La Charte « de toutes les passions » enflamme les Communautés culturelles

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Passion, colère, frustration, déception, ou paradoxalement, soulagement,  tel est l’état d’esprit qui prévaut au Québec dans les communautés culturelles après la divulgation très attendue cette semaine de la «Charte des valeurs québécoises».

Conçue pour favoriser un meilleur vivre-ensemble, cette Charte du ministre Bernard Drainville a mis le feu aux poudres. Par contre, si certains sont en colère, d’autres appuient ou émettent des réserves vis-à-vis de la démarche gouvernementale, en témoignent ces multiples réactions recueillies par l’Agence de presse Médiamosaïque.

La communauté musulmane en colère

Chez les Musulmans, qui deviennent une des cibles privilégiées du projet de loi péquiste, on invite le ministre Drainville à revoir sa copie. Le président du Congrès Maghrébin au Québec le dit sans détour «Non à une charte liberticide, discriminatoire et exclusive».

De son côté, le No 1 de l’Agence MarkEthnik, Bouazza Mache, y voit une «performance minable» de Drainville dans ce dossier et rejette les conclusions de ce dernier qui avait soutenu que cette charte allait permettre à la communauté maghrébine d’avoir accès plus facilement au marché du travail.

Les Noirs africains se questionnent

Se sentant «peu concernés» directement, mais «vivement interpellés», les Noirs d’origine africaine se questionnent. «Il y en a qui sont pour, il y en a qui sont contre la Charte», a témoigné Agnes Moume, l’initiatrice de Talents et Personnalités Intl

«Certains disent : un immigrant doit s’impliquer mais il doit aussi respecter les valeurs du pays d’accueil. D’autres se demandent : quand le gouvernement vient avec une pareille charte, doit-on s’inquiéter? N’est-ce pas le début de la fin de l’immigration?», a rapporté Mme Moume.

Les Chinois peu loquaces, mais observent

Si dans la communauté chinoise (habituellement très taciturne), la divulgation du contenu de cette charte des valeurs québécoises ne crée pas forcément de remous, elle suscite, en revanche, énormément d’interrogations.

«Les gens en parlent et retiennent surtout le fait que sa teneur divise la population», a laissé entendre le chiropraticien Winston Chan et président du Regroupement des Jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ ).

Polémique chez les Latinos

Objet d’«intenses discussions et de polémiques», la Charte ne crée pas de tensions  dans la communauté latino-américaine, mais «on ne comprend pas l’attitude du gouvernement qui, au lieu de promouvoir l’harmonie et le vivre-ensemble, creuse plutôt dans nos différences et chercher à en créer des divisions» a commenté Ginella Diaz de «Dimension Latine».

« J’ai entendu des gens faire des comparaisons avec  l’Europe ou bla bla bla, j’aimerais bien leur dire que c’est différent. Le Canada c’est une mosaïque qui nous permet de nous intégrer tout en gardant une partie des traditions de nos pays d’origine», a soutenu Ginella Diaz.

Et dans la communauté haïtienne?

Le responsable du CIDHICA, Frantz Voltaire, qui promettait d’élaborer plus longuement sur le sujet, estime « qu’il y a une grande confusion quand, d’un côté, on parle de politiques publiques prônant le fait que l’État doit être neutre, de l’autre, en ce qui a trait aux individus, on ne s’entend pas sur la manière de définir la problématique du port des signes religieux».

Badiona Bazin, en revanche, ne partage pas les avis des fossoyeurs de la Charte : «C’est aussi clair que lorsqu’on a décidé de migrer qu’il y a aussi des sacrifices à faire, convictions politiques, culturelles ou pas. Je sais que c’est un sujet délicat, très difficile, par contre, il faut légiférer», a martelé l’ex-candidat péquiste dans Laurier/Dorion.

M. Bazin qui dit s’exprimer plutôt «à titre personnel et en tant que citoyen», croit que «la proposition mise sur la table par le ministre Drainville est un pas important dans la bonne direction…».

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