Avec la crise, les salariés repensent leur projet professionnel et sont davantage prêts à prendre leur destin professionnel en mains.
Une crise provoquée par les inconséquences du monde financier, des entreprises où le stress des collaborateurs s’impose comme la problématique du moment, des augmentations salariales au point mort… Un contexte morose qui pourrait bien donner des envies d’indépendance aux Français.
Un Français sur trois abandonnerait volontiers son statut de salarié pour devenir son propre patron. C’est ce que révèle une enquête sur les travailleurs indépendants de Kelly Services (1), publiée ce matin et dont le Figaro économie dévoile en exclusivité les résultats.
Pour Philippe Mathot, directeur général de l’Agence pour la création d’entreprises (APCE), la crise a incontestablement changé la donne. «La création d’entreprise est vécue comme un acte de protection dans un contexte incertain», explique-t-il. Portrait type du créateur : un homme de 35 à 45 ans. «La création d’entreprise, c’est le triomphe des bac + 2 », poursuit-il, déplorant au passage la faible présence des étudiants des grandes écoles. «Ce qui n’est pas le cas aux États-Unis», rappelle-t-il, évoquant l’incubateur du MIT.
En 2009, 580.000 entreprises ont été créées, contre 335.000 l’année précédente. «Un bond exceptionnel, lié à l’autoentrepreneuriat», estime Philippe Mathot. Lancé en janvier 2009, ce régime doit son succès à sa simplicité de procédure et sa fiscalité avantageuse ; il a concerné en 2009 quelque 320.000 créations de sociétés. Parmi elles, beaucoup viennent compléter leur revenu (salaire, chômage, retraite), sachant que le salaire moyen se situe autour de 800 euros.
Transformer l’essai
Reste que l’autoentrepreneuriat est un tremplin vers la création d’entreprise. «Sur les 320.000 entreprises créées sous ce régime, 80.000 à 100.000 ont un potentiel de transformation », estime Philippe Mathot.
«L’autoentrepreneuriat m’a permis de tester mon marché », confirme Philippe Carrez, 46 ans. En mars 2009, cet ingénieur-conseil a créé Suboceana, spécialiste des logiciels de simulation de plongée, tout en restant salarié à 80 % d’une SSII. Les clients ont afflué, d’abord, les fédérations françaises de plongée, puis la «Padi», fédération de plongée américaine, qui lui a commandé un logiciel sur mesure. En mars dernier, il a quitté son employeur, pour se consacrer entièrement à sa société. «À l’origine, je n’avais pas l’intention de démissionner. Je manquais de confiance.»
C’est une des raisons pour lesquelles les Français ne sont pas les champions de l’autonomie professionnelle. Selon l’enquête de Kelly Services, seuls 5 % des répondants disent être travailleurs indépendants, ce qui place la France en bonne lanterne rouge des 29 pays sondés, loin derrière les États-Unis (34 %). Freins évoqués : l’incertitude sur le revenu et le risque d’échec. «En France, une personne qui “plante” une boîte est vue comme un délinquant ! Il faut savoir analyser l’échec, et ne pas résumer cela à une honte», conclut Philippe Mathot.
(1) Étude réalisée de fin 2009 à début 2010, via Internet, auprès de 134 000 personnes en Amérique du Nord, Europe et Asie-Pacifique.
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