Budget 2010: un complot Charest/Bachand pour affamer la diversité?

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Le gouvernement libéral de Jean Charest s’attaque-t-il à la diversité en décidant de la priver cette fois du Conseil des relations interculturelles (CRI), un organisme dont le rôle pivot ou d’interface auprès des milieux immigrants et des institutions de la société d’accueil est reconnu par plus d’un?

 

Message contradictoire?

Le CRI, qui avait pour mandat de conseiller le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles dans l’adoption de ses politiques en matière d’immigration, vient, en effet, d’être aboli conformément aux dispositions prises par le gouvernement du Québec dans le cadre du budget controversé du titulaire des Finances, Raymond Bachand.

Sous prétexte de vouloir récupérer des sous, les libéraux, en clair,  jugent non essentiels les services offerts aux immigrants via le CRI, alors qu’ils ont été, pourtant, les seuls parmi les trois partis politiques du Québec à convaincre l’opinion publique de la nécessité de hausser en 2008 de 45 000 à 55 000 le seuil annuel de l’immigration au Québec.

 

Onde de choc au CRI

Jeudi 30 mars à la mi-journée, au 500 de la rue René-Lévesque, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe au Conseil des relations interculturelles où la dizaine d’employés travaillant sous la gouverne de la présidente, Patricia Rimok, incluant celle-ci, refusaient de commenter la disposition prise par le gouvernement.

De sources dignes de foi, l’Agence de presse MÉDIAMOSAÏQUE a toutefois appris que la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, avait personnellement appelé Mme Rimok pour lui faire part de la décision.

Un volume inhabituel d’appels téléphoniques de gens d’horizons divers condamnant cette mesure a également été enregistré ce jour-là au CRI, quelques instants après que le communiqué officiel eût fait le tour des rédactions locales, selon nos informations.

 

Les libéraux ne sont pas à leur coup d’essai

Rappelons qu’en mars 2004, quelques mois après son élection majoritaire, le gouvernement Charest, par le biais de son ministre des Finances d’alors, en la personne d’Yves Séguin, avait, sans la moindre gêne, choisi de couper dans les fonds alloués aux immigrants notamment pour la francisation.

Le programme d’intégration linguistique a été coupé de moitié. Des étudiants à temps plein qui recevaient une allocation de 150 $ par semaine devaient en conséquence se contenter de 30 $. Une décision qui avait choqué plus d’un et provoqué de nombreux attroupements anti-Charest sur le macadam.

 

Un budget hostile aux plus vulnérables de la société?

Il faut dire que la diversité ne constitue pas le seul groupe vulnérable de la société à faire les frais de cette loi de finances très mal accueillie par la population québécoise. Les jeunes, qui décrochent par dizaines de milliers chaque année, ne peuvent désormais plus compter sur le  « Conseil permanent de la jeunesse ». De même pour les aînés, dont plus d’un est unanime à déplorer leurs conditions au Québec, ne disposent plus du « Conseil des aînés ». Quant à la diversité, pour laquelle tout est à inventer pour refaire le retard de la province en la matière, voilà que le CRI, voué à oeuvrer en ce sens, vient d’être rayé de la carte.

À noter que, le Conseil des relations interculturelles (CRI) a été créé par une loi de l’Assemblée nationale adoptée le 20 décembre 1984. En vertu de sa loi constitutive, l’organisme a pour fonction de conseiller le ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles sur toute question relative aux relations interculturelles et à l’intégration des immigrants, notamment pour favoriser le rapprochement interculturel et l’ouverture au pluralisme, peut-on lire dans un mémoire soumis par le CRI à la Commission des relations avec les citoyens dans le cadre du projet de loi No 16 en 2009.

 

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PHOTOS MEDIAMOSAIQUE.Com (En haut, le premier-ministre du Québec, Jean Charest, à gauche et son ministre des Finances, Raymond Bachand, à droite. En bas, la présidente du CRI, Patricia Rimok, en compagnie des responsables de la Jeune chambre de commerce haïtienne, Kerlande Mibel, à gauche, et de la directrice générale de Chantier d’Afrique du Canada, Henriette Kandula, à droite)