Le SPVM tente de redorer son blason dans la communauté haïtienne (Gala Samedi Midi Inter)

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MONTRÉAL – Voir de visu un policier déposer son révolver pour chanter a capella ou entendre le patron de la police de Montréal parler créole, les Haïtiens ne sont pas coutumiers de ce genre de démonstration de la part du SPVM, une institution qui n’a pas bonne presse dans cette communauté en raison de ses délits de faciès ou de « profilage racial » à l’encontre des Noirs, comme l’a attesté le criminologue Mathieu Charest dans son rapport accablant paru en août dernier.

Pourtant, cette image, le moins qu’on puisse dire, séductrice du SPVM, a décrispé l’atmosphère et imprimé le ton à une nouvelle ère éventuelle de collaboration. La soirée du 13 novembre dernier à Montréal au Complexe Cristina commémorant le 22e anniversaire de «Samedi Midi Inter», une émission de radio s’adressant à la communauté haïtienne diffusée sans interruption sur le 90.3 FM (CKUT), animée par nul autre que Raymond Laurent, semble avoir pavé la voie en ce sens.

 

Un policier «chanteur» révélé

En effet, les convives de ce gala sont repartis avec la tête pleine de ces souvenirs. Le policier «chanteur», d’origine haïtienne, Robert Déjean, a été vivement acclamé par la foule d’environ 350 personnes après avoir interprété avec brio «La maladie d’amour» de Michel Sardou. Charmés par sa brillante prestation, les gens l’ont même sollicité de nouveau, une offre qu’il a malheureusement déclinée.

À la blague, quelqu’un dans la salle a émis le vœu que ce policier charmeur change de profession pour embrasser une carrière d’artiste. Une «joke» qui n’a pas fait l’affaire du nouveau directeur de la police. Le patron du SPVM (Service de police de la ville de Montréal), pour garder son sens de l’humour, a acquiescé à la demande en concédant à l’assistance qu’il est prêt à devenir «son agent».

 

Le grain de sel du patron du SPVM

« Mwen kontan wè nou aswè a (Traduction littérale en français: je suis content de vous voir ce soir) » : ces quelques mots inattendus, balbutiés dans un accent québécois en créole par Marc Parent au début de son intervention, ont également valu leur pesant d’or auprès du public qui l’a ovationné, avait constaté sur place l’Agence de presse «Média Mosaïque».

Le consul haïtien de Montréal y a même vu un signe concret de la volonté de M.Parent de vouloir rapprocher son institution des communautés culturelles, tel qu’’il l’a promis lors de son intronisation à la tête du Service de police de la ville de Montréal (SPVM). «Ce geste a une grande valeur symbolique. Le fait de parler notre langue prouve qu’il veut se rapprocher, qu’il a un grand intérêt pour notre communauté», a interprété Pierre-Richard Casimir dans un speech improvisé.

«Il y a beaucoup de défis qui nous attendent, mais je suis persuadé que c’est vraiment un travail de partenariat qui va faire en sorte que, tous ensemble, on puisse améliorer les choses, entre autres avec la jeunesse, c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Ça fait plusieurs années que je m’y investis personnellement et professionnellement et je peux vous donner mon engagement de poursuivre dans la même direction pour les prochaines années», a promis le chef du SPM installé il y a à peine deux mois dans ses fonctions.

 

Le défi de durer 22 ans après

«Nous sommes fiers de nous associer à toutes les forces dynamiques de la société pour agir collectivement, parce que nous en avons pour preuve la tenue depuis trois ans d’une foire de santé en partenariat avec l’Association des médecins haïtiens de Montréal et le Ralliement des infirmières et auxiliaires haïtiennes, l’espace inséré dans la programmation de l’émission pour accueillir les interventions du GRAHN, du Conacoh, du Centre Na Rivé, de la Croix-Rouge, de la Maison d’Haïti, de Gap Vies», a entre autres énuméré M.Laurent qui a promis de rester ferme à la barre avec l’appui  de la direction de CKUT, de ses bénévoles et de ses fidèles auditeurs.

Mentionnons que ce gala, (par le biais duquel la communauté donne du feed-back pour les services rendus au cours de l’année- $85 le billet), a été animée, dans sa partie culturelle, par l’inimitable guitariste Toto Laraque et son groupe qui retient les services d’un autre réputé guitariste, Claude Marcelin. Le chanteur de renom haïtien, Boulo Valcourt, était l’invité-vedette de la soirée. La prestation du saxophoniste Prosper B. Simon, qui  a égayé l’assistance pendant une bonne trentaine de minutes lors du souper, a été également très appréciée.

À noter que, cette soirée s’est déroulée en présence de plusieurs dignitaires, professionnels et hommes d’affaires de la communauté et de la société d’accueil. Des élus municipaux (Monica Ricourt, Franz Benjamin), l’attachée politique du député de Viau, Marjorie Michel, l’ex-députée et vice-présidente du Bloc québécois Vivian Barbot, plusieurs collègues de la presse, dont Jean-Robert Boulain de CPAM, le PDG de l’Agence de presse «Média Mosaïque», Donald Jean, la directrice de Diversité à l’antenne et responsable de la Loi à l’information des services français de Radio-Canada, Hélène Parent, figuraient parmi les invités.

 

PHOTOS MEDIAMOSAIQUE.Com/Cr Hubert Molaire

En haut: le chef de la police Marc Parent pose en compagnie de Raymond Laurent, l’animateur de l’émission Samedi Midi Inter.

En bas: -1ère rangée: le policier de la ville de St-Laurent, Robert Déjean, en train de chanter «La maladie d’amour», à droite le consul haïtien à Montréal, Pierre-Richard Casimir.-2ème rangée: le PDG de «Média Mosaïque», Donald Jean, la directrice de Diversité à l’antenne de Radio-Canada, Hélène Parent et le chef d’antenne de CKUT, Raymond Laurent. -3ème rangée: des policiers d’origne haïtienne aux côtés de leur chef Marc Parent en compagnie de M.Laurent.