Conçu intitalement, comme son nom l’indique, pour valoriser et faire la promotion de la culture noire au Québec, le Gala des Prix SOBA (Sounds of Blackness Awards), dans sa quatrième version, s’est attiré les foudres de bon nombre d’artistes et d’observateurs de ladite communauté, a appris l’Agence de presse «Média Mosaïque».
Rachel Jeanty en furie
«C’est une véritable insulte. On avait enfin une chance de montrer au grand public ce qui se fait dans notre communauté. Mais en regardant les nominations, je n’avais pas du tout l’impression d’être dans un gala qui célèbre la culture noire», a dénoncé la chanteuse d’origine haïtienne Rachelle Jeanty, qui était en nomination dans la catégorie r’n’b, a rapporté le quotidien La Presse.
Mme Jeanty, d’illustrer, et nous la citons, «le premier prix de la soirée a été gagné par une Blanche (Florence K, artiste jazz de l’année). Et les seuls danseurs qu’on a vus de la soirée étaient blancs. On ne devrait plus appeler ça les prix SOBA, mais plutôt les prix SOWA: Sounds of Whiteness Awards!».
René-Frantz Durosel mal à l’aise
De son côté, celui qui a mis le Rwandais Corneille sur la mappe, René-Frantz Durosel, dont le protégé Gage a remporté le prix du meilleur artiste r’n’b, ne va pas, non plus, avec le dos de la cuillère. «On a l’impression que les organisateurs essaient de faire leur place dans le mainstream, mais qu’ils n’amènent pas leur culture avec eux dans le processus», a asséné Durosel.
«Je n’ai rien contre la diversité, mais cet événement doit servir à montrer autre chose que ce qu’on voit d’habitude à TVA ou Radio-Canada. Comme c’est là, je ne suis pas certain que cette formule soit vraiment pertinente», a poursuivi le producteur d’origine haitienne.
Carla Beauvais «perplexe»
Soucieuse de voir le Gala SOBA s’imposer au Québec, la relationniste et femme d’affaires, Carla Beauvais, dont l’entreprise «Groupe Style Communications» se charge de la promotion de bon nombre d’artistes de la communauté noire, révèle, de son côté, avoir «beaucoup hésité avant d’écrire» un article en ce sens sur son blogue pour ne pas mettre de l’huile sur le feu.
«Mais j’ai réalisé que je me devais de le faire pour le bien de ces artistes justement et pour cette scène que nous voulons voir rayonner. Il faut dire les choses haut et fort et donner une voix à tous ces artistes qui travaillent fort malgré les difficultés et les sacrifices que ça représentent. C’est loin d’être facile la vie d’artiste au Québec et ils doivent se battre pour garder bien vivante notre scène culturelle», a analysé Mme Beauvais qui refuse cependant de réduire la problématique à une question de couleur de peau.
Carla Beauvais, qui insiste de préférence sur «la culture noire», dit remarquer qu’«il y a eu beaucoup de frustrations à la suite de ce gala. Beaucoup d’artistes ont réagi vivement face à ce qu’ils ont vu (…) au Théâtre Outremont. Il y en a même une qui s’est fait montrer la porte pour avoir crier un peu trop fort ce qu’elle pensait du gala. La question n’est pas de débattre des gagnants et ça il faut que ce soit clair. Le débat est beaucoup plus grand !»
Le collaborateur et photographe de l’Agence de presse «Média Mosaïque», Hubert Molaire, témoin de l’événement, a également fait part de sa «grande déception». M.Molaire trouve «bizarre de voir autant d’artistes évoluant en dehors de la communauté noire mériter autant de nominations» aux Prix SOBA. Il dit espérer que les organisateurs vont rectifier le tir l’année prochaine.
SOBA relativise
Diffusée en direct pour la première fois à la télévision, via la chaîne «Musique Plus», la quatrième édition animée par l’animateur Philippe Fehmiu a offert, entre autres, six prix aux artistes Florence K et Lynda Thalie, (quatre à la première née d’une Québécoise et d’un père libanais et deux à la seconde une Arabe d’origine algérienne immigrée au Québec à l’âge de 16 ans).
«Un gala ne fait jamais l’unanimité… Tout ce que je peux répondre, c’est que nous récompensons les artistes qui contribuent au rayonnement de la culture noire en général. On ne va pas les prioriser parce qu’ils sont noirs, mais parce qu’ils sont bons, parce qu’ils se présentent bien ou parce qu’ils gèrent bien leur carrière, qu’ils soient underground ou non», a fait valoir Mark McKenna, porte-parole des prix SOBA.
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PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com/Cr La Presse (Les gagnantes Florence K. et Lynda Thalie)