La poudrière haïtienne: le «changement» et la «continuité» s’affrontent violemment

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Entre le visage d’une nouvelle droite populiste qui s’affirme à travers Michel Martelly et les tentatives désespérées du statu quo prônant une continuité qui a du plomb dans l’aile, Haïti s’essouffle et les intérêts supérieurs de cette nation paraissent, comme toujours, subordonnés aux appétits claniques et mesquins de ses leaders.

 

Des acteurs dépassés?

En effet, l’homme qui a vraisemblablement profité des violentes manifestations qui ont ponctué la folle journée du 8 décembre en Haïti avait finalement fait entendre sa voix. Michel Martelly, au détriment duquel Jude Célestin a accédé au second tour, du bout des lèvres, en créole, a appelé ses partisans au calme tout en restant mobilisés. Mirlande Manigat, arrivée en tête, a également fait une adresse à la nation en invitant le peuple à la vigilance.

La force de feu de Michel Martelly a contraint René Préval à sortir de ses gonds. En début d’après-midi, le chef de l’État sortant, dont la crédibilité est réduite en peau de chagrin surtout après la publication des résultats du scrutin, a lancé un appel similaire en rappelant aux candidats à la présidentielle de faire valoir leurs contestations, comme il est indiqué dans la loi électorale.

 

Calme ce jeudi

Les radios locales captées à Montréal ce jeudi à l’Agence de presse MÉDIAMOSAÏQUE ont fait état d’une accalmie apparente en début de matinée. Une situation qui contraste avec la grogne qui embrasait le pays la veille où l’on a dénombré des pertes en vies humaines. On y compte au moins 5 morts et un nombre indéterminé de blessés, selon plusieurs sources.

À cela s’ajoutent bien évidemment les pertes matérielles. Dans plusieurs départements du pays, notamment dans le Sud, on rapporte  la destruction totale ou partielle de plusieurs édifices publics: la douane, le parquet, le bureau des impôts, etc. Dans la capitale, ce jeudi encore dans la matinée, les principales artères de la ville étaient encore jonchées de barricades et de pneus enflammés.

Les médias ne pouvaient s’expliquer, dans certains cas, la passivité ou même l’absence de la police nationale haïtienne. Même la force policière et militaire des Nations-Unies (MINUSTAH), sur place depuis 2004 pour stabiliser la situation politique du pays, n’était pas, non plus, à la hauteur de sa tâche, ont-ils souligné.


La carte de la communauté internationale

Cette agitation populaire aurait pu être moins spectaculaire si la communauté internationale n’avait pas, elle aussi, exercé de fortes pressions sur le pouvoir en place. En effet, moins de deux heures après la publication des résultats écartant Michel Martelly au profit de Jude Célestin pour le second tour, les Américains avaient clairement désapprouvé ce que les Haïtiens appellent «la magouille» du Conseil électoral provisoire.

Mettant de côté la langue de bois diplomatique habituelle, l’administration Obama par la voix de son ambassade à Port-au-Prince, a carrément appelé le pouvoir ou plus précisément le CEP à refaire ses devoirs. Les USA se disent «préoccupés» par les résultats de ces élections qu’ils trouvent «incohérents» avec les chiffres publiés par plus de cinq mille observateurs nationaux et étrangers accrédités par le CEP, pouvait-on lire.

Les «Blancs», pour répéter les Haïtiens, qui ont tout fait pour mettre René Préval à l’abri de la rage de la rue, semblent ne plus être prêts à avaler cette dernière pilule du président sortant, accusé à tort ou à raison de vouloir s’assurer une retraite paisible et dorée via l’élection de son dauphin, gendre pour certains, Jude Célestin, à la tête de la plus vielle nation de la Caraïbe.

 

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PHOTOS MEDIAMOSAIQUE/Cr Google (Le candidat de la plateforme électorale Repons Peyzan, Michel Joseph Martelly et le chef de l’État sortant, René Préval )