Affaire Mélissa: TVA piquée au vif par la sortie publique du Syndicat

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MONTRÉAL – La pression s’accentue sur la direction de LCN, la chaîne en continu de TVA. Après la  pétition endossée par près de 8 000 personnes sur Facebook, c’est au tour du Syndicat des employés de ladite chaîne de réclamer publiquement le retour en ondes de Mélissa François, selon une note signée de Réjean Beaudet reçue à l’Agence de presse Médiamosaïque.

Rappelons qu’avant la période des fêtes, le 18 décembre dernier, Mme François avait confondu le mot « Il » pour le chiffre « deux » en prononçant le nom du leader nord-coréen Kim Jong Il, dont elle annonçait le décès. Une erreur pour laquelle elle avait été rétrogradée de son poste de chef d’antenne par la direction de LCN.

 

Une sanction injuste, selon le Syndicat

Qualifiant d' » impeccables  » les  » états de service  » de Mélissa François depuis son arrivée en décembre 2010 à TVA, et évoquant les  » multiples courriels et mots de félicitations de collègues et de cadres pour son travail », le syndicat juge injuste cette sanction, d’autant que, toujours selon son président, la lectrice d’origine haïtienne ne devrait pas être la seule à être blâmée.

 » Des bourdes, des lapsus, des fous rires, des gaffes, il y en a eu des douzaines et des
douzaines dans l’histoire de l’information en direct à TVA « , a rappelé Réjean Beaudet qui croit plutôt, dans ce cas-ci, qu' » il faut parler de responsabilité collective et non individuelle « .

Le No 1 du Syndicat veut aussi savoir ce qui s’est réellement  » passé entre 22 h 11 et 22 h 22? « . Car, a soutenu Beaudet,  » de multiples éléments nous indiquent qu’il y a eu confusion au sein de l’équipe en place et que Mme François a reçu pour instruction de  prononcer « deux ».

 

TVA s’inscrit en faux

Piquée au vif par cette sortie publique du Syndicat, la direction de TVA, par le biais de son « Service de presse » a immédiatement réagi dans une note de presse pour dénoncer, selon elle,  » les affirmations mensongères que véhicule ce communiqué  » signé de Réjean Beaudet.

TVA ne bouge pas d’un pouce. Au contraire, la chaîne justifie sa décision en insistant sur le fait qu' » un lecteur ou une lectrice de nouvelles doit non seulement posséder un important bagage de connaissances générales, mais doit aussi être au fait de l’actualité. »

En fait, selon TVA,  » la direction a choisi, non pas de pénaliser Mme François, mais plutôt de lui permettre de poursuivre son apprentissage comme rédactrice et comme journaliste sur le terrain et progresser « .

 

Accusations de « racisme », selon TVA

 » Le TVA Nouvelles a toujours souhaité et encouragé la présence en ondes de journalistes provenant des communautés culturelles. Cette accusation à peine voilée de racisme est tout simplement inacceptable « , s’est défendue la chaîne de Pierre-Karl Péladeau pour répondre aux accusations du Syndicat.

En effet, contrairement à d’autres grands réseaux montréalais comme CTV, CBC ou la SRC où l’on peut voir quelques visages issus de l’immigration évoluer à titre de chefs d’antenne en information, de telles opportunités sont moins fréquentes à la salle des nouvelles de TVA. Le Syndicat a profité de l’Affaire Mélissa pour interpeller les responsables de la chaîne en ce sens.

« Ces événements s’inscrivent dans une incapacité chronique de TVA Nouvelles à donner une juste part de temps d’antenne à des journalistes issus de minorités visibles ou culturelles. À cet égard, le traitement plus que douteux réservé à Mme François envoie un bien mauvais signal », a alerté le président du Syndicat.

 

Le Conseil ethnique des droits humains s’en mêle

Le Conseil ethnique des droits humains menace de porter l’affaire par devant la Commission des droits de la personne.  » Au niveau du Conseil, on est vraiment choqués et frustrés par cette décision de TVA. S’agit-il d’un coup monté, comme on l’a questionné à FM93, on ne sait pas, mais on veut des réponses au-dessus de tout soupçon « , exige la présidente Eugénia Romain.

 » Nous travaillons en partenariat avec la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Cette mesure de TVA n’est aucunement justifiable et si Mélissa ne réintègre pas son poste, nous sommes prêts à déposer une plainte auprès de la Commission « , a-t-elle soutenu.

Mme Romain croit qu' » il ne faut pas laisser passer de telles injustices. Ne rien faire voudrait dire qu’on accepte que nos enfants et petits-enfants n’aient aucun droit dans cette société au profit de laquelle tous les immigrants ont également contribué » .

 

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PHOTOTHÈQUE MÉDIAMOSAIQUE (En haut, à gauche, le président du Syndicat des employés de TVA, Réjean Beaudet. À droite, la journaliste Mélissa François )