PORT-AU-PRINCE – Le chef de la diplomatie haïtienne, Pierre-Richard Casimir, n’envisage pas de poursuivre en justice l’ONU, comme l’ont réclamé des voix tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Un bataillon népalais, lié aux troupes onusiennes dans l’île, est accusé d’être à l’origine de la maladie du choléra qui a fait plusieurs milliers de morts en Haïti.
Répondant à un échange épistolaire initié autour de la question par des analystes politiques montréalais d’origine haïtienne via l’Agence de presse Médiamosaïque, le chancelier, qui déclare privilégier la voie diplomatique en lieu et place de celle des tribunaux, informe que « les pouvoirs publics ne sont pas demeurés inertes face à cette tragédie ».
Sans révéler les détails de ses négociations auprès des responsables onusiens, le ministre prend le soin de préciser que ses « partenaires ( de l’ONU, Ndlr) sont également conscients de l’ampleur et, sans doute, de la faute morale que constitue l’introduction en Haïti de ce fléau éradiqué depuis plus d’un siècle de ce pays.»
Pour parer à tout éventuel échec de ses pourparlers avec l’Organisation mondiale, Casimir rappelle qu’ «en matière de négociations diplomatiques, il n’est nullement loisible à un responsable du Gouvernement de rendre public le contenu des discussions entre les partenaires bi (latéraux, Ndlr) et multilatéraux sur un dossier aussi sensible qu’important.»
Ci-dessous la lettre responsive de Pierre-Richard Casimir à ses correspondants de Montréal
Réponse à la lettre ouverte au ministre Pierre-Richard Casimir de :
Me Jean Ernest Pierre, M. Ismael Rebert, Docteur Jean Fils-Aimé
Messieurs,
Je vous remercie de la lettre ouverte datée du 27 octobre 2012 dans laquelle vous avez exprimé vos « positions divergentes sur le cholera en Haïti ». Je vous sais également gré de votre appréciation positive de mon passage pendant six ans au Consulat Général d’Haïti à Montréal. Je me félicite de l’occasion qui m’était offerte d’être utile à notre dynamique communauté qui, en dépit des problèmes de tous ordres liés à l’émigration, a su préserver l’essentiel : l’esprit de concorde, de partage et, par-dessus tout, la solidarité citoyenne qui constitue le substrat de l’âme et de l’identité haïtiennes. De cette période, et des gens comme vous que j’ai été amené à rencontrer et à côtoyer, je garde un souvenir remarquable.
S’agissant spécifiquement de ce qui, à votre point de vue, relève de « positions divergentes sur le cholera en Haïti », permettez-moi de rétablir la vérité des propos que j’ai tenus lors d’une rencontre de travail autour de cette question à la Chambre basse du Parlement le 19 octobre 2012.
En effet, au cours de cette rencontre, j’ai retracé pour les Parlementaires, comme vous l’avez fait, l’historique de l’apparition de la maladie en Haïti, de sa propagation, des démarches conjuguées du Gouvernement haïtien et des partenaires internationaux du pays aux fins de contenir la pandémie. J’ai particulièrement insisté sur les discussions en cours avec les Nations Unies pour que soient établie la vérité et fixe les responsabilités.
Autrement dit, je n’ai jamais eu à tenir les propos qui me sont attribués dans des articles de presse largement diffusés la semaine dernière, et sur lesquels reposent votre position et bien d’autres. Une note rectificative en ce sens a été acheminée, par mes soins, aux medias dont la plupart, soit dit en passant, disposent des bandes sonores de mon intervention. Curieusement, aucun de mes contradicteurs ne juge nécessaire de les écouter ou de les diffuser sur les ondes.
Aussi faut-il souligner, à la suite de ladite rencontre, l’organisation d’une conférence de presse conjointe de moi-même et des Parlementaires, à l’origine de l’invitation, où ces derniers on exprimé publiquement leur satisfaction du traitement des dossiers discutés ; ceci sur la base des informations que je leur ai communiquées.
Concernant de possibles dédommagements/réparations auxquels vous faites référence dans votre lettre, vous comprendrez bien, Messieurs, qu’en matière de négociations diplomatiques, il n’est nullement loisible à un responsable du Gouvernement de rendre public le contenu des discussions entre les partenaires bi et multilatéraux sur un dossier aussi sensible qu’important. Ce dont par contre je peux vous assurer, c’est que les pouvoirs publics ne sont pas demeurés inertes face à cette tragédie. Nos partenaires sont également conscients de l’ampleur et, sans doute, de la faute morale que constitue l’introduction en Haïti de ce fléau éradiqué depuis plus d’un siècle de ce pays.
Dans votre démarche, je retiens essentiellement la force d’un élan patriotique qui se manifeste chez les Haïtiens aussi bien de l’intérieur que de l’étranger, chaque fois qu’il s’agit de faire prévaloir l’honneur national.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Messieurs, l’assurance de ma considération très distinguée.
Pierre Richard CASIMIR
Ministre des Affaires étrangères et des Cultes
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PHOTOTHÈQUE MEDIAMOSAÏQUE ( En haut, de gauche à droite: le ministre Pierre-Richard Casimir, et les analystes politiques de CPAM, respectivement Dr Jean Fils-Aimé, Me Jean-Ernest Pierre et l’économiste Ismaël Rebert){jcomments off}