Delphine Bonnardot: Française, mais Canadienne jusqu’au bout des doigts

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1-Vos réactions à chaud par rapport à une telle nomination au Grade de Personnalité de l’Année 2017?

Réponse : Je suis profondément honorée d’être la première membre des Forces armées canadiennes à être lauréate à titre de Personnalité de l’Année 2017. Je suis fière de faire partie d’une institution qui respecte et encourage la diversité. Je tiens à souligner le travail exceptionnel qui est fait par les militaires, femmes et hommes, force régulière et réserviste. En tant que citoyenne, immigrante et femme, je suis heureuse de penser que mes actions font une différence et peuvent inspirer des jeunes filles et des femmes.

2-Comment vous décririez l’impact de vos actions sur l’ensemble de la société québécoise et canadienne ?

Réponse : Tous et chacun, à notre niveau, nous pouvons faire une différence. Non seulement au Canada lors d’inondations par exemple, ou lorsque nous sommes déployés à l’étranger dans le cadre d’une mission.

La diversité et l’inclusion font partie intégrante de nos quotidiens et que nous sommes responsables en tant que citoyens de veiller au bien-être des personnes que nous côtoyons. Être à l’origine de la création de groupes de réflexion en vue de promouvoir le changement n’est possible que grâce à l’implication de mes collègues et du soutien de ma chaine de commandement. Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin!

3- Votre regard sur la diversité et son importance pour la société québécoise et canadienne ?

Réponse : Nous avons la chance de vivre dans un pays qui a fait de l’ouverture d’esprit son identité. Lorsque je suis à l’étranger ou que je participe à des événements internationaux je vois que le fait d’être canadienne suscite l’intérêt et l’envie. Lorsque j’ai immigré le Québec m’a accueillie et mon envie d’accomplir quelque chose de plus grand que moi m’a fait joindre les Forces armées canadiennes. Je n’aime pas opposer le Québec et le Canada, ils occupent une place spéciale dans mon cœur. J’ai habité dans plusieurs Provinces qui m’ont toutes apporté quelque chose et ont contribué à mon identité actuelle.

J’ai l’immense privilège d’avoir choisi mon pays, celui qui me fait vibrer et qui correspond à mes valeurs.

*Personnalités québécoises, canadiennes ou internationales préférées? Nombre d’enfants?

J’admire profondément le général (à la retraite) Roméo Dallaire. C’est un homme inspirant qui s’est battu pour ses convictions même dans des moments difficiles.

Depuis que je suis adolescente Simone Weil a occupé une place importante dans ma vie. Elle a fait avancer la cause des femmes, a connu la guerre, les nazis et les camps. Elle s’est tenue debout toute sa vie et a brisé bien des codes établis.

Biographie : DELPHINE BONNARDOT

La lieutenant de vaisseau (ltv) Delphine Bonnardot est Officier des Affaires publiques dans les Forces armées canadiennes, force régulière.

Issue d’une famille de militaires, née, à Nîmes, en France, en 1974, elle fait une partie de ses études secondaires à la Maison d’Éducation de la Légion d’Honneur, à Paris. C’est à ce moment-là qu’elle développe un goût prononcé pour les communications et l’écriture.

Journaliste radio (géopolitique) et télévision entre 1995 et 1999, elle couvre plusieurs sujets nationaux et s’oriente vers les enjeux géopolitiques internationaux.

En 1999 elle entre à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour suivre des études en Conception et mise en œuvre de projets culturels et en 2000 elle est sélectionnée afin de participer à un échange universitaire avec l’Université du Québec à Montréal. Elle poursuit parallèlement un double cursus et obtient deux maitrises, en 2002 et 2003, avec félicitations du jury et mention d’honneur.

La ltv Bonnardot s’installe alors au Canada et obtient sa double citoyenneté en 2007.

Elle occupe différents postes en communication, mais c’est en 2009 qu’elle décide de retrouver ses racines militaires et qu’elle joint les Forces armées canadiennes comme Officier des opérations maritimes de surface et sous-marines. Elle passe alors trois années sur la côte ouest du Canada.

En 2012 elle travaille au sein du département des Affaires publiques de la Base d’Esquimalt. C’est alors qu’elle décide de se réorienter vers le métier d’Officier des Affaires publiques. Elle complète son cours de métier en 2014 et est mutée au quartier général de la 2e Division du Canada et de la Force opérationnelle interarmées (Est). Elle fait partie de l’équipe qui couvrira l’attentat contre l’adjudant Vincent cette même année.

En 2015, elle participe à la montée en puissance de la division, à l’entraînement de guerre hivernale ainsi qu’à l’exercice majeur EX MAPLE RESOLVE, en Alberta. C’est pendant cet exercice qu’elle apprend son déploiement imminent pour l’OPERATION REASSURANCE, mission de stabilisation en Europe de l’Est et Centrale, placée sous l’égide de l’OTAN, avec les parachutistes de la Cie A du 3e Bataillon, Royal 22e Régiment.

La ltv Bonnardot est la seule femme officier de cette rotation de 8 mois. Elle couvre plus de 15 exercices et reçoit la médaille du Service spécial de l’OTAN ainsi qu’une mention élogieuse du commandement opérationnel interarmées du Canada en reconnaissance de l’excellence de son travail.

À son retour de mission, en février 2016, elle est mutée au groupe-soutien de la 2e Division du Canada où elle devient co-présidente de l’équipe D+ sur la diversité et l’inclusion. Elle supervise également plusieurs tournages dont celui du documentaire P’tit gars qui retrace la transition transgenre d’un membre des Forces armées canadiennes. C’est à la même période qu’elle est acceptée à l’Université Montpellier 3 pour poursuivre un doctorat portant sur Le narratif des Femmes dans les Forces armées canadiennes-Analyse StratCom. Sa thèse porte sur les enjeux stratégiques de l’intégration  et de la rétention des femmes dans les Forces armées canadiennes. La même année, elle est nommée Senior Fellow à la chair de la gouvernance de l’université d’Ottawa, membre du Women’s in Defence and Security Group et membre de l’association canadienne pour l’ONU.

En mai 2017, elle est déployée dans le cadre de l’Opération LENTUS qui a comme mandat de venir en appui aux autorités civiles dans le cadre des inondations historiques au Québec.

En juillet de la même année, la ltv Bonnardot est mutée comme instructrice au Centre d’apprentissage des Affaires publiques de la Défense, à Ottawa. Quelques mois plus tard, elle devient la co-présidente de la région de la capitale nationale du Defence Women Advisory Organization et la conseillère en communication stratégique de cette même organisation sous l’égide du Ministère de la Défense nationale.

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