1-Vos réactions à chaud par rapport à une telle nomination au Grade de Personnalité de l’Année 2017?
Réponse 1 :
Je suis très honoré de la confiance du comité qui m’a sélectionné. Le choix avait dû être difficile. J’étais un candidat parmi d’autres sur une liste où figuraient sûrement des personnalités éminentes du monde du sport, des affaires et de la culture. Cette nomination est un honneur pour moi, mais aussi une grande responsabilité que je ne prends pas à la légère. Cette nomination incite aussi à la réflexion, car je suis le fils de parents immigrants qui ont fui une situation économique difficile en Haïti pour nous offrir un meilleur avenir au Canada. Je pense être un exemple qui contredit le mythe que les nouveaux arrivants et leurs familles sont un fardeau pour notre société. Bien sûr, on pense souvent aux origines ethniques quand on pense à la diversité, mais l’âge, le sexe, la condition physique sont aussi des facteurs à considérer. Nous devons travailler pour plus de diversité dans notre société. J’aimerais que mes enfants vivent dans une société où la diversité dans tous les domaines soit un fait et non un objectif à atteindre.
2-Comment vous décririez l’impact de vos actions sur l’ensemble de la société québécoise et canadienne ?
Réponse 2 :
Au cours de ma carrière d’athlétisme répartie sur dix-huit ans, j’ai beaucoup appris sur la vie et le sport, et j’applique ces enseignements quotidiennement. Mon sport et le système sportif canadien qui m’a soutenu ont façonné l’homme que je suis devenu et je reconnais humblement que sans eux, je n’aurais pu atteindre un tel niveau d’excellence.
On peut résumer ma carrière en athlétisme par cette phrase que je répète depuis que suis enfant: «Le moi que je vois, est le moi que je serai». Si, jeune homme, je ne m’étais pas imaginé au sommet de l’athlétisme, je n’aurais jamais remporté deux titres mondiaux en salle (60m), plusieurs médailles aux championnats du monde (100m), une médaille d’or olympique et je ne serais pas devenu le septième sprinteur du 100 m le plus rapide de tous les temps. Je n’aurais jamais été intronisé au Temple de la renommée des sports du Canada, du Comité olympique canadien ni au Panthéon des sports du Québec.
Depuis que j’ai quitté la scène sportive internationale, je suis demeuré fort impliqué dans le sport. J’ai assumé la présidence de la Fédération québécoise d’athlétisme et j’ai siégé au conseil d’administration d’Athlétisme Canada où j’ai eu l’occasion de mettre en œuvre plusieurs idées nouvelles et proposer ma vision de l’avenir du sport afin d’en assurer la croissance.
À titre d’entrepreneur, j’ai créé et financé trois entreprises prospères. Vêtements Surin: une entreprise de vêtements de sport de masse, ayant généré plus de 15 millions de dollars de revenus depuis sa création en 2009. Sprint management Inc. offre les services de conférencier et mentorat aux gens d’affaires. Ainsi depuis 2002, près de 15 000 personnes ont assisté à mes conférences. En guise de reconnaissance envers la communauté qui m’a soutenu tout au long de ma carrière, j’ai créé la Fondation Bruny Surin qui mène des campagnes de sensibilisation dans les écoles, pour promouvoir, auprès des jeunes, un mode de vie sain. La Fondation Bruny Surin supporte aussi financièrement directement 4 athlètes de niveaux élites et excellence, en versant annuellement un montant de 17 500$ à la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec. Elle organise aussi annuellement, au printemps, un camp d’entraînement à l’extérieur du Canada avec de jeunes athlètes identifiés par leur fédération sportive, leur permettant de côtoyer en un seul endroit des spécialistes qui leur sont dédiés. Plus de 1.5 M$ ont été distribués depuis 2003.
J’ai, avec humilité, assumé un rôle de leader et je suis heureux de visiter entreprises et établissements d’enseignement pour motiver, encourager et inspirer les gens et les étudiants, à rêver en couleurs et à ne pas avoir peur de l’échec. Je crois que tout est possible dans la vie, quelles que soient les circonstances. Je ne crains pas les défis, ils me stimulent. Il existe une solution à chaque problème.
3- Votre regard sur la diversité et son importance pour la société québécoise et canadienne ?
Réponse 3 :
Je suis très fier d’être le père de 2 jeunes femmes adultes (22 ans et 23 ans). Mon épouse et moi avons toujours été conscients de notre responsabilité en tant que parents de poser les gestes nécessaires en les éduquant afin qu’elles deviennent des adultes qui prendront leur place dans la société sans égards de la couleur de leur peau ou le fait qu’elles soient des femmes. Au début de ma carrière, j’ai été ridiculisé de vouloir courir plus vite que 9.86 secondes, car aucun autre Canadien dans l’histoire n’avait couru sous les 10 secondes sur 100 mètres. Alors, au milieu des pressions, des jugements et des sacrifices que j’ai fait dans ma vie, le 22 août 1999, j’ai couru plus vite que je ne l’avais imaginé, non seulement j’ai battu mon idole Carl Lewis, mais j’ai aussi réalisé l’un des meilleurs temps monde de tous les temps au 100 mètres et le record canadien de 9.84 secondes toujours en vigueur aujourd’hui. Nelson Mandela que j’admire énormément disait : «Sport has the power to overcome old divisions and create the bond of common aspirations». Donc, je pense que nous avons tous des objectifs à atteindre et pour les réaliser, il faut travailler et persévérer. Mes réalisations dans le sport et dans le milieu des affaires m’ont permis de faire réaliser aux jeunes que tout est possible.
La diversité ethnique au Québec et au Canada est le résultat de l’immigration. Cette dernière a été un moteur des progrès réalisés par notre pays grâce à des générations de nouveaux arrivants venus des quatre coins du globe pour contribuer à notre prospérité, notre culture et notre diversité. Il est donc important de bien les intégrer dans la société québécoise et canadienne. Nelson Mandela disait : «Quand on perd le droit d’être différent, on perd le droit d’être libre». Nous avons beaucoup de travail d’éducation à faire auprès de la population québécoise et canadienne sur l’acceptation que les nouveaux arrivants soient différents. La diversité ethnique est une richesse. Elle permet un meilleur dialogue entre les individus si chacun fait preuve d’ouverture envers l’autre.
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