Jean Dorion: un souverainiste foncièrement pro-diversité

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Un meilleur vivre-ensemble entre les Québécois et les nouveaux arrivants a toujours préoccupé Jean Dorion. Son implication, ses initiatives, son combat: les faits sont là pour témoigner en sa faveur. Jean n’a fait l’économie d’aucun terrain pour propager, envers et contre tous, la bonne nouvelle. Si certains l’ont découvert à travers certaines interventions portant sur la laïcité qu’il a faites récemment dans les médias, il importe cependant de rappeler que l’homme a toujours été cohérent avec son passé.

Du MICC (qui devient actuellement le MIDI -ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion) où il a côtoyé des grands noms comme Jacques Couture ou Gérald Godin, en passant par la Société Jean-Baptiste où il a été aux commandes, sans oublier au Bloc québécois où il a œuvré à titre de député, Jean Dorion est l’un de ceux qui prouvent, à ceux qui pourraient avoir des raisons de penser le contraire, qu’on peut être à la fois souverainiste et pro-diversité.

Réagissant à sa nomination au Grade de Personnalité de l’Année 2014, c’est un Jean Dorion qui se veut reconnaissant envers le Jury et qui voue, a-t-il dit, la plus grande admiration aux lauréats qui l’ont précédé à ce prestigieux palmarès.  

3 QUESTIONS au Lauréat Jean DORION

1-Vos réactions à chaud par rapport à une telle nomination au Grade de Personnalité de l’Année 2014?

* Jean DORION: Je suis profondément touché de la décision du jury de Médiamosaïque de m’avoir choisi parmi les vingt personnalités de l’année 2014 en ce qui concerne le vivre ensemble. Ce qui donne sa valeur à ce genre de distinction, c’est la qualité de ceux qui nous y ont précédés. Or, je connais plusieurs de ces prédécesseurs et je leur voue la plus grande admiration.

2-Comment vous décririez l’impact de vos actions sur l’ensemble de la société québécoise et canadienne ? Citez-en quelques-unes ayant fortement marqué votre parcours?

* Jean DORION: Dix années au ministère de l’Immigration et  des Communautés culturelles du Québec, dans les cabinets des ministres Jacques Couture puis Gérald Godin, puis comme agent de liaison avec les communautés culturelles, m’ont permis  d’apprécier la diversité et de servir l’inclusion. J’espère que mon travail  a été utile à la clientèle du ministère comme à la société québécoise; en tout cas, il l’a été grandement pour moi, en me faisant perdre au passage quelques idées reçues.
Par la suite, président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal pendant plus de onze ans,  de 1989 à 1994 puis de 2003 à 2008, j’y ai apporté mon bagage interculturel, accentuant les efforts de rapprochement que d’autres, à la Société, avaient entrepris avant moi. Pour ne mentionner que des initiatives très visibles, c’est sous ma présidence que pour la première fois un Juif, le compositeur Otto Joachim, obtint un grand prix de la Société (Prix Calixa-Lavallée, 1990). Dans mes instructions aux jurys, j’avais innové, m’a-t-on dit, en insistant sur le fait que les récipiendaires des grands prix n’avaient pas nécessairement à être ce qu’on appelait encore à l’époque des « Canadiens-français ». Sous ma présidence également, le titre de Patriote de l’année a été décerné à deux reprises à des  personnes issues de l’immigration, Carmen Sabbag-Olmedo (1992) et Luck Mervil (2004). Et six ans après mon départ de la présidence, la Société maintient toujours le caractère  multiethnique et multiracial – pour lequel j’avais beaucoup insisté – de la distribution des rôles dans les défilés  et spectacles qu’elle-même et ses affiliés organisent, que ce soit pour la Fête nationale ou à d’autres occasions dans l’année.

J’ai aussi mené avec succès, il y a vingt-deux ans, un combat pour la laïcisation de la SSJB, en obtenant que soit  supprimée des règlements l’exigence d’être catholique pour y adhérer.  Mais cette laïcité-là était bien
différente de celle que certains préconiseraient plus tard pour le Québec : elle visait à inclure plus de gens,  non à en exclure.

Ce que j’ai fait pour la défense du français par la SSJB, je l’ai fait dans le même esprit : je reste persuadé que le français comme langue publique commune est une condition indispensable à la compréhension entre Québécois de toutes origines en même temps qu’une marque de respect pour la société d’accueil susceptible de réduire bien des préventions au sein de cette dernière.

À partir de mon témoignage dans le quotidien Le Devoir en 2007, repris à la Commission Bouchard-Taylor en 2008, j’ai entrepris de défendre une vision inclusive de la laïcité à l’intérieur du camp indépendantiste. Élu député fédéral en 2008, j’ai poursuivi cet effort au sein de mon parti, le Bloc québécois, avec l’appui de son chef, puis, avant comme après avoir cessé d’être député, en participant à de nombreux débats et conférences. J’ai écrit des articles, fondé avec Rosa Pires, en 2012, les Indépendantistes pour une laïcité inclusive et j’ai publié en 2013 un livre, intitulé INCLURE. Quelle laïcité pour le Québec ? J’ai enfin collaboré avec Québec Inclusif,  un regroupement de Québécois de toutes convictions politiques, mais réunis par la même préoccupation pour la tolérance et le vivre ensemble.

3-Comment voyez-vous en tant que figure-clé ou partie intégrante de la diversité? Personnalités québécoises ou internationales préférées? Nombre d’enfants?

* Jean DORION: La promotion des droits nationaux du peuple québécois est parfaitement compatible, dans mon esprit, avec le respect des différences culturelles, qui en est même une condition. Je reste fidèle à cet égard à la pensée des personnalités qui m’ont attiré en politique : René Lévesque, Louise Harel, mes anciens patrons les ministres Jacques Couture et Gérald Godin et mon ancien chef Gilles Duceppe. Et Jacques Parizeau, dont la pensée profonde est déformée quand on la réduit à quelques mots malheureux du soir du référendum de 1995. Sur la scène internationale, je voue un culte particulier à Nelson Mandela, qui a compris la valeur du pardon, et à Malala, illustration vivante de ce que la poursuite du progrès humain n’est pas affaire de croyance ou d’incroyance en matière de religion.

De 1994 à 2000, ma compréhension des immigrants et des membres des minorités culturelles a été enrichie par une  expérience personnelle d’acculturation un peu semblable à celle qu’ils vivent eux-mêmes (mais dans des conditions généralement plus difficiles dans leur cas, je dois le reconnaître).  Je parle des années que j’ai vécues au Japon, m’efforçant de m’adapter  à une culture incroyablement différente de la nôtre. Et mon mariage préalable avec une Japonaise a fait que cette différence culturelle reste toujours présente dans ma famille et dans ma vie quotidienne. Hiromi et moi élevons nos cinq enfants dans le respect de leur double héritage culturel, comme dans l’amour du Québec et du combat qu’il mène pour maintenir sa propre différence sur notre continent.

TOUTE L’ACTUALITÉ DE JEAN DORION

*TOP 20 de la Diversité 2014: la grande révélation (3e ÉDITION)

*Redécouvrez les Lauréats de la 2e Édition du TOP 20 de la Diversité !

*Qui sont-ils les Lauréats de la 1ère Édition du TOP 20 de la Diversité ?

En VIDÉO:


* Microtrottoir – (Grands Prix Mosaïque (Gala des Lys de la Diversité) 2014 – (2e Édition)

Sur la Photo, les 20 Lauréats: cliquez pour accéder aux portraits de chacun d’entre eux:

1ère rangée: Danièle Henkel, PK Subban, Rachid Badouri, Michaëlle Jean, David Heurtel
2ème rangée: David Cape, Caroline Codsi, François Bugingo, Jean Dorion, Sonia Benezra
3ème rangée: Frantz Benjamin, Nancy Rosenfeld, Jamil Cheaib, Cathy Wong, Lamine Foura
4ème rangée: Florence K, Wilner Bien-Aimé, Ghislain Picard, Amina Gerba, Mohamed ElKadiri

PHOTOTHÈQUE MÉDIAMOSAÏQUE (En haut, M. Jean Dorion Cr Martine Doyon. En bas, la mosaïque officielle de la 3e édition du TOP 20 de la Diversité )