Exit Yolande James, bienvenue Maka Kotto!

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QUÉBEC (MÉDIAMOSAÏQUE)  – La formation souverainiste, sous la houlette de Pauline Marois, envoie un signal très fort en matière de diversité en offrant un prestigieux portefeuille du gouvernement, celui de la Culture et des Communications, au député de Bourget. Le pouvoir a certes changé de main à Québec, mais l’écho d’un leadership en pleine émergence dans la communauté noire semble avoir eu une assez bonne résonance au parti de René Lévesque.

Maka Kotto, le conjoint de la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, devient ainsi « le premier homme » après « la première femme » noirs à accéder au conseil des ministres de la Belle Province. Autrement dit, le premier Afro-québécois (Cameroun – Afrique) à devenir ministre au Québec après Yolande James (Ste-Lucie – Caraïbes), née à Montréal, qui a été titulaire, successivement, des ministères québécois de l’Immigration et de La Famille.

Point n’est besoin de dire que la nomination de Maka Kotto est accueillie avec une très grande satisfaction chez les Noirs en particulier qui voient rarement l’un des leurs se tailler une place enviable dans les cercles de pouvoir, encore très homogènes et très hermétiques en 2012 à la diversité en général, tant sur le plan politique (fédéral, provincial, municipal) que sur le plan économique, social et culturel au Québec et au Canada.

Dans la communauté africaine, on jubile

« Non, mais ce n’est pas un rêve après celui de notre frère Barack Obama aux États-Unis. Ça me fait plaisir de le vivre au Québec actuellement. C’est beau tout de même voir de ses yeux, cette diversité culturelle au sein d’un gouvernement nord-américain moderne. Bravo Pauline, l’Afrique s’en souviendra dans nos relations bilatérales », s’enthousiasme le Montréalais et concepteur de l’émission télévisée dénommée « Paysage Afromonde », Henry Ngaka.

Le propriétaire de la maison d’édition montréalaise Grenier applaudit lui aussi. Sauf que Moïse Mougnan mise plutôt sur l’impact durable d’un tel geste sur la collectivité. « Que son passage nous rende honneur, que Maka soit digne de cette confiance que nous avons placée en lui. En tant qu’homme de grande culture, je suis convaincu qu’il sera à la hauteur d’un homme universel, et non à la dimension d’un faire-valoir ou d’un nègre de service », a-t-il nuancé.

Moïse Mougnan se dit toutefois « perplexe en ce qui a trait au mandat » qui a été confié par Pauline Marois au nouveau ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine lors de la cérémonie officielle d’assermentation. Il questionne le fait que la première-ministre ait clairement demandé à ce dernier  de « défendre l’identité québécoise » et d’en rapatrier les pouvoirs en provenance d’Ottawa.

Précisant que « l’identité québécoise est plurielle », M.Mougnan dit espérer que M.Kotto « ne prendra pas uniquement la défense d’une catégorie de Québécois (la majorité francophone – NDLR) au détriment des Premières nations, des Anglophones, des Irlandais, des Haïtiens, des Africains, des Asiatiques, des Maghrébins, des Latinos, etc. qui façonnent la culture que nous partageons tous aujourd’hui en tant que collectivité ».

Les Haïtiens rongent leurs freins…

Installés depuis près de six décennies au Québec et figurant parmi les premiers Noirs à tisser des liens avec les Québécois, les Haïtiens (qui forment la plus grosse frange de la communauté noire), sont aujourd’hui partagés entre la joie de voir le sacre de M.Kotto et la déception de ne pas voir, jusqu’ici, un des leurs accéder au sein du cabinet ministériel. Jean Charest aurait pu le faire avec la présence du ministrable Emmanuel Dubourg à l’Assemblée nationale. L’ex-PM libéral avait, par calcul politique, préféré Yolande James pour consolider, par extension, les liens du PLQ avec la communauté anglophone.

Le directeur du Centre d’Alphabétisation Communautaire et d’Intégration Sociale du Québec (CACISQ), Fernand Jean-Louis, a félicité « le succès politique de Maka Kotto qui, a-t-il conseillé, est un exemple à suivre ». M.Jean-Louis dit déplorer cependant « l’absence d’un réseau bien rôdé dans la communauté haïtienne » malgré sa relative ancienneté et son imposante colonie. « Les Haïtiens sont très peu fonceurs, individualistes pour la plupart : une attitude contre-productive et inappropriée à la réussite collective. En plus, la grande majorité d’entre eux sont sur le qui-vive (luttent pour le manger et pour le boire NDLR) », a-t-il argumenté.

Analysant lui aussi la situation, Mougnan croit que « si Badiona Bazin (candidat péquiste défait dans Laurier-Dorion en raison de la dispersion du vote vers Québec solidaire – NDLR), qui est un homme très compétent, avait été élu, probablement, Pauline Marois aurait fait appel à lui au cabinet, malheureusement il a raté le train. Même s’il soutient que  « les immigrants sont venus ici pour bâtir leur vie et non pour bâtir un pays », le No Un des Éditions Grenier dit avoir la certitude que « Mme Marois comptait sur Badiona Bazin pour courtiser le vote de la communauté haïtienne, car de plus en plus d’Haïtiens, surtout les plus jeunes, s’intéressent au Parti québécois », a-t-il fait remarquer.

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PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com (Yolande James en train de saluer Jean Charest lors de sa nomination au poste de ministre. Maka Kotto fait idem à l’endroit de Pauline Marois lors de son assermentation en tant que ministre de la Culture et des Communications)