La « cacophonie » de la CAQ de François Legault

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Par Donald Jean (Mon bilan de fin campagne sur François Legault)

Trop jeune, la Coalition avenir Québec, qui offre une troisième voie aux déçus de l’échiquier politique québécois, jadis bipartisan, dispose d’un palmarès vierge en matière de diversité. À part la « cacophonie de promesses » de toutes sortes de la CAQ qui réveille certains et qui indispose plusieurs, les intentions du parti de François Legault en matière de diversité, faute d’un débat sérieux sur la question, demeurent encore floues.

Le fait d’avoir Dominique Anglade (d’origine haïtienne, candidate dans Fabre) ou Abel Arslanian (d’origine arménienne, candidat dans Acadie) à ses côtés, est loin d’être une caution pour François Legault. Cet apôtre du changement n’innovera en rien s’il ne tient pas compte des préoccupations des différentes couches de la population québécoise. Legault fera du neuf avec du vieux et la CAQ ne sera qu’une copie du passé si son chef refuse d’admettre qu’une formation politique, crachant sur le statu quo, se doit de faire la part belle à la diversité dans sa plateforme électorale.

Au contraire, s’il y a un engagement sibyllin de Legault -que personne n’a dénoncé- c’est celui de barrer la route à la diversité au sein de la fonction publique. Ceux qui ne jurent que par un poste au sein du gouvernement vont devoir attendre longtemps, car les départs à la retraite ne seront pas comblés sous une éventuelle administration caquiste. En annonçant le renvoi d’au moins 4 000 employés chez Hydro-Québec, l’ex-No1 d’Air Transat omet de dire qu’il verrouille, par extension, l’accès au géant parapublic à la diversité. À ne pas oublier la formule consensuelle prônant ceci : à compétences égales, une minorité sera privilégiée lors d’une embauche, vu la très faible présence de la diversité qui oscille entre 3 et 5% dans l’administration publique.

Toutefois, il faut faire la part des choses. François Legault a  le mérite de vouloir inculquer à nos enfants le désir de l’entrepreneuriat. C’est mieux pour une société, et c’est tout aussi valable pour chaque individu qui la compose, de favoriser la création de la richesse en se lançant en affaires au lieu d’attendre un chèque de l’État ou d’un patron. Posez-vous la question : si autant de patrons n’avaient pas pris le risque de lancer une entreprise, de quoi vivraient les salariés? Personnellement, je crois que c’est un bon point  pour Legault quand il propose d’insérer un cours obligatoire sur l’entreprenariat même au primaire. Des études scientifiques ont, en effet, confirmé que le goût du business est moins prononcé au Québec chez les jeunes contrairement aux autres provinces canadiennes. Aussi, sa promesse de se battre pour le maintien des sièges sociaux au Québec fait également du sens quand on sait que c’est au sommet de la hiérarchie que les grandes décisions se prennent. Son souci de venir en aide aux entrepreneurs est tout aussi louable. Espérons que Pauline Marois, qui envisage de créer sa Banque de développement du Québec, à l’image de la fédérale BDC, sera aussi à l’écoute de ceux qui veulent créer de la richesse dans la métropole, en régions et aussi dans la diversité.

A-t-il enfin l’étoffe d’un premier-ministre? Il faut dire que, grâce à l’appui des médias, François Legault et sa nébuleuse (CAQ) ont réussi à passer le test. Le chef de la Coalition finit par imposer sa stature à telle enseigne qu’il devient la révélation de la campagne électorale. Homme d’affaires de son état, il a procédé à la manière de celui qui se en lance en affaires: Legault a eu la fameuse idée, conçu le produit, est parti le vendre dans les principales régions du Québec, sorti son logo, paff, en quelques mois, le parti politique est né, et le voilà aux portes du pouvoir à Québec, quasiment du jamais vu! Grosse opération de marketing politique! Tel n’est paradoxalement pas le cas pour Québec solidaire qui a réussi à faire pourtant beaucoup de bruit à l’Assemblée nationale avec son seul député, le Dr Amir Khadir. Ce qui nous amène à conclure, et je vous laisse méditer là-dessus, que le carnet d’adresses de l’homme d’affaires multimillionnaire n’est pas celui du médecin d’origine iranienne. Et à Legault de ne pas se tromper de cible, car le Québec n’est pas une entreprise.

Bilan de fin campagne signé Donald Jean:

 

 

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PHOTOTHÈQUE MÉDIAMOSAÏQUE – (Le chef de la Coalition avenir Québec François Legault )