Catastrophe ou opportunité: vive la crise!

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Faut-il s’alarmer ou se réjouir de la crise économique qui sape en ce début de millénaire les piliers du capitalisme mondial?

 

 

 

 

 

En effet, c’est non sans raison que les conséquences du tsunami financier, commentées quotidiennement dans l’espace public, suscitent l’inquiétude des entreprises quant à leur devenir. Et pourtant, il serait bon de s’interroger davantage aux éventuelles opportunités économiques qu’offre cette crise.
 
ALERTE maximum, restez tous aux abris : la crise continue de sévir! Depuis le dernier trimestre 2008, s’il existe une mauvaise nouvelle que nul n’a raté c’est bien celle-là. Comment aurait-il pu  en être autrement : rationnement du crédit bancaire, surendettement, baisse de la consommation et du commerce, multiplication des politiques de relance et développement durable, chômage, les composantes socioéconomiques illustrant l’ampleur du cataclysme sont toutes là, exposées sous nos yeux.

La crise, un mal pour un bien.

Bombardés de signaux de détresse émanant du tandem politico-médiatique, il est facile d’oublier une donnée essentielle : une crise, aussi grave et pénible soit-elle, présente certaines caractéristiques favorables au progrès d’une société. Pour preuve, la Grande dépression des années 30 a donné naissance au New Deal; tandis que les pays importateurs de pétrole ont mis sur pied des politiques d’amélioration du rendement énergétique, ainsi que des pratiques de diversification des sources d’énergie, suite au choc pétrolier de 1973.

Rien de bien neuf pourtant. Il y a fort longtemps, les anciens avaient déjà saisi le sens de ce phénomène. Issue du grec « Krisis », une crise désignait « un moment décisif d’une maladie » ou « l’acte de trancher en situation confuse ». En Chine, la crise – weiji en mandarin – signifie à la fois le danger et l’opportunité. Cette manifestation peut ainsi s’envisager comme une alerte relative au dysfonctionnement d’un système. Agissant à la fois comme un poison et son antidote, c’est une période douloureuse, mais elle ne tue pas.

Plus concrètement, malgré la crise ou à cause d’elle, 14 multinationales américaines ont été fondées en pleine récession économique nous informe le site d’Inside CRM.[1] Trois d’entre elles – General Electric, Microsoft et Hewlett-Packard  –  comptent parmi les 30 valeurs du Dow Jones. Et selon le classement 2008 du magazine Forbes, avec une fortune estimée à 58 milliards de dollars, Billes Gates est toujours au peloton des milliardaires américains; et le troisième homme le plus riche au monde.  

Entre risque et prudence.

Évidemment, s’il ne faut pas sombrer dans un pessimisme chronique, il ne s’agit pas non plus de faire preuve d’un optimisme béat. Toutes les crises se ressemblent certes, mais aucune n’est identique. Le fabuleux destin de cette poignée de privilégiés ne masque pas la fragilité des entreprises en cette période de turbulence. Après le secteur bancaire et celui de l’automobile, c’est au tour des institutions de presse nord-américaine de sombrer. En décembre dernier, le groupe de presse Tribune, propriétaire du prestigieux Los Angeles Times a annoncé lors d’une conférence de presse se mettre volontairement en situation de faillite.

Pour faire face à une carence en liquidités, le New York Times a pour sa part hypothéqué son siège de Manhattan fraichement innové contre la somme de 225 millions de dollars. Côté canadien, faute de pouvoir rémunérer ses salariés, le journal Metro de Toronto a donné le coup de grâce à ses derniers journalistes au profit d’une pléiade de stagiaires ; c’est-à-dire une main-d’œuvre très bon marché nous livre le blog du quotidien canadien Globe and Mail[2].

Il va s’en dire que les entreprises – tous secteurs confondus – ne sont pas au mieux de leur forme. Source d’opportunité ou pas, la crise actuelle incite à la réflexion ; d’autant plus que les experts s’accordent à dire que cette situation risque d’être longue. Quoi qu’il en soit, nombreux sont ceux qui pensent que cette période est une occasion de redéfinir le système économique global dans le respect des principes de  responsabilité sociale et environnementale[3].

[1] Inside CRM: http://www.insidecrm.com/features/businesses-started-slump-111108/
[2]  http://www.theglobeandmail.com/servlet/story/RTGAM.20090209.WBnobodysbusiness20090209183420/WBStory/
WBnobodysbusiness
[3] Selon la Commission Européenne, La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est «  un concept suivant lequel les entreprises intègrent volontairement des préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités ainsi que dans leurs interactions avec leurs parties prenantes.»