MONTRÉAL (MÉDIAMOSAÏQUE) – Une population de 500 millions d’admirateurs potentiels échappe à Céline Dion. Ce marché inclut, les communautés hispanophones des Amériques, mais aussi de l’Europe.
Enrique Pato, qui enseigne au Département de littératures et de langues modernes de l’Université de Montréal, explique les raisons qui seraient à la base de ce retard, écrit le journal universitaire de l’UdeM, «Forum», dont des extraits sont diffusés par l’Agence de presse Médiamosaïque.
Selon M. Pato, «Céline Dion a quatre chansons en espagnol dans son répertoire. Il suggère à la Québécoise la plus connue à travers la planète de «faire un disque complet dans cette langue». Ainsi, croit-il, Céline pourra «connaitre un très grand succès auprès des communautés hispanophones».
Un travail universitaire
«Avec le Groupe de recherche sur l’espagnol en Amérique, qu’il a créé, composé de 14 étudiants à la maitrise et au doctorat, Enrique Pato a lancé un projet qui ne manque pas d’originalité : produire un document de 80 à 90 pages suggérant des outils pour aider la chanteuse à conquérir ce marché», lit-on dans la livraison du 16 février 2009 de «Forum» consultée par un journaliste de Médiamosaïque.
Parmi les consignes édictées par le professeur Enrique Pato, qui confie que les résultats seront remis à la chanteuse, «les étudiants devront participer à diverses étapes de la production du document, incluant la traduction de textes et l’analyse phonétique des chansons.»
Céline peut gagner le pari
«C’est un jeu, mais c’est sérieux, indique le jeune professeur originaire de Madrid et arrivé au Canada en 2004. Je crois que Céline Dion n’aurait pas d’efforts démesurés à faire pour s’attaquer à ce marché. Et tout indique qu’elle pourrait très bien réussir.»
Pour y arriver, le spécialiste pense que «la chanteuse devra corriger des défauts d’élocution dont témoignent ses interprétations de Sola otra vez (la traduction de All by Myself ), Amar haciendo el amor, Aún existe amor et Mejor decir adiós. Elle se montre malhabile dans la prononciation de certains mots.»
Il fait aussi remarquer que «la lettre «s», par exemple, se prononce «z» en Europe mais pas en Amérique. De plus, elle ne «roule» pas ses «r» convenablement, soit avec la partie postérieure des dents, ce qui choque les oreilles… Un peu comme si l’on entendait à la radio un chanteur populaire mélangeant les accents marseillais et québécois.»
Quel espagnol pour Céline?
Telle est donc la question qui s’impose. «M. Pato, dont la thèse de doctorat déposée à l’Université autonome de Madrid portait sur la dialectologie et la géolinguistique, rappelle que l’espagnol, comme toute langue vivante, se parle différemment selon les régions du monde où l’on se trouve», a rappelé la revue universitaire.
«Phonétiquement, il y a donc autant de différences entre la langue parlée en Espagne et celle entendue au Mexique qu’entre l’anglais parlé aux États-Unis et celui de l’Angleterre», a comparé l’auteur de l’article Mathieu-Robert Sauvé.
Alors, Céline Dion devrait-elle choisir l’espagnol d’Amérique ou celui d’Europe?, a demandé le journal au chercheur originaire de l’Espagne. «Bonne question, répond diplomatiquement M. Pato. Ce n’est pas à moi de décider mais à son imprésario.»