Dr Samuel Pierre, hyper-articulé en sciences, mais aussi en « diversité »

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MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Intervenant le 7 juin dernier à titre d’invité spécial de la 5e Assise des Lys de la diversité du Québec, le professeur bien connu de l’École Polytechnique a fortement impressionné l’assistance par sa connaissance pointue de ses dossiers. Très applaudi pour l’occasion, Samuel Pierre, dont l’intervention a suscité une avalanche de questions, a esquissé, sans complaisance aucune, un état des lieux sur la problématique de la diversité en insistant notamment sur l’urgence d’établir, a-t-il dit, « un vrai dialogue entre ceux qui souffrent du problème et les personnes qui auraient la clé de la solution ».

Étiquetant très clairement, dès le début de son speech, trois (3) types de diversité, à savoir,  « la diversité dans l’emploi », « la diversité dans les sphères de décisions » et « la diversité dans l’allocation des marchés de l’emploi aux entreprises », le féru de sciences et de technologies croit que les décideurs québécois, tant du secteur public que du privé, ne peuvent plus continuer à se défiler.  « Ils doivent absolument se joindre à nous (gens issus de la diversité) pour une véritable réflexion », a-t-il interpellé.

 

Source d’appauvrissement

Ce détenteur à la fois de l’Ordre national du Québec et de l’Ordre national du Canada a mis en garde contre les risques énormes auxquels s’exposent les institutions québécoises en raison de la très faible présence ou pas du tout de diversité en leur sein. Il s’est attardé au passage sur le fiasco monumental qui a décapitalisé récemment, à hauteur du quart de ses avoirs, la Caisse de dépôt et placement du Québec, surnommée, le bas de laine des Québécois.

« Aviez-vous vu à la télévision tous ces grands administrateurs de la Caisse de dépôt qui viennent de « foirer » à toutes fins pratiques le quart du capital de l’entreprise? Ces gens-là qui étaient membres du CA de l’institution étaient tous Blancs, francophones, cheveux gris… Vous comprendrez ce que ça donne : vous avez un conseil d’administration sans diversité avec des vues homogènes…donc pas d’hétérogénéité. Ça veut qu’il n’y a pas quelqu’un qui peut dire que cette façon de penser n’est pas la bonne, parce que ces personnes-là viennent tous de la même école ».

Évoquant, à titre de comparaison, la situation aux USA, il précise qu’ « un soin particulier est mis dans le choix des personnes qui composent les conseils d’administration (dans le but de s’assurer la présence de la) diversité. Diversité non seulement d’origines, mais aussi de cultures, de façon à ce que les points de vues ne soient pas les mêmes. Or au Québec, on est confortable avec les personnes qui se ressemblent tous, et ça c’est une source d’appauvrissement. »

 

Source d’enrichissement

Samuel Pierre a toutefois exempté l’École Polytechnique (où il détient un statut de professeur titulaire au département de génie informatique et génie logiciel ) de cette culture anti-diversité qui semble faire l’affaire de certains dans les hautes sphères de décisions. « À Polytechnique, a-t-il témoigné, où je siège au conseil d’administration, mon point de vue apporte souvent une différence par rapport à celui des autres parce que j’ai une culture différente, j’ai une façon de penser différente, un vécu différent, un recul historique différent et tout ça c’est source d’enrichissement. Ça au Québec, on n’arrive pas encore à le comprendre. »

Il dénonce, dans la même veine, la sourde oreille et le conservatisme affichés par bon nombre de fonctionnaires qui continuent à codifier les programmes et politiques publiques en faisant fi des besoins exprimés par la population qui est  métissée. Samuel Pierre révèle en avoir fait l’expérience, dans une autre vie, alors qu’il siégeait au conseil aviseur de la Ville de Montréal. Les élus de l’époque voulaient que le personnel de l’administration municipale soit le reflet de la population montréalaise alors que les fonctionnaires, la machine bureaucratique, ne suivaient pas, avait-il constaté.

« Si on veut véritablement faire avancer la société et tirer le meilleur des personnes qui s’y trouvent, quelles que soient leurs origines, il faudrait que les sphères de décisions soient accessibles seulement par des personnes de talent », a martelé le professeur qui pense aussi que l’octroi des contrats gouvernementaux aux entreprises devrait également, comme il est de rigueur aux États-Unis d’Amérique,  être en harmonie avec les statistiques (couches ethniques) de la population. Une façon de faire qui permet, a-t-il dit,  à tous les entrepreneurs, quelles que soient leurs origines, d’avoir accès aux marchés publics, un processus qui garantit également, selon lui, une meilleure distribution des richesses qui appartiennent, non pas à un groupe de personnes, mais à la collectivité.

 

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PHOTOTHÈQUE MÉDIAMOSAÏQUE Cr Patrice Ngengele (Sur la photo, le professeur de Polytechnique, l’ingénieur Samuel Pierre PHD lors de la 5e Assise du Gala des Lys de la Diversité)