Honte de fêter 18 novembre en Haïti? Un intellectuel africain dit «JAMAIS»

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«On doit toujours être fiers de fêter 18 novembre. Les Haïtiens ne doivent avoir aucun regret», a plaidé un intellectuel africain lors d’une entrevue accordée à l’Agence de presse Médiamosaïque à l’occasion de l’anniversaire de la «Bataille de Vertières».

En dépit du défaitisme qui s’installe dans l’état d’âme de bon nombre d’Haïtiens 205 ans après la bataille qui allait conduire à la naissance de la première république noire du monde, «la commémoration d’un tel événement est plus que jamais nécessaire», croit Moïse Mougnan.

À son avis, «18 novembre 1803, c’est le jour où un peuple s’est réveillé en Amérique, via cette guerre qui s’est déclenchée, et a appris aux Blancs que, réduire des êtres humains à l’état de servitude, était une bêtise». «C’est la fête des Haïtiens, mais c’est également la fête de tous les colonisés,de toutes les races et de toute l’humanité», a insisté le Tchadien d’origine.

Haïti: un «embargo permanent», un «bébé dans une forêt»

Questionné sur le fait que les résultats attendus tardent à se concrétiser plus de deux siècles après, le propriétaire des «Éditions Grenier» dénonce un «embargo permanent» imposé à Haïti qui met à mal toute transformation de cet État en nation véritable.

Pour expliquer la situation du nouvel État né le 1er janvier 1804, Mougnan le compare à un «bébé dans une forêt, sans éducateurs, sans formateurs, comment pouvait-il grandir dans de pareilles conditions?», s’est-il demandé. «Imaginez un enfant dans le Québec actuel grandir dans un tel environnement! Alors qu’Haïti s’est retrouvée seule, toute seule, sans aucun soutien, sans aucun support de la part de voisins», a-t-il illustré.

Au contraire, «c’est du jamais vu, en dépit des faibles moyens dont il disposait, ce pays s’est même permis d’exporter son expertise à de nouveaux États en facilitant leur libération du joug de l’esclavage», a poursuivi ce spécialiste des questions relatives au Tiers-Monde.

«Bon nombre d’États d’Amérique latine se sont libérés grâce à Haïti. Les USA ont reçu l’aide cruciale de Haïti pour chasser les Anglais dans la bataille de Savanannah. La Libye est devenue indépendante grâce au vote déterminant d’Haïtià la Société des Nations», a, entre autres, énuméré Moïse Mougnan.

 

Isolement d’Haïti versus celui de Cuba

Interrogé sur les résultats obtenus par Cuba qui a opté pour le communisme et qui a écopé d’un sévère embargo de la part des USA, le responsable des «Éditions Grenier» n’y voit «aucune commune mesure».Tout en admettant que «la situation reste très difficile à Cuba», il explique que l’îe castriste a noué des relations assez privilégiées avec les États satellites de l’Est, et même des États du Nord, comme le Canada, ont permis au régime de survivre».

«Haïti, rappelez-vous, s’est retrouvée toute seule avec tout un environnement esclavagiste hostile à son endroit. Ce qui avait même obligé le président Jean-Pierre Boyer à verser une somme colossale pour payer à la France la dette de l’indépendance», a encore ajouté M.Mougnan.

 

«18 novembre: aucun regret, aucun remord…»

À son avis, «les Haïtiens doivent rester fiers de ce passé qui restera gravé dans l’histoire de l’humanité. L’éditeur montréalais met en garde «contre tout discours défaitiste véhiculé, selon lui, par l’occident et repris par des colonisés».

Pour donner une idée des torts irréparables faits par la France à Haïti, M.Mougnan a rappelé que «la colonie la plus prospère de la France n’était ni le Québec, ni la Louisianne, ni la Martinique, ni la Guadeloupe, mais Haïti (autrefois connue sous le nom de St-Domingue)», fin de citation.

PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com: Moïse Mougnan (à droite) posant avec le brillant intellectuel haïtien de France, René Dépestre (à gauche), oncle de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean