L’Allemagne veut se débarrasser de son «Multikulti» et le Canada?(DIVERSITÉ COMPARÉE)

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Si le Canada se vante jusque-là de son «multiculturalisme», le modèle multiculturel allemand, à savoir, le «Multikulti» a «totalement échoué», a avoué la chancelière allemande à un moment où les débats sur l’immigration font rage dans ce pays où la minorité musulmane, selon les sondages, est mal vue par plus de la moitié de la population.

 

L’immigration oui, mais…

Angela Merkel a fait ce constat d’échec le 16 octobre dernier alors qu’elle intervenait devant le congrès des jeunes de son parti CDU et de son pendant bavarois CSU, à Potsdam près de Berlin. La philosophie du credo «Multikulti» (multiculturel) se traduirait comme suit: «Nous vivons maintenant côte à côte et nous nous en réjouissons».

Si la chancelière conservatrice a admis que «l’Allemagne manque de main d’oeuvre qualifiée et ne peut pas se passer d’immigrants», Angela Merkel a du même souffle martelé que «ceux-ci doivent s’intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes». Rappelons que le président de la chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK), Hans Heinrich Driftmann, avait déclaré qu’il manque à l’économie allemande environ 400 000 ingénieurs et personnels diplômés.

 

Un fonctionnaire a mis le feu aux poudres

En effet, le débat sur l’immigration divise l’Allemagne depuis la publication d’un pamphlet d’un haut fonctionnaire, Thilo Sarrazin, qui sous le titre «L’Allemagne se défait», affirme que son pays «s’abrutit» sous le poids des immigrés musulmans, rapporte une dépêche de l’AFP dans des extraits cités par l’Agence de presse «Média Mosaïque».

La classe politique a condamné ses thèses mais selon les sondages une majorité des Allemands les approuvent. Une étude publiée cette semaine montre même que plus de 50% d’entre eux tolèrent mal les musulmans. Plus de 35% estiment que l’Allemagne est «submergée» par les étrangers et 10% que l’Allemagne devrait être dirigée «d’une main ferme» par un «Führer».

 

Comment interpréter cette sortie de Merkel?

D’après l’analyse de l’AFP, Mme Merkel semblait ainsi ménager l’aile libérale de sa formation et l’aile conservatrice, incarnée par le chef de la CSU, Horst Seehofer. Ce dernier avait déjà lancé vendredi devant le même public: «Nous nous engageons pour la culture de référence allemande et contre le multiculturel. Le Multikulti est mort».

Tout en affirmant que l’Allemagne restait un pays ouvert au monde, Angela Merkel a estimé: «Nous n’avons pas besoin d’une immigration qui pèse sur notre système social».

 

Le «sulfureux» Horst Seehofer

En effet,  le chef de la CSU, M. Seehofer, qui est l’allié de Mme Merkel,  avait fait scandale une semaine plus tôt en déclarant que son pays n’avait «plus besoin d’immigrants de pays aux cultures différentes, comme les Turcs et les Arabes», car s’intégrer «est au final plus difficile» pour eux.

Des propos qui avaient fait bondir le chef du Conseil central des juifs d’Allemagne, Stephan Kramer, a estimé samedi que le discours tenu par M. Seehofer était «carrément irresponsable» et le débat sur l’intégration des immigrés «démesuré, hypocrite et hystérique».

 

Le Canada et son «multiculturalisme»

À dire vrai, le Canada, qui se vante d’être une «terre d’immigration», est culturellement sur ce point aux antipodes de l’Allemagne. La classe politique canadienne, toutes sensibilités confondues, évite de s’attaquer aux minorités avec une telle virulence, même si la gauche canadienne prétend être plus sensible aux préoccupations de la diversité.

À noter que, si le Canada favorise le «multiculturalisme», en vertu duquel les immigrants peuvent mettre de l’avant leurs origines tout en demeurant Canadiens, ou promeut la coexistence de différentes cultures (ethniques, religieuses etc..) au sein d’un même ensemble (pays, par exemple), le Québec prône, de son côté, «l’interculturalisme».

Selon Wikipédia, l’interculturalisme «suppose une participation active de la société d’accueil à l’intégration des nouveaux arrivants en même temps qu’une connaissance et une compréhension mutuelles des différences culturelles. Plus précisément, l’interculturalisme suggère l’adoption de la culture dominante du pays ou de la région d’adoption associée à la recherche de points communs tout en préservant les différences individuelles.»

 

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PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com Cr Bur PM (Le premier-ministre fédéral conservateur du Canada, Stephen Harper, en train de converser récemment avec la chancelière conservatrice allemande, Angela Merkel)