Charest: entre la survie politique et la retraite anticipée?

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Par Donald Jean (Mon bilan de campagne sur Jean Charest)

Avec un taux d’insatisfaction dépassant les 75%, je vois très mal Jean Charest, héritier d’un règne libéral vieux de près d’une décennie, tordre le cou au « changement ». On dit de lui qu’il est un chat capable (il l’a prouvé à maintes reprises) de retomber sur ses pattes, cette fois, je le vois difficilement user de ses talents de prestidigitateur pour prouver que l’instinct grégaire de son parti (les membres du Parti libéral du Québec ont suivi leur chef comme des moutons de Panurge dans son entêtement avec les étudiants) était le bon…

Avait-il décidé de plonger le Québec en élections en plein été par crainte réelle d’éventuelles retombées de la Commission Charbonneau ? Savait-il qu’un pareil affrontement avec les étudiants aurait pu lui être fatal même s’il était une star dans l’opinion publique? Va-t-il pouvoir éviter au PLQ la dégelée du Parti libéral du Canada qui ne se relève toujours pas du fameux scandale des commandites? Il va devoir vivre avec les conséquences de ses actions. Il est clair que sa cassette de l’économie ou la menace du ralentissement économique ne fait pas suffisamment recette. Peut-il compter sur la rentrée universitaire chaotique qui ressuscite son thème chouchou « la loi et l’ordre » pour booster enfin sa campagne? On ne peut ne pas se poser ce genre de questions pour mieux comprendre le présent et prédire l’avenir de Jean Charest…

En ce qui a trait à la perception des gens autour de la campagne du premier-ministre sortant, plusieurs sons de cloche émanent des milieux de la diversité, ordinairement collés aux libéraux. Le temps où l’on disait à la blague que la population élirait même un « chien habillé en libéral » dans certains quartiers de Montréal semble être révolu. Les plus déçus de la gestion libérale de la crise étudiante songent, et cela du jamais vu, à opter pour un vote sanction. Pour blâmer leur parti de prédilection, certains Allophones seraient prêts à choisir, par ordre de préférence, soit l’abstention, la Coalition avenir Québec ou, fait nouveau, le Parti québécois et même Québec solidaire figurent dans les options. À noter que, certains libéraux, tentés par l’aventure caquiste, pensent aussi à revenir au bercail même s’ils considèrent que le bilan libéral demeure mitigé.

J’ai posé la question à des Allophones qui votent habituellement les yeux fermés pour les libéraux qui n’étaient pas capables de m’énumérer les réalisations de Charest au profit de la diversité. À son crédit, à titre de témoin privilégié, pour avoir suivi le cours des choses en tant que journaliste, je dois préciser que Jean Charest a posé quelques actions phares au profit de la diversité, même si, à mon avis,  cela ne dépasse le stade du symbolisme : la première femme noire au sein d’un cabinet ministériel (Yolande James), la parité hommes/femmes au conseil des ministres, dans les CA, le fonds Afro-entrepreneurs, à part cela, peu d’audace diriez-vous? Le sort des médecins formés à l’étranger n’est toujours pas réglé, ses ministres de l’Immigration (Kathleen Weil) et des Communications (Christine St-Pierre) sont restées sourdes aux cris répétés des médias de la diversité qui sont toujours exclus dans la répartition du budget consacré à la publicité gouvernementale.

Enfin, si la victoire lui fait faux bond le 4 septembre, il y a fort à parier que le bagarreur, l’intraitable Jean Charest choisira le repos de la maison familiale. C’est sûr que le Jean que le grand public méconnaît, tellement il est humain, a révélé un photographe de l’Agence QMI qui l’a suivi  pendant une journée entière récemment, préfèrera rester plus près de son élégante épouse « Michoue » (Michelle Dionne) au lieu d’endurer pour combien de temps encore la rudesse des joutes de l’Assemblée nationale.

Bilan de fin campagne signé Donald Jean:

 

 

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PHOTOTHÈQUE MÉDIAMOSAÏQUE – Le premier-ministre sortant du Québec et chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Jean Charest, conversant avec la presse dans son autobus de campagne.