Le Québec culturellement méconnu en Haïti

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Les Haïtiens, réputés culturellement proches de la France (l’ex-colonisateur), ignorent quasiment tout dans le même sens du Québec.  Ce festival du film québécois en Haïti se propose de rapprocher les deux peuples. Réussira-t-il le pari?

 

 

 

«Il était temps d’exposer cette culture québécoise en Haïti», a promoptement laissé entendre la présidente du Festival du film haïtien de Montréal, Fabienne Colas, à l’origine de cette nouvelle et audacieuse initiative en entrevue à l’Agence de presse «Média Mosaïque».

Mme Colas dit «ne pas avoir de doutes» et pense que «ce festival va recevoir un très bel accueil», parce que, a-t-elle soutenu, «les Haïtiens, ce sont des gens super ouverts, ouverts d’esprit, qui sont toujours à l’affût de nouvelles trouvailles et de nouvelles expériences.»

Au menu de la première édition

Seront projetés lors de ce festival qui se déroulera au ciné Impérial et au kiosque Occide Jeanty dans l’aire du Champs-de-Mars du 19 au 22 mars, notamment deux longs métrages produits par deux réalisateurs d’origine haïtienne, en l’occurrence: “Minuit” de Fabienne Colas et “Comment conquérir l’Amérique en une nuit” de Dany Laferrière.

Les cinéphiles haïtiens auront également l’occasion de visionner “Congorama”, un film qui met l’accent sur l’histoire d’un couple mixte; “Un dimanche à Kigali” qui évoque le génocide au Rwanda en 1994; “La grande séduction”, une histoire caricaturale d’un petit village qui tente se survivre; “Bon Cop, Bad Cop”, film policier humoristique; et “C.R.A.Z.Y.”, l’un des plus grands succès du cinéma québécois.

Rapprocher deux sociétés francophones

«Le Québec a ouvert les bras au Festival du film haïtien à Montréal (FIFHM) et on sait qu’Haïti est la priorité du Québec en matière de diplomatie ou politique étrangère et à différents points de vue. Donc, il était temps d’accorder un peu plus de visibilité à la culture québécoise dans ce pays», a réagi Fabienne Colas qui y voit d’ailleurs un retour de balancier.

La présidente du FIFHM a évoqué en ce sens les retombées directes et concrètes d’un accord paraphé lors du  Sommet de la Francophonie tenu l’automne 2008 à Québec portant sur la nécessité de lier davantage le Québec et Haïti sur le plan culturel.

Mme Colas estime que «les possibilités de partage culturel entre les deux peuples sont innombrables» et souhaite que des professionnels opérant dans d’autres secteurs, que ce soit au Québec ou en Haïti, «entreprennent des initiatives dans ce même ordre d’idées».

En clair, une belle occasion de parler du Québec, car  en Haïti, les gens ignorent souvent que Montréal est une ville de la province du Québec en dépit de la proximité linguistique et même géographique liant les deux sociétés.

Ottawa tiède envers un axe Québec/Port-au-Prince?

Un écrivain haïtien vivant au Québec, ayant requis l’anonymat, a déploré le fait que l’ambassade du Canada en Haïti, se montre ordinairement très frileuse envers tout rapprochement culturel véritable entre le Québec et Haïti, malgré qu’une certaine similarité se dégage dans la réalité historique qu’a connue la République caraïbe et celle du peuple québécois.

«Ordinairement pro-souverainistes, les artistes québécois seraient très flattés d’aller  performer sans un sou en Haïti, mais le Canada n’encourage pas ce genre de choses parce qu’Ottawa  soupçonne qu’une bonne partie des nouveaux immigrants provenant d’Haïti connaîtraient tellement bien l’histoire du Québec, qu’ils seraient indépendantistes dès leur arrivée au Canada», a expliqué cet homme de lettres bien connu au Québec au micro de l’Agence de presse «Média Mosaïque».

(Photo) ci-dessus: poster du film québécois à succès C.R.A.Z.Y