MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – C’est pourtant le constat que se font les immigrants d’origine africaine. Bon nombre de ces derniers se sentent dérangés par cette approche quasi-systématique de la société d’accueil qui les place dans une seule et même case.
Être d’origine africaine: un concept fourre-tout selon Emongo
«Il n’y a jamais eu d’unité culturelle africaine», a plaidé le Québécois d’origine africaine Lomomba Emongo, écrivain, chercheur, détenteur d’un Ph.D en lettres et en philosophie qui a multiplié les arguments en ce sens.
Dr Emongo estime que cela choque les immigrants originaires dudit continent. Même si le sentiment d’appartenance à l’Afrique demeure très fort, souvent, dit-il, on ne se retrouve pas dans le concept fourre-tout d’«Africains», parce que, a-t-il soutenu, même dans leurs pays d’origine, les Africains ne sont pas issus de regroupements ethniques uniformes ou homogènes.
Selon le chercheur, qui avoue avoir travaillé dans les champs de pommes et dans les manufactures avant d’obtenir le droit de pratiquer sa science au Québec, «il y a lieu de parler d’une diversité identitaire africaine» étant donné que le continent africain est peuplé de populations dotées de «sensibilités ethniques et culturelles différentes».
S’il s’est longuement appesanti sur «les différences» et «la diversité» qui caractérisent les Africains, Lomomba Emongo ne nie pas, en revanche, l’existence d’une «spécificité africaine» qui se définit, à son avis, à travers des «valeurs» telles que «le sens de la communauté», le «respect des aînés».
Un débat initié lors du lancement de VITAF par CHAFRIC
«L’apport de l’identité culturelle dans le vécu des Africains au Canada», tel a été le thème débattu par Dr Emongo à l’invitation du CHAFRIC (Chantier d’ Afrique du Canada) qui a lancé le 29 mai dernier en ses locaux à Verdun la première d’une série de conférences-débats.
Cette activité, à saveur intellectuelle à laquelle plusieurs dizaines d’immigrants africains ont pris part, a coïncidé avec le lancement d’un tout nouveau portail Web dénommé «Vitrine culturelle africaine en ligne VITAF (www.vitaf.ca) » à travers lequel on diffuse du contenu audio, vidéo mettant en relief les identités africaines et les réalisations des Africains au Canada.
Retour aux sources: plaidoyer de Cécile Ngo Holl
De son côté, l’écrivaine montréalaise Cécile Ngo Holl, qui a vécu pendant plusieurs décennies en France avant de s’établir au Québec, a plaidé en faveur d’un retour aux sources en abordant le thème «les Africains face à leur héritage culturel».
Mme Ngo Holl a conseillé aux Africains d’Afrique et à la diaspora africaine de prendre le soin d’inculquer «les valeurs fondamentales» africaines à la nouvelle génération. «Même si nous sommes favorables au métissage, nous ne devons jamais oublier ce que nous sommes», leur a-t-il lancé.
Lomomba Emongo a en ce sens déploré le fait que les Africains se définissent à travers le prisme imposé par l’occident colonisateur. À titre d’exemple, il cite la disparition de bon nombre de dialectes africains. Dr.Emongo a évoqué le cas du Cameroun où il faut nécessairement s’exprimer en français ou en anglais pour s’assurer d’être compris par les Camerounais.
Notons que les participants ont vivement félicité les responsables du CHAFRIC pour avoir initié un tel débat. Plusieurs d’entre eux ont souhaité que ce genre d’échanges soit récurrent. Ils ont déploré le fait que la majeure partie des invitations de la communauté ne portent que sur la danse, le showbiz ou l’entertainment.
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Sur la table, les deux conférenciers de CHAFRIC, l’écrivaine (à gauche) Cécille Ngo Holl, (à droite), le chercheur Lomomba Emongo