«Ces promoteurs qui veulent devenir riches!», Marcel Tremblay contre-attaque (FESTIVALS)

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Le conseiller du district Notre-Dame-de-Grâce et responsable des relations interculturelles à la Ville de Montréal, Marcel Tremblay, livre sa version des faits et rejette en bloc les accusations portées à son encontre notamment par les promoteurs d’au moins trois des plus importants «festivals ethniques (konpa, merengue et reggae)» de la métropole.

Des promoteurs motivés par l’appât du gain, selon lui

«Le dilemme de ces gens, c’est qu’ils veulent devenir riches, moi, je ne suis pas contre ça, mais, à un moment donné, ils ne peuvent pas demander aux contribuables montréalais de payer pour qu’ils deviennent riches quand même! Sans vouloir porter de jugement, je dois vous dire que ce sont des personnages avec lesquels on a beaucoup de difficultés à travailler avec. Maintenant, ils veulent politiser l’affaire, mais nous on ne veut pas embarquer dans le volet politique, cela ne nous intéresse pas», propos signés Marcel Tremblay.

«Ce sont des entrepreneurs. Libres à eux de faire ce qu’ils veulent…ils pouvaient vendre de la crème glacée, mais ils ont décidé de faire de la musique, pas vrai! En fonction de ça, si le produit est bon, les gens vont payer pour. Cependant, j’ai eu beaucoup de gens qui m’ont dit que c’est trop cher cette affaire à 40 piastres…», a estimé M.Tremblay dans un long entretien accordé à l’Agence de presse «Média Mosaïque».

Des festivals extérieurs payants, une anomalie à Montréal

Le conseiller du district Notre-Dame-de-Grâce rappelle également que les « Week-ends du monde (WEM) » demeurent «un événement gratuit» à l’instar des festivals en plein air pour lesquels, dit-il, les Montréalais ne payent pas un sou. Il  admet avoir fermé les yeux l’an passé le fait que les promoteurs haïtiens avaient décidé de charger 25 dollars à la porte et trouve scandaleux aujourd’hui le fait qu’ils obligent les festivaliers à payer cette année environ 40 dollars le billet d’entrée.

«Tous les spectacles qui se font à l’extérieur, que ce soit, le « Festival de Jazz » ou le « Festival Juste pour rire », sont des spectacles gratuits. Au niveau de la Ville, nous donnons de l’argent à tous ces festivals pour le volet public pour permettre aux citoyens d’assister à ces rencontres gratuitement et le reste de leur argent, ces festivals le font en salle, demandez aux Haïtiens s’ils n’en font pas en salle, au Festival de Jazz » ou le « Festival Juste pour rire, par exemple?», a-t-il questionné sous un ton narquois laissant entrevoir clairement la réponse sans pour autant la répéter lui-même.

Contexte du départ des trois plus grands festivals

Évoquant le contexte du départ des trois plus grands festivals ethniques des WEM, M.Tremblay raconte : «ils m’ont eux-mêmes fait part de leur intention d’aller comme des autonomes. À ce moment-là, je leur ai dit, si vous voulez le faire ainsi, vous devenez comme le promoteur Gillett, vous louez un endroit, vous payez, si vous faites un million de dollars vous le mettez dans vos poches, vous perdez un million, vous êtes en faillite!».

Marcel Tremblay tient à faire remarquer que c’est le FIMHM qui avait ardemment souhaité adhérer aux « Weekends du monde » pour pouvoir bénéficier du son et de l’éclairage gratuits.  Il prend le soin d’ajouter que «ces promoteurs savaient également dès le départ qu’ils devaient être prêts à payer pour tout excédent de son et d’éclairage» au parc Jean-Drapeau.

Se référant aux Turcs, aux Colombiens, aux Cambodgiens qui arrivent à rassembler également, selon ses chiffres, plusieurs milliers de personnes dans le cadre de leurs festivals respectifs, Marcel Tremblay estime que la sonorisation offerte dans le cadre de ces événements est «de très bonne qualité», contrairement aux Haïtiens, aux Latinos qui demeurent insatisfaits du mixage.

Il informe que le principe était admis et que les responsables des trois festivals (konpa, merengue et reggae) s’étaient entendus pour partager les coûts excédentaires. Affirmant ignorer si les événements avaient fait du profit ou du déficit, M.Tremblay déclare cependant que, s’il y a une chose dont il est sûr, c’est que «les trois doivent payer au parc Jean-Drapeau le reste de  l’argent dont le montant initial avoisinait les 90 0000 dollars, c’est tout».

Les montants défrayés jusque-là par les promoteurs

En effet, selon les informations publiées dans la lettre cosignée des présidents  des trois festivals en question (Rémy Jean Junior, Julio Torres, Eric Blagrove) au maire de Montréal, ces derniers informaient  à Gérald Tremblay, dans ce courrier acheminé en date du 2 juillet, que le parc Jean-Drapeau leur avait exigé environ 130 000 dollars CAN pour acquitter les frais de location, de dépôt et de paiement de salaires des employés du site.

À ce titre, on y mentionnait que le jour même du lancement de la quatrième édition du « Festival international reggae de Montréal », les responsables dudit événement ont été contraints de verser en argent liquide ou en chèque certifié 51 000 dollars au parc. Une avance de 21 000 dollars décaissée quelques heures avant l’heure H a permis de sauver les réjouissances «rastafariennes». Même scénario pour les Haïtiens qui ont dû payer la veille un montant de 17 000 $CAN  au parc pour éviter l’annulation de la 4e édition du FIMHM. Une somme de 41 000 a été exigée au Latinos, on ignore combien a été libellé par ces derniers.

Le conseiller de ville informe cependant que, contrairement aux Latinos, aux Jamaïcains qui n’avaient pas fait de demande auprès du gouvernement du Québec, les Haïtiens, via, le FIMHM,  auraient reçu pour l’année 2009 un montant de 20 000 CAN, selon les informations qui lui ont été fournies par un sous-ministre, a-t-il révélé.

Le parc attend sa balance : la source du conflit

Il précise que «les organisateurs de ces festivals avaient eux-mêmes pris leur décision financière et ce n’est que, tardivement, vers mars–avril, qu’ils sont venus crier famine auprès de moi. À ce moment-là, je leur ai promis de faire une intervention auprès de Québec pour voir si le gouvernement provincial pouvait assumer les frais d’environ 90 000 exigés par le parc Jean-Drapeau, Québec a dit NON».

Questionné sur sa prédisposition supposée à appuyer les employés du parc, comme l’entendent les promoteurs, M.Tremblay rappelle que le centre récréatif est une instance para-municipale qui s’est dotée d’un syndicat (IATSE) depuis 1967. Il explique que les règlements sont clairement définis, à savoir que tout promoteur louant des espaces sur le site doit payer sur place pour se procurer du son et de l’éclairage, des équipements de scène et autres.

Il n’y voit rien de sorcier, parce que, a-t-il ajouté, le parc Jean-Drapeau est un organisme à but non lucratif dont le fonctionnement nécessite annuellement un budget de 12 millions de dollars CAN. À ce titre, la Ville alloue une enveloppe de 8 millions de dollars par année à laquelle les gestionnaires du parc doivent joindre, de par les services vendus en louant des espaces, un montant additionnel de 4 millions de dollars.

Il rejette également les critiques laissant croire que la Ville supplante les festivals ethniques dans leurs démarches respectives auprès de potentiels commanditaires. Marcel Tremblay rectifie en soutenant qu’«ils peuvent aller chercher toutes les commandites possibles. La seule qui leur est difficile est « Lotto Québec » qui finance déjà les « Week-ends du monde » parce qu’il s’agit d’un événement gratuit ou très très peu cher. Jamais, « Lotto Québec » va financer un événement à 40 dollars le billet!», a garanti M.Tremblay.

Retour aux Week-ends du monde? Sanctions en cas de non-paiement?

À la question, «sont-ils définitivement exclus des « Week-ends du monde »? Marcel Tremblay, de rappeler, «ce sont eux qui avaient pris eux-mêmes la décision de quitter». Tout en regrettant que cela se termine toujours en chicane à chaque année, il confie qu’«ils peuvent  toujours solliciter de nouveau une demande d’adhésion» même s’il dit constater au bout du compte que «le concept des « Week-ends du monde » devient très peu compatible avec ces trois festivals en particulier».

Le conseiller, qui dit ignorer s’il y a des démarches judiciaires déjà enclenchées dans le cadre de ce conflit ouvert entre la Ville, le parc Jean-Drapeau et les représentants de ces trois festivals ethniques en particulier, prévient que la facture doit être acquittée. «On peut toujours reconsidérer une demande d’adhésion aux « Week-ends du monde » de leur part. Sauf qu’ils ne pourront jamais, au grand jamais, organiser d’événements au parc Jean-Drapeau s’ils ne payent pas la balance», a averti l’élu de Notre-Dame-de-Grâce.

 

LISEZ: les promoteurs accusent Marcel Tremblay (Cliquez en-dessous)

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(PHOTO) MEDIAMOSAIQUE.COM Cr.Hubert Molaire-Le conseiller du district Notre-Dame-de-Grâce et responsable des relations interculturelles à la Ville de Montréal