Les municipales 2009, deviennent-elles passionnantes à Montréal? (PAPIER D’ANGLE)

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On ignore ce qui adviendra du reste, cependant, il demeure évident que la journée du lundi 10 août 2009, marquée par l’entrée en scène du juge Gomery, semble avoir donné le ton aux municipales, un scrutin qui se veut utile à la démocratie, mais qui provoque pourtant rarement la passion ou la frénésie chez les Montréalais.

En effet, le parti «Projet Montréal», qui semblait être plombé par l’apparition inopinée, mais tout de même prévisible, de Louise Harel sur la scène municipale, a asséné un coup majeur et montré ses griffes de façon inattendue aux deux autres formations politiques rivales «Union Montréal» et «Vision Montréal».

Surprise : John Gomery

Alors que le maire sortant s’apprêtait à présenter en grande pompe l’équipe qui portera les couleurs d’«Union Montréal»  dans «Villeray/Parc-Extension/Saint-Michel» (tout était relativement  tranquille, car il n’y avait pas d’annonce chez «Vision Montréal»), surprise: Richard Bergeron de «Projet Montréal» lâchait son coup fumant, à savoir, l’arrivée du juge John Gomery.

Au fait, c’est la plus grosse nouvelle, jusqu’ici, de cette précampagne électorale. Aucun des deux autres partis n’a eu le privilège de mettre la main sur une aussi grosse pointure. Connu à travers tout le Canada, Gomery a bâti sa notoriété de «Mister Clean» notamment lors du procès autour du fameux «scandale des commandites» qui avait terni l’image et la réputation du Canada à l’étranger.

Une telle annonce ne pouvait que mieux tomber pour «Projet Montréal» qui veut absolument que le dossier «corruption» présumée qui plane sur l’administration Tremblay (plusieurs enquêtes policières sont présentement en cours) soit au centre de la campagne électorale municipale.

Imposer l’agenda de «Projet Montréal» dans les médias?

Hasard de calendrier ou geste sciemment calculé de la part du No un de «Projet Montréal»? En tout cas, si la deuxième hypothèse se vérifie, il s’agirait alors d’une stratégie gagnante au cas où le plan de match de ce dernier viserait à mieux positionner son parti en s’arrachant, à coup d’annonces phares, une part enviable de l’agenda municipal, qui est, de facto, sous le contrôle du maire sortant.

Et, comme on a vu l’intérêt qu’a suscité la divulgation de ce coup de filet de «Projet Montréal» dans l’espace médiatique, une telle stratégie, si elle est savamment concoctée de la part de ce jeune parti, aurait pour effet de limiter le «poids média» des interventions du chef d’«Union Montréal», Gérald Tremblay ou de la candidate de «Vision Montréal», Louise Harel, tout au cours de la campagne.

Un coup similaire à l’annonce de Sarah Palin…

Cela fait un peu penser au discours d’acceptation du leadership démocrate du candidat Barack Obama lors de la campagne électorale américaine à Denver. Pour ne pas laisser libre champ aux démocrates dans les médias, on se le rappelle, le camp McCain avait programmé pour la même soirée la révélation du nom de la colistière de John Mc Cain en la personne de Sarah Palin.

Résultat : au même moment où tous les médias ne pouvaient que rester pendus aux lèvres du candidat  Barack Obama qui haranguait la foule au stade de Denver, ceux-ci ont été parallèlement contraints d’annoncer aux auditeurs ou aux téléspectateurs le choix fait par Mc Cain de la gouverneure d’Alaska. «Projet Montréal», aura-t-il d’autres lapins dans sa poche après celui de John Gomery?

 

PHOTO: En haut, à gauche, l’ex-juge John Gomery, tandis que, à droite et en bas, les logos officiels des partis municipaux «Projet Montréal», «Vision Montréal» et «Union Montréal»