Dany Laferrière a pris sa douce revanche sur la communauté haïtienne en rappelant à celle-ci sa tiédeur, ses réserves, vis-à-vis de l’ouvrage «Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer» qui lui a pourtant permis de sortir de l’anonymat au Québec, dans la francophonie et à travers le monde.
Avec la pointe d’humour qui assaisonne ordinairement ses envolées et la maîtrise quasi parfaite de son art de provoquer ses interlocuteurs sans pour autant les blesser, le prolifique et célèbre écrivain s’est moqué de la chasteté de ses compatriotes alors que ces derniers lui rendaient hommage.
Fort du prestigieux prix Médicis récompensant sa toute dernière parution «L’énigme du retour», Laferrière a eu droit à tout un concert d’éloges à travers le monde et au Québec notamment. Haïti, via son consulat à Montréal et son ambassade à Ottawa, ne voulait, pour rien au monde, rater une telle circonstance.
«Ce serait (plutôt) à l’occident de se fâcher!»
«Il fut un temps où l’on parlait de « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » et on était très fâchés ici dans la communauté haïtienne quand j’ai soulevé la question du pénis …», a rappelé, vraisemblablement sans rancune, l’insaisissable Laferrière, dans un speech improvisé, provoquant ainsi les fous rires de l’assistance.
Évoquant lui-même le titre d’un chapitre qui résumait l’essence de sa pensée dans ce roman à succès : «le pénis nègre et la démoralisation de l’occident», l’auteur s’est demandé «pourquoi ce sont les haïtiens qui se fâchent (rires) ce serait à l’occident de se fâcher (rires)!», a rapporté l’Agence de presse «Média Mosaïque».
Clin d’œil à la relève
Sous un ton plus sérieux, Dany Laferrière, pensant à la relève, a vivement souhaité qu’un jeune haïtien, «affamé de solitude, de culture et de gloire et d’écriture», dit-il, puisse revendiquer les propos qui suivent: «quel est ce nouveau notable qui s’appelle Dany Laferrière qu’il faudra bien que je détrône un jour!».
En dépit des conditions matérielles inadéquates dans lesquelles évolue cette relève, l’auteur pense que celle-ci dispose malgré tout des atouts pour livrer bataille, parce qu’il dit avoir «l’impression que l’écriture se fait dans la solitude, dans la douleur, dans les ténèbres».
Casimir: «Dany, vous êtes plus qu’une bonne nouvelle!»
À noter que, sur invitation du consul haïtien de Montréal, Pierre-Richard Casimir, près d’une centaine de membres influents de la communauté haïtienne et de la société d’accueil avaient pris part à cette cérémonie tenue le 17 novembre dernier dans les locaux du consulat.
M.Casimir, a souligné le fait que M.Laferrière se soit révélé «une bonne nouvelle pour les Haïtiens», comme ce dernier l’avait lui-même souhaité dans une de ses interventions publiques. «Sachez que Dany vous êtes plutôt une excellente nouvelle pour la communauté haïtienne, et cette nouvelle, nous la vivons intensément», a rectifié le consul.
La chargée d’affaires à l’ambassade d’Haïti à Ottawa, Nathalie Gissel-Ménos a, quant à elle, vanté les qualités intrinsèques de ce grand lauréat, qui, sur toutes les tribunes, peu importe les circonstances, a toujours trouvé du bien à dire de son pays d’origine.
À venir:
Un Spécial (en vidéo) sur Dany Laferrière
http://www.youtube.com/watch_popup?v=0rfhQGF2SP0#t=46
PHOTOS MEDIAMOSAIQUE.Com/Cr Hubert Molaire. (En haut, Dany prenant la parole, à ses côtés, la chargée d’affaires de l’ambassade d’Haïti à Ottawa, Nathalie Gissel-Ménos. En bas, le lauréat du Prix Médicis en compagnie du consul Pierre-Richard casimir, à gauche. À droite, le diseur Jean-Claude Martineau (Koralen) et l’écrivain Gary Victor, de passage à Montréal)