Québec applaudit la façon de faire Desjardins en Haïti et s’implique en permettant à DID de cibler un plus grand nombre de personnes décapitalisées par le séisme qui a dévasté Haiti en 2010. S’inspirant du don d’un million $ CAN offert par le plus important mouvement coopératif canadien à Haïti, le gouvernement Charest, via DID, met un autre million sur la table.
Un an après le séisme
La PDG de Développement International Desjardins (DID), Anne Gaboury, qui ne pouvait cacher sa joie, était aux côtés, entre autres, de la ministre de l’Education, du Sport et du Loisir, Line Beauchamp, pour annoncer la nouvelle 24 heures après la commémoration, jour pour jour, du premier anniversaire du tremblement de terre qui avait fait officiellement plus de 316 000 morts en Haïti.
Ce million additionnel va permettre à la Fédération Le Levier, qui dispose d’une cinquantaine de caisses et qui dessert environ 350 000 membres disséminés à travers le territoire haitien, d’offrir des prêts d’environ 1 500 à 2 000 dollars CAN à sa clientèle, a fait savoir Mme Gaboury lors d’une entrevue que lui a accordée l’Agence de presse MEDIAMOSAIQUE.
Qui peut avoir accès à cet argent?
«Ces fonds, de l’ordre d’un million de dollars, qui proviennent du gouvernement du Québec, vont supporter la relance des activités. C’est des actions qui visent à renforcer un partenaire économique local qui peut jouer un rôle majeur dans la reconstruction du pays», a fait remarquer la patronne de DID à nos micros.
Mme Gaboury a toutefois pris le soin de préciser que, «ce sont ces membres-là qui vont avoir accès aux prêts et ce sont des prêts productifs qui financent de petites activités économiques comme l’artisanat, la transformation alimentaire, le commerce au détail, etc.»
«La puissance de ce partenariat»
Se félicitant de cette annonce, Mme Gaboury a insisté sur la singularité et la valeur ajoutée d’une telle entente pour les bénéficiaires. «Depuis une quinzaine d’années environ, Développement international Desjardins a un partenaire haïtien crédible sur le terrain et les Caisses populaires haïtiennes sont gérées et possédées par les Haïtiens», a-t-elle soutenu.
«C’est la puissance de ce partenariat-là, le fait que cela s’accroche à une institution financière locale et cela facilite la canalisation des fonds directement vers les clientèles cibles qui sont les populations démunies», a renchéri la PDG de cet organisme tentaculaire de Desjardins qui offre ses services notamment en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes.
L’intégrale de l’entrevue accordée à la PDG de Développement international Desjardins (DID)
*MÉDIAMOSAÏQUE : Anne Gaboury bonjour,
Anne GABOURI : Bonjour MÉDIAMOSAÏQUE
*MÉDIAMOSAÏQUE : On apprend qu’au niveau de Desjardins qu’on a pris la décision de faire un geste envers Haïti encore une fois. Cela a fait l’objet d’une conférence de presse qui a réuni entre autres, vous en tant que PDG de Desjardins développement international (DID), la ministre de l’Éducation, du loisir et du sport, Line Beauchamp. Dites-nous pourquoi ce geste et qu’est-ce que vous visez exactement?
Anne GABOURI : C’est important de distinguer la contribution de Desjardins et celle du ministère des Relations internationales. Il y a un an de cela, Desjardins avait fait une collecte de fonds à l’intérieur de son organisation et avait levé jusqu’à un (1) million de dollars CAN. On a essayé d’avoir un effet de levier avec ces fonds-là et on a commencé à supporter la solidification du réseau des Caisses populaires en Haïti.
Aujourd’hui, c’est le gouvernement du Québec par le biais du ministère des Relations internationales qui a décidé de s’associer aux efforts de Desjardins en mettant lui-même un (1) million de dollars à la disposition des Caisses populaires haïtiennes pour favoriser le crédit productif notamment pour relancer les activités économiques en Haïti.
Cet argent-là sera déboursé sur cinq (5) ans à raison de 200 000 dollars par année et sera canalisé à travers les Caisses populaires haïtiennes. Il revient donc aux caisses de décider de la valeur des projets qui seront financés. Et comme les fonds vont pouvoir être réinvestis, réutilisés à plusieurs reprises, on estime que ces fonds-là vont avoir un effet et on prévoit qu’ils pourront atteindre les 4 millions de dollars dans le réseau.
*MÉDIAMOSAÏQUE : Comment l’Haïtien moyen va-t-il pouvoir bénéficier de ces fonds?
Anne GABOURI : C’est certain que l’activité de prêts est encore au ralenti, l’épargne a diminué et les Caisses sont frileuses à l’idée d’octroyer des prêts en attendant que l’activité économique reprenne un peu. Les prêts moyens actuellement sont de 1 500 à 2 000 dollars, donc, on s’attend à ce que ces fonds-là soient capables d’offrir environ 1 000 à 1 500 prêts, d’avoir un volume d’à peu près 3 millions de dollars sur 5 ans et on estime que cela peut avoir des effets de création d’emplois (de 4 à 6 000 emplois).
Ces fonds seront accessibles aux membres du réseau des Caisses. Comme vous le savez, Le Levier regroupe une cinquantaine de caisses à travers tout le territoire haïtien et touche 350 000 membres. Ce sont ces membres-là qui vont pouvoir accès aux prêts et ce sont des prêts productifs qui financent de petites activités économiques comme l’artisanat, la transformation alimentaire, le commerce au détail, etc.
*MÉDIAMOSAÏQUE : Comment au niveau du gouvernement du Québec on justifie la nécessité d’octroyer des sous, de contribuer à la matérialisation de ce projet?
Anne GABOURI : Eh bien, je pense que la ministre (Line Beauchamp) a bien souligné la valeur de ce partenariat et que c’était important de s’attaquer au volet économique de la reconstruction. Et face à ça, DID est en partenariat avec les mairies il y a plusieurs années de cela. Il faut souligner aussi que depuis une quinzaine d’années environ, Développement international Desjardins a un partenaire haïtien crédible sur le terrain et les Caisses populaires haïtiennes sont gérées et possédées par les Haïtiens.
C’est la puissance de ce partenariat-là, le fait que cela s’accroche à une institution financière locale et cela facilite la canalisation des fonds directement vers les clientèles cibles qui sont les populations démunies.
*MÉDIAMOSAÏQUE : Diriez-vous que cette annonce confirme une fois de plus l’étroitesse des liens
Anne GABOURI : Tout à fait, ont sait que c’est parce que Desjardins qui s’est dit : on supporte les Caisses populaires haïtiennes depuis bientôt 15 ans. On a un partenariat très étroit avec ces caisses-là, donc c’est une assurance que ces fonds vont être bien utilisés en étant encadrés par Le Levier et par Desjardins. C’est une façon d’avoir un impact économique important.
Un autre élément à ajouter. C’est aussi en continuité avec l’action de Desjardins qui avait mobilisé des fonds à l’interne dans un premier temps pour aider les employés à stabiliser leur situation pour qu’ils puissent revenir au travail le plus tôt possible et par la suite les efforts ont porté les Caisses à relocaliser leurs opérations en particulier les caisses qui ont été touchées par le séisme à Port-au-Prince, à ce que leurs membres aient accès à leurs ressources financières le plus rapidement possible, et aussi s’attaquer à la situation financière du réseau pour mettre en place des fonds de sécurité.
C’est certain que, quand on fait ça, on cherche à avoir d’autres partenaires aussi pour multiplier les ressources et continuer à renforcer le partenaire. Donc, ces fonds, de l’ordre dun million de dollars, qui proviennent du gouvernement du Québec, vont supporter la relance des activités. C’est des actions qui visent à renforcer un partenaire économique local qui peut jouer un rôle majeur dans la reconstruction du pays.
*MÉDIAMOSAÏQUE : Après avoir fait cette annonce-là en compagnie de la ministre à Montréal, avez-vous le sentiment d’avoir été à l’origine de quelque chose d’important, d’être une femme heureuse aujourd’hui…?
Anne GABOURI : (Rires…) Oui oui oui, c’est une très bonne nouvelle pour Le Levier, et j’en profite pour saluer les efforts deployes par les responsables de ces institutions-là qui ont permis aux Caisses populaires de relancer les opérations. Ces gens travaillent très fort dans des situations difficiles. Je salue encore une fois le travail de ces dirigeants, des employés de la Fédération Le Levier et faut pas lâcher.
*MÉDIAMOSAÏQUE : Mediamosaique vous remercie
*Anne GABOURI : Merci à vous
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PHOTO MEDIAMOSAIQUE.Com- En haut, à gauche, la présidente-directrice générale de Développement international Desjardins (DID), Anne Gaboury, à droite, les locaux de deux succursales du réseau des caisses de la Fédération Le Levier détruits par le séisme du 12 janvier.