la distribution mal organisée de l’aide humanitaire et j’en passe, autant de frustrations qui empoisonnent aujourd’hui mon existence!
Depuis la catastrophe : mes nuits sont sans sommeil, et quand je finis par m’endormir, je me fais réveiller par des cauchemars intermittents, et je ne vis plus, alors que je dois affronter ma réalité quotidienne. À l’université, au travail, cela me tourmente, j’ai de la misère à me concentrer. Le pire, les rares fois qu’elles puissent me passer un coup de fil, elles m’expliquent leur sort, les voix tremblotantes, et me voilà incapable de leur dire que je n’y peux rien.
Mon pauvre statut d’étudiant à temps plein en gestion à l’UQAM, ayant obtenu moins de 10 000 dollars l’an passé comme revenus, ne me permet pas de postuler dans ce programme. Seulement, des cosignataires vivant au Québec peuvent m’aider à pouvoir remplir une demande pour elles. Voilà pourquoi, désespéré, je lance cet appel à travers cette ultime démarche.
Je tiens, en passant, à féliciter la générosité du peuple québécois et canadien pour tous les dons (en ressources humaines, en argent, en logistique, etc.) faits aux Haïtiens. Votre soutien nous est vraiment inestimable et franchement je suis fier de vivre dans une société, aux côtés d’un peuple, qui sache faire preuve d’autant d’humanité. Cette crise a vraiment changé le regard que je portais sur les Québécois.
Cependant, sans faire de politique, je pense que le ministère de l’Immigration, dans son annonce, ne facilite vraiment pas la réunification familiale promise. C’est vrai, maintenant je peux faire une demande pour mes sœurs, chose qui était impossible avant, mais, je dois endosser tous les frais des demandes et en plus prouver que j’aie la capacité financière pour subvenir à leurs besoins. Les critères n’ont pas été modifiés.
Il me reste seulement la possibilité de trouver des cosignataires volontaires désireux d’endosser ma demande. Raison pour la quelle, je m’adresse à la population québécoise ou à toute personne qui pourrait, par grandeur d’âme et de générosité, accepter de se porter garante de ma demande d’immigration pour mes sœurs survivantes en Haïti !
Encore une fois, je compte grandement sur votre humanité. Et tous ceux qui veulent m’aider dans ces circonstances peuvent le faire à l’adresse: parrainagehumanitaire@yahoo.ca.
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